Ad Astra - Scipion l'Africain & Hannibal Barca Vol.1 - Actualité manga
Ad Astra - Scipion l'Africain & Hannibal Barca Vol.1 - Manga

Ad Astra - Scipion l'Africain & Hannibal Barca Vol.1 : Critiques

Ad Astra - Scipio to Hannibal

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 25 Juin 2014

Critique 1


Trois siècles avant notre ère, Rome continue d'étendre son territoire vers le sud, mais se confronte depuis déjà une vingtaine d'année à la solidité de l'armée carthaginoise, emmenée par Hamilcar Barca. Mais la lutte finit par tourner à l'avantage de la République Romaine quand, en -241 en Sicile, celle-ci parvient à prendre le dessus sur son ennemi Hamilcar, sous le syeux de son propre fils, le jeune Hannibal, six ans. Marqué à vie par le spectacle de cette guerre, l'enfant entretient pour Rome une haine farouche jusqu'à atteindre l'âge adulte et à prendre les commandes de l'armée carthaginoise, avec laquelle il est bien décidé à marcher sur la République. Ses premiers grands pas vers son objectif marqueront sa rencontre avec celui qui sera son plus brillant ennemi : Scipion l'Africain, contre lequel il mènera l'une des plus grandes batailles stratégiques de l'Histoire.

Surfant sur leur nouvelle veine de séries à vocation historique, les éditions Ki-oon ont profité du Salon du Livre 2014 pour lancer Ad Astra, non sans comparer cette série par certains égards à Cesare, le plus historique des mangas de l'éditeur. Il faut toutefois arrêter la comparaison ici, car là où Cesare a réellement une vocation historique poussée et détaillée, Ad Astra, comme l'avoue dans sa postface le jeune auteur Mihachi Kagano, a pour fonction première le divertissement et ne s'applique pas forcément à retranscrire avec précision et fidélité totale le conflit qui a animé la 2nde Guerre Punique. Si les grands faits sont respectés, à l'image de la très célèbre traversée des Alpes à dos d'éléphant, en fouinant plus en détails on peut dénicher nombre d'approximations et de petits raccourcis, ce dont l'auteur, humble, ne se cache absolument pas.

Les qualités ne seront donc pas à chercher du côté de la retranscription historique, mais plutôt dans le focus porté sur les deux importants personnages historiques que l'auteur reprend : Hannibal Barca du côté de Carthage, et Scipion l'Africain du côté de Rome. Deux des plus grands stratèges de l'histoire de l'humanité, qui furent amenés à s'opposer par la force des choses. Deux figures que Mihachi Kagano s'applique à bien mettre en place et à rendre très charismatiques dans ce premier volume qui en fait toutefois un peu trop dans sa première partie. En effet, cette première partie insiste, presque lourdement, sur les qualités qui ont animé ces deux grandes figures dès leurs plus jeunes années.
Du côté de Scipion, on assiste avec intérêt à quelques tours de passe-passe et quelques aisances oratoires qui confirment la brillance de son esprit, mais on pourra rester un peu irrité par son côté un peu trop poseur et par la façon dont beaucoup de monde s'émerveille déjà sur lui.
C'est pire du côté de Hannibal, qui, dès ses premières années de vie, bluffe tout le monde, notamment dans un passage où, à seulement six ans, il analyse à la perfection et dans un vocabulaire très adulte et impeccable une situation de conflit très délicate. Ces capacités, il les doit à son statut quasiment divin, l'auteur choisissant de concrétiser le mythe selon lequel Hannibal serait un "héritier" du dieu Baal (d'où son nom). Cela pourra paraître too much à certains, mais cela a le mérite d'accentuer le charisme presque fascinant du personnage, en plus de laisser entrevoir l'importance que pouvaient avoir, à cette époque, les mythes liés aux divinités.

Si ces débuts assez exagérés vous rebutent, on vous conseille toutefois de poursuivre votre lecture, cet aspect s'estompant assez rapidement et n'ayant en réalité servi qu'à poser avec force les deux personnages centraux de la série.
Suite à cela, la série commence alors réellement à entrer dans le vif du sujet, Hannibal se mettant en route pour aller marcher sur Rome, non sans démontrer sur son chemin tous ses talents. Il y a la célèbre traversée des Alpes en éléphant, bien sûr, mais également une belle mise en valeur du sens oratoires de Hannibal qui parvient à se faire des alliés gaulois, et une première bataille où une habile ruse lui permet de piétiner ses adversaires.
En face, Scipion est encore assez discret, mais dévoile déjà tout son sens stratégiques en réussissant à percer à jour certaines stratégies de son adversaire. Pour se dévoiler pleinement, il lui faudra sans doute assister à un bouleversement aussi fort que celui qu'a vécu Hannibal à six ans. Et ce bouleversement prend forme à la fin de ce premier tome, ce qui annonce forcément une suite du tonnerre.

Pour son tout premier manga, Mihachi Kagano offre un rendu visuel bourré de promesses. On peut noter pas mal de petites erreurs de jeunesse, des petites irrégularités et choses un peu lisses (comme les visages de profil), mais son trait, surtout au niveau des visages, des barbes et des animaux, se veut déjà assez dense, parfois presque photoréaliste sur les expressions faciales, et laisse penser qu'une grosse marge de progression est possible. En tout cas, pour une première série, ca tend à taper vers le haut du panier.
Par contre, si vous vous attendez à du grand divertissement d'action, pour l'heure il faudra prendre son mal en patience. Les choses passent avant tout par les dialogues, par les confrontations oratoires des personnages et par leurs interrogations sur les stratégies de l'ennemi. l'action est donc pour l'instant limitée à quelques scènes courtes, bien découpées mais pas spécialement intenses.

Ce premier tome pose des bases solides, certes un peu maladroitement, mais avec force, en annonçant du très bon pour la suite. La rencontre entre des Hannibal et Scipion encore jeunes venant à peine d'avoir lieu, leur véritable opposition ne devrait commencer réellement que dans le prochain volume, ce qui laisse présager une suite autrement plus intense !

Comme toujours, l'édition de Ki-oon est impeccable : première page en couleur, excellente traduction... et la postface humble et passionnée de l'auteur confirme qu'on a là une série à surveiller.


Critique 2


S’il y a vraiment un éditeur qui sort des sentiers battus et explore de nouveaux chemins c’est bien Ki-oon ! Après l’excellent Cesare, toujours en cours de parution ; l’éditeur poursuit l’aventure des titres historiques avec Ad Astra. Toujours lié à l’Italie, mais cette fois nous faisons un bond dans le temps pour remonter en 241 avant JC pour suivre le parcours et le destin croisé de deux hommes : Hannibal Barca et Publius Cornelius Scipion dit Scipion l’Africain.

Tout comme Cesare Borgia, ces deux personnages ont bel et bien existé, et tout comme lui, ils n’en sont pas à leur première adaptation avec ce manga. On les trouve déjà en personnages secondaires dans le titre « Drifters » de Hirano Kota, on a pu les découvrir dans des films, et même le célèbre Hannibal dans la série culte « L’agence tous risques » est une référence aux talents de stratège du personnage historique Hannibal Barca.
Mais cette fois, un peu à l’image de Cesare, le titre se veut réaliste et documenté.

Carthage est sur le point de tomber face à une Rome toujours plus puissante et dont rien ne semble pouvoir stopper l’extension. Le fils du général Hamilcar Barca, malgré son jeune âge ; observe cela d’un air détaché, lui qui face à la défaite a déjà clairement analysé la situation et se montre menaçant face au consul romain.
Carthage va donc finalement tomber et on retrouve Hannibal des années plus tard menant une armée composée de mercenaires et de Gaulois en direction de Rome depuis l’Espagne. Mais le destin va l’opposer à un autre stratège de génie, le jeune Scipion, fils du général du même nom. De son coté il va assister à la cuisante défaite que son père va subir face à Hannibal ce qui ne manquera pas d’attiser son intérêt pour cet adversaire désigné par le destin !

On comprend aisément que ce titre soit recommandé par Historia tant ce titre se veut riche en informations tant sur les personnages que sur le contexte. Bien entendu tout ne peut pas être traité, et c’est là que l’adaptation en manga se révèle ardu : adapter des faits historiques avec notamment des éléments connus de tous (ou tout du moins par un grand nombre) tout en respectant une narration qui se doit d’être prenante et possédant des rebondissements pour éviter toute linéarité. De même il faut des personnages principaux et des personnages secondaires qui se doivent d’être intéressants pour inciter le lecteur à continuer l’aventure. Et bien qu’il s’excuse dans les notes en fin de tome de n’avoir pas forcément respecté à la lettre l’Histoire (je laisse aux historiens un droit de regard), pour le lecteur non expert le titre s’avère absolument passionnant de bout en bout grâce justement à une narration impeccable qui nous prend par la main, nous donne toutes les infos nécessaires pour comprendre le contexte sans non plus nous abreuver de détails jusqu’à nous y noyer.
Bien entendu on peut toujours reprocher à l’auteur certains choix de narration comme le fait de raconter par ellipse la traversée des Alpes par Hannibal à dos d’éléphant, ce qui contribua à sa légende et à en faire le personnage historique connu qu’il est aujourd’hui.
Même dans le traitement des personnages on pourrait trouver à redire. Si les deux protagonistes principaux sont bien contrebalancés en parfait antagonistes avec d’un coté un Hannibal froid et calculateur et de l’autre un Scipion chaleureux et facétieux, l’auteur en fait sans doute trop en ce qui concerne Hannibal. Dés son plus jeune âge il est présenté comme un enfant envoyé par les Dieux…il ne pleure pas à sa naissance, répète ce qu’il entend tel un perroquet encore à l’état de nourrisson…il semble plus divin qu’humain et ce coté surhumain nous sort littéralement de l’histoire réaliste telle qu’elle aurait du être tout le long sans cet aspect fantastique qui n’a pas lieu d’être ici. Jouer sur le coté froid du jeune garçon et le hasard voulant qu’un orage éclate à sa naissance, ou même le doter d’yeux vairons comme sur la couverture (mais pas du tout mentionné dans le récit), chose sans doute peu connu à l’époque, aurait suffit à lui donner une aura surhumaine sans être obligé d’en faire trop. D’autant plus que la personnalité froide et détaché de l’enfant inhumain qui nous est présenté ne colle pas avec le coté revanchard du général qui souhaite racheter l’honneur de son peuple.

Cependant, hormis ce choix discutable de l’auteur, tout le reste de ce qu’on trouve dans ce premier tome est un véritable plaisir pour le lecteur qui n’a qu’à confortablement s’installer et se laisser porter dans ce voyage dans le temps passionnant !
Le traitement de l’histoire et le fait de passer d’un personnage à l’autre et donc d’aborder différents points de vue, évite tout manichéisme primaire, ne diabolisant ni ne glorifiant aucun des deux camps. Aucun parti pris, juste l’Histoire qui se rejoue sous nos yeux !

Le trait de l’auteur, qui se veut précis et dynamique, renforce le coté historique et donc réaliste (en total opposition avec l’intro du tome). Les visages sont expressifs et le découpage est à la fois classique mais intelligent, on a ici clairement à faire à ce genre de titre qui n’autorise que très peu d’audace si on veut conserver justement le réalisme propre à l’histoire.
La travail de l’éditeur est une nouvelle fois de grande qualité, qu’il s’agisse du grain de la couverture, de l’encrage, de la traduction…un sans faute.

Très attendu, ce premier tome de Ad Astra ne déçoit nullement, au contraire, il passionne de bout en bout, en dépit d’un choix discutable de l’auteur dans l’introduction. On sait d’emblée que nous allons avoir à faire à un grand titre qui nous promet de grandes choses !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs