Accroche-toi Nakamura !! Vol.1 : Critiques

Fin mars, les éditions Taifu Comics ont lancé une toute nouvelle collection de boys' love en grand format: Esquisses, qui est présentée comme une collection dédiée à des titres uniques, s'adressant aussi bien aux fans d'homo-fictions qu'aux néophytes, visant à élargir les horizons de ce genre et à mettre en valeur le dessin. Selon l'éditeur, cette collection s’adresse autant aux fans accompli.e.s cherchant à connaître une autre approche du genre, qu’aux lecteurices de manga à qui le boys’ love reste inconnu, le tout à travers des histoires accessibles et engageantes, pouvant parler à tout un chacun, et avec des titres originaux, au parti pris différent et au sens graphique singulier. Et en ce sens, l'oeuvre ayant inauguré la collection il y a quelques jours semble particulièrement bien coller à cette définition !

Accroche-toi Nakamura!! est l'oeuvre qui a permis à son autrice Syundei de se lancer dans le milieu professionnel du manga. Originellement dessiné à titre amateur pour le simple plaisir personnel de sa conceptrice, ce manga a ensuite été repéré en 2014 par les éditions Akaneshinsha, qui lu ont offert une prépublication dans leur magazine Opera. Notons que l'édition française réunira deux one-shot: Ganbare! Nakamura-kun!!, prépublié au Japon entre 2014 et 2017, et sa suite directe Motto Ganbare! Nakamura-kun!!, sorti là-bas sorti entre 2017 et 2021.

Côté pitch, c'est assez simple: on suit Okito Nakamura, un adolescent tellement timide qu'il est incapable d'avouer son amour ou même de simplement parler normalement à l'élu de son coeur, Aiki Hirose, un rayon de soleil d'une gentillesse presque candide, avenant et mignon tout plein. Jour après jour, Nakamura rêve de se rapprocher de celui qu'il aime secrètement depuis son entrée au lycée, mais quand on est aussi timide rien n'est facile ! D'autant plus qu'avec son visage parfois sévère, les gens tendent à se faire des idées sur notre héros... Alors, Nakamura parviendra-t-il à s'accrocher pour, petit à petit, se rapprocher de Hirose ?

De longueurs très variables (ça peut aller de 8 à 40 pages), les différents chapitres vont s'appliquer à nous dépeindre ça, au fil de différents événements tantôt assez anodins tantôt plus importants: le festival culturel du lycée, la perte d'un manga un peu gênant pour notre héros puisqu'il s'agit de sa bible BL, un portrait à faire en cours d'art, une pièce de théâtre, l'irruption d'un cafard, une sortie scolaire à Yokohama... Tout le talent de la mangaka étant de partir de ces différentes situations assez simples pour enrichir son récit et bel et bien le faire avancer à petits pas.

L'enrichir, car assez vite l'oeuvre ne va pas se focaliser que sur son duo principal, et va se retrouver dynamisée par quelques personnages secondaires assez hauts en couleurs, à l'image de la dénommée Kawamura qui se prend d'intérêt pour Nakamura après quelques quiproquos, du professeur Otogiri qui va donner quelques sueurs à l'adolescent qui le trouve bien proche de son cher Hirose, d'une fan d'occulte assez perchée... sans oublier la petite pieuvre Icchan, l'animal de compagnie adoré de notre héros ! Et à partir de là, s'enchaînent des petites situations animées où l'on se plaît, avant tout, à observer les différentes réactions de Nakamura: ses différentes craintes (par exemple, Hirose ne serait-il pas dégoûté s'il apprenait qu'il adore les pieuvres ?), ses éventuels fantasmes, sa joie contenue rien qu'à l'idée de pouvoir parler un peu avec son ben-aimé en toute simplicité, son désir de ne pas brûler les étapes et de déjà réussir à devenir son ami... Le talent de l'autrice, sur ce schéma pourtant simple, est de bien nous montrer les réactions et pensées au quart de tour de Nakamura, et d'efficacement nous faire sentir à quel point chaque bribe de rapprochement avec Hirose est une vraie petite victoire pour lui. A l'arrivée, c'est assez adorable, coloré et facilement attachant.

Qui plus est, Syaku accompagne le tout par un dessin assez délicieux dans son genre, celui-ci ayant un charme rétro semblant hérité des années 90. Dans son annonce de l'acquisition de l'oeuvre, l'éditeur la comparait visuellement au style de Rumiko Taahashi, et il y a effectivement un peu de ça dans l'expressivité marquée et dans les designs faussement simples et un peu ronds. Il se dégage de ce style quelque chose de coloré, d'assez chaleureux et d'un peu insouciant, qui contribuent à apporter à cette lecture un côté un peu feel good et, en plus, tout public puisque, comme promis, il n'y a pas la moindre trace d'érotisme.

A l'arrivée, il y a vraiment de quoi passer un bon moment en parcourant ce volume simple dans son propos, mais joliment mené et franchement haut en couleurs, si bien que l'on attendra avec plaisir le tome suivant ! Qui plus est, sur le plan éditorial on a de belles promesses pour cette collection Esquisses avec un grand format appréciable, une jolie jaquette très colorée (ça donne le ton), un logo bien pensé, une première page en couleurs sur papier glacé, un papier souple et sans transparence permettant une bonne impression, un lettrage très soigné, et une traduction limpide de la part d'Isabelle Eloy.