Adabana Vol.1 - Actualité manga
Adabana Vol.1 - Manga

Adabana Vol.1 : Critiques

Adabana

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 07 Avril 2022

Le premier jour de ce mois d'avril a vu débarquer, dans la collection Big Kana des éditions Kana, un nouveau thriller avec Adabana, une oeuvre bouclée en 3 tomes, qui a vu le jour au Japon en 2020-2021 dans le magazine Grad Jump des éditions Shûeisha. Il s'agit de l'oeuvre la plus récente de NON, une mangaka jusque-là inédite en France mais qui, à 35 ans, a désormais une douzaine d'années de carrière à son actif. Dans son pays, cette autrice est surtout connue pour deux séries matures et teintées d'érotisme, à savoir Delivery Cinderella (sa première série, lancée en 2010, bouclée en 11 tomes, qui a ensuite connu un recueil d'histoires spin-off ainsi qu'une anthologie en 2020) et Hare Kon (desisnée de 2014 à 2021 pour un total de 19 volumes).

Adabana commence sur quelques pages couleurs qui, d'emblée, font froid dans le dos et posent l'ambiance: dans la neige git le cadavre poignardé d'une lycéenne, avec, debout devant elle, une autre adolescente qui, en pleurs, s'apprête à la découper avec une scie.

Puis le premier chapitre commence. Comme chaque matin, la lycéenne Mizuki Aikawa s'apprête à partir de chez elle en subissant les remarques vindicatives de sa très stricte mère, qui lui reproche un tas de choses (elle ne se consacre pas assez aux futurs examens, elle a sûrement de mauvaises fréquentations, elle aurait dû être envoyée dans une école à l'étranger, elle va ternir la réputation de son père, blabla...). Sauf que ce matin-là, Mizuki ne va pas se rendre au lycée, mais au commissariat de police, pour y avouer le meurtre de Mako Igarashi, adolescente portée disparue depuis peu et dont on a trouvé le bras. Posément, Mizuki confesse avoir poignardé sa camarade de classe au niveau du ventre, avoir découpé son corps à l'aide d'une scie pour camoufler plus facilement le corps, et bien vite les investigations de la police confirment tout ça, en laissant planer peu de doutes sur la culpabilité de la jeune fille.

Mais au bout de ses aveux, Mizuki affirme également, l'air perdu, une chose: Mako était sa seule amie, et l'être le plus précieux qu'elle avait au monde. Tout le monde aimait Mako, elle était toujours joyeuse et pleine de vie, tâchait d'aider son oncle au restaurant familial pour participer aux finances du foyer après avoir perdu très jeune sa mère, et a toujours pris le plus grand soin de son amie Mizuki. Un amour de fille, a priori, avec qui Mizuki s'est toujours sentie bien, comme si elle faisait disparaître toutes les chaînes auxquelles elle était attachée.. Alors, qu'a-t-il bien pu se passer pour en arriver là ?

Dans sa courte préface, NON affirme être partie d'une interrogation pour concevoir ce manga: qu'est-ce qui pourrait vous pousser à tuer quelqu'un ? C'est à partir de cette question aussi simple que tortueuse que la mangaka tisse un récit qui, au-delà des quelques élans de violence assez réaliste (et pas uniquement le meurtre), se veut en réalité assez posé. Car pour l'instant, plus qu'un thriller, Adabana se présente comme un récit de confessions, puisque c'est surtout au fil des témoignages et aveux de Mizuki que l'on apprend ce qui a bien pu se passer dans cette affaire de meurtre où, a priori, la coupable est déjà connue... mais on dit bien a priori, car c'est plus encore un parfum de mystère et de drame qui imprègne les pages. Car malgré les choses très précises que Mizuki dévoile (comme l'emplacement du cadavre de Mako), bien d'autres éléments suscitent des doutes, en particulier chez ses avocats. Qu'est-ce qui a bien pu pousser cette adolescente à assassiner sa plus précieuse amie, si tant est que ce soit bien elle la coupable ? Pourquoi Mizuki refuse l'aide de l'avocat Tsuji comme si elle était prête à assumer toutes les conséquences de ce meurtre ? Pourquoi semble-t-elle si froidement heureuse à l'idée de ficher en l'air la réputation de ses parents ? Quels lourds secrets les deux adolescentes partageaient-elles en réalité ?

Les dires de Mizuki conservant une part de doutes, NON parvient à installer un récit ou, pour le moment, il est encore difficile de démêler ce qui est tout à fait vrai et ce qui est peut-être faux. Et malgré quelques éléments bizarres (sérieusement, la police n'a toujours pas pensé à aller investiguer dans le puits pour voir si le deuxième corps existe ?) et quelques traits forcés (le tonton reste un cliché de gros porc), une chose est néanmoins sûre: au fil de ce que Mizuki raconte, d'autres personnes se retrouvent impliquées en témoignant de bien des vices de la sombre âme humaine: harcèlement sexuel, tentative de viol, jalousie mal placée, pervers narcissique... épreuves face auxquelles on retient bien souvent, ironiquement, la manière dont Mizuki et Mako semblaient chercher à se protéger mutuellement. Alors, Mizuki sera-t-elle vraiment la coupable ou la seule coupable dans cette tragédie ?

Visuellement, NON livre un trait particulièrement soigné, que le grand format de l'édition française fait bien ressortir, en particulier pour profiter du regard un peu malaisant de Mizuki, tour à tour froid, éteint, triste, glacial. Malgré certains sujets abordés avec une pointe de violence, l'autrice n'exagère pas les représentations visuelles macabres ou brutales, et garde même un découpage assez sobre qui colle suffisamment bien au récit.

Enfin, l'édition française, en plus du grand format et des premières pages en couleurs, profite d'un papier souple et sans transparence permettant une bonne qualité d'impression, d'un lettrage sobre et propre, et d'une traduction limpide signée Sophie Lucas.

A l'arrivée, NON parvient à installer un récit très intrigant au fil de ce premier volume finalement assez posé. Thriller surtout teinté de drame, de mystère et de noirceur humaine, Adabana, dans ces débuts, donne très facilement envie de connaître la suite de tout ceci.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs