Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 22 Novembre 2018
Lors de leur entrevue, Scipion et Hannibal n'ont pas pu trouver un accord, et c'est sur cette mésentente qu'ils se préparent pour l'ultime bataille de la guerre qu'ils se mènent: la bataille de Zama, restée dans l'Histoire comme celle où le général carthaginois a définitivement perdu. Dans les terres de Carthage, les 40 000 guerriers de Carthage s'apprêtent à affronter les 35 000 hommes romains. Hannibal a l'avantage du nombre, mais il n'est pas dupe: tous ses plus vaillants guerriers expérimentés sont morts sauf Magon, Massinissa est passé dans le camp de Rome... mais le général de Carthage a un dernier atour dans son sac: ses 80 éléphants de guerre, qu'il compte bien exploiter. Mais cela sera-t-il suffisant ?
Réponse au fil d'un tome passionnant, où une nouvelle fois le mangaka Mihachi Kagano trouve un excellent équilibre entre la portée stratégique qui est très fluide, les moments d'action épiques, et la mise en avant de certains combattants nourris par des enjeux personnels. Ainsi, on se régale des différentes étapes tactiques où c'est à celui qui saura le mieux lire les plans de l'autre, on scrute avec ferveur l'intensité des moments de bataille où l'auteur garde son trait assez réaliste et brutal ainsi que sa variété de de vues, on suit avec beaucoup d'intérêt le travail sur la vengeance de Massinissa et la loyauté de Magon envers un supérieur et ami qu'il admire plus que tout... Mais c'est peut-être à l'arrivée qu'on est le plus séduits, en voyant la manière dont le mangaka tourne la confrontation entre les deux personnages principaux ennemis de sa série. Les choix d'Hannibal apparaissent presque iconiques dans son désir de protéger Carthage et d'entretenir la haine envers Rome, Scipion a parfaitement conscience que cet adversaire a considérablement enrichi son sens de la stratégie au point que le général carthaginois est presque un maître pour lui... Au-delà de la haine, il y a une forme de respect et d'honneur entre ces deux fascinants stratèges restés dans la grande Histoire. Un lien qui comporte bien plus de points communs qu'on ne l'aurait cru, encore plus au vu de l'épilogue narrant avec beaucoup de réussite la suite de leur vie ainsi que leur triste fin...
Ayant toujours su trouver un excellente équilibre entre l'Histoire, la stratégie, le petit travail sur les personnages et la verve des scènes de bataille, Mihachi Kagano ne faillit pas et, jusqu'au bout, mène d'excellente façon sa fresque. Ad Astra s'offre une très, très bonne conclusion, bouclant comme il se doit une oeuvre qui n'a quasiment pas connu de moments plus faibles.