Abyss Azure Vol.1 - Actualité manga

Abyss Azure Vol.1 : Critiques

Abyss Azure no Zainin

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 19 Septembre 2023

Chronique 2 :


La petite carrière d'Akihito Tomi continue ! Alors qu'il a récemment signé plusieurs participations à des anthologies côté Japon, l'auteur du très convaincant "Stravaganza : La Reine au Casque de Fer" fait son retour chez nous avec sa dernière série en date, "Abyss Azure no Tsumibito". Mais pas de Casterman dans la boucle cette fois-ci, puisque la série sort en cette rentrée 2023 aux éditions Vega-Dupuis, sous le sobre titre "Abyss Azure". L'oeuvre a largement de quoi attiré du fait de la qualité de "Stravaganza", de la courte durée du récit, et de l'épopée sous-marine qui nous attend.

Au Japon, le manga fut lancé en 2020 dans le magazine Harta des éditions Kadokawa Shoten, et s'est conclu au mois de mars avec son troisième volume.
Dans les abysses, lieux difficile d'accès à l'être humain, les sirènes ont toujours existé dans le plus grand secret des êtres de la terre ferme. Elles y vivent en une société qui a évolué de son propre côté, sans jamais oublier le tabou représenté par l'Homme.

Jo est l'une de ces créatures marines, et mène son existence paisible en voguant entre les fonds marins et la surface du vaste océan, quasiment désert de tout humain. Son quotidien change lors de ses retrouvailles avec Ryû, une idole sirène qui cache désormais un lourd secret...

Après la fantasy de Stravaganza, place à l'immensité des profondeurs dans l'un des derniers récits en date d'Akihito Tomi ! Transposer notre appréciation de sa patte au folklore marin est un exercice qui laissait rêveur, de quoi provoquer une hâte entre l'annonce du titre chez Vega-Dupuis et sa sortie dans nos librairies. Et dès les premières pages, on retrouve le charme du trait de l'auteur par ses moments d'exposition contemplatifs pour savourer les ambiances visuelles, et se poser avant que l'aventure commence. Si toute cette ouverture, sans paroles aucune, manque parfois de panache, retrouver l'art du mangaka sur de pareilles séquences reste tout à fait savoureux.

Mais l'intrigue, la vraie, ne débute qu'au bout de quelques pages, lorsque Jo cesse sa danse auprès des créatures marines pour rejoindre les profondeurs, son propre monde. Et là aussi, tout ne débute pas immédiatement, puisque l'auteur prend le temps de dépeindre l'univers des sirènes comme une véritable société digne de celle des humains. Que ce soir dans le visuel ou dans les échanges, tout contribue à rendre authentique ce petit monde qui, avouons-le, nous fait déjà regretter que la série s'achève au bout de trois tomes. Mais là encore, malgré le plaisir, nous ne sommes pas entrés dans le vif du sujet.

Contemplatif puis narratif, ce premier tome d'Abyss Azure gagne véritablement en rythme quand les enjeux de l'histoire se posent. Un vrai démarrage canon du scénario que nous garderons secret en ces lignes, et qui ont pour mérite de mener la trame vers de tout autres horizons, toujours en gardant à l'esprit l'importance de la société des profondeurs marines comme similaire à celle des Hommes, et pourtant tellement antagoniste. On pourra déplorer une sorte de non prise de risque, comme si Akihito Tomi restait sur des bases très classiques pour aborder le mythe des sirènes. Pourtant, associée à sa patte et à son talent pour rendre des personnages vivants et attachants, on s'attend déjà à voir un fil rouge prenant. Aussi, sa manière de développer le parallèle entre le monde de la mer et celui de la terre reste à découvrir, si bien qu'il y a de quoi attendre les deux prochains tomes. Mais, encore une fois, ce petit nombre fait craindre un format qui n'aura pas permis à l'artiste de pleinement s'exprimer. Ceci n'est que de l'ordre de l'hypothèse, bien entendu, et seule la suite nous permettra de rendre notre verdict !

Alors, s'il peut paraître un peu trop gentillet de prime abord, ce premier volume d'Abyss Azure nous replonge délicieusement dans toute l'esthétique du mangaka croquant un univers sous-marin plus que jamais, par une trame certes simple, mais qui reste intrigante. Pour les amoureux de Stravaganza, le plaisir de retrouver l'auteur est bien là !

Côté édition, on ne peut que saluer Vega-Dupuis qui, par cette couverture aux effets holographiques, a cherché à coller le mieux possible à la version japonaise qui présente un rendu similaire. Pour le reste, nous avons là un format souple agréable en bon, pourvu d'un bon papier, tandis que la traduction de Margot Maillac est à la hauteur de l'énergie des histoires de Yoshihito Tomi. Soulignons aussi le joli travail de lettrage d'Erica-Maéva Blasquiz, qui nous offre aussi un logo sobre, mais efficace pour la série.



Chronique 1 :


Aventure typée fantasy portée par un style graphique bourré de charme et typique du magazine Harta (anciennement Fellows!!) d'Enterbrain/Kadokawa (magazine bien connu pour ses oeuvres à la riche qualité graphique, à l'image de Bride Stories, minuscule ou encore Dans le sens du vent), publiée en France il y a quelques années par Sakka/Casterman, Stravaganza a facilement imposé Akihito Tomi comme un mangaka à suivre, si bien que l'on attendait avec impatience son retour en France. Annocné par les éditions Vega-Dupuis il y a déjà plus d'un an à l'occasion de Japan Expo 2022, ce retour a enfin lieu avec la publication, en ce mois d'octobre, de la dernière série en date de l'auteur: Abyss Azure, oeuvre qui s'est récemment achevée au Japon avec son troisième volume et qui fut prépubliée là-bas du 15 octobre 2020 au 15 mars de cette année 2023, toujours au sein du Harta.

Dans cette nouvelle oeuvre, tout démarre par un long premier chapitre de plus d'une cinquantaine de pages, qui est quasiment muet et qui nous laisse tout simplement profiter d'une belle scène marine profondément envoûtante, où une belle sirène paresse au gré des vagues. C'est tout juste si elle se laisse troubler par quelques mammifères marins qu'elle envoie gentiment paître, quand elle n'évite pas se congénères dans un bar pour plutôt aller se poser afin de manger tranquillement quelques mets. Telle est Jo, notre héroïne aquatique, dont le charme semble n'avoir d'égaux que le tempérament et le côté très libre. Pourtant, au fond de sa tête, une pensée lui vient en tête: où peuvent-ils bien être, en ce moment-même, tous les deux ? Les deux en question, il s'agit sans doute de Ryû, sa meilleure amie, sirène célèbre dans le monde marin pour ses grands talents de danseuse et pour sa beauté, et de l'homme qu'elle aime... un humain. Or, voici bien longtemps que, face à l'égoïsme et à la pollution des humains, les sirènes ont fui la surface pour partir vivre dans les abysses, non sans établir une loi interdisant tout contact entre sirènes et humains, afin que les deuxièmes ignorent à tout jamais l'existence des premières...

Avec son histoire d'amour entre une sirène et un humain et l'interdiction de se côtoyer pour ces deux espèces, il est difficile de ne pas voir en Abyss Azure une réinterprétation du célèbre conte La Petite Sirène de Hans Christian Andersen. Encore une, aurait-on envie de dire concernant cette histoire qui a déjà inspiré un paquet d'oeuvres, notamment au cinéma. Mais au coeur de certaines histoire déjà largement revue, Akihito Tomi prend un parti aussi intéressant qu'unique, à savoir placer les choses depuis le point de vue de celle qui aurait pu être la meilleure amie de l'héroïne dans le conte d'origine. Et autant dire que cette meilleure amie, en l'occurrence notre chère Jo, n'aura de cesse de séduire tout au long du tome.

En effet, dans son rôle d'"amie de l'héroïne", Jo ne manque assurément pas de nous emballer, dès ces fameuses premières dizaines de pages où, comme déjà dit, elle affiche quelque chose de très libre, parfois presque un peu punk comme le laisserait suggérer une petite partie de sa soyeuse chevelure. La miss a un bon tempérament, qu'elle démontrera ensuite de plus belle lors de tout le passage avec Ryû dans un restaurant huppé où le patron du lieu est aussi élitiste que désagréable. Mais derrière ce caractère qui semblerait presque indomptable pour notre plus grand plaisir, Jo, c'est aussi une sirène particulièrement fidèle en amitié, là aussi pour notre plus grand plaisir: Ryû aura beau apparaître guimauve (au point de partir dans une passion pour un humain en un rien de temps), agaçante (au point de ne considérer les hommes généralement que selon leur maison, leur argent et leur physique) voire un peu idiote (c'est Jo elle-même qui le dit), le fait est qu'il s'agit de sa meilleure amie et qu'elle fera sans doute tout pour elle, ce qui a quelque chose de séduisant. Et cela, même si Jo doit en arriver à se faire conspuer par les siens en défendant celle qui a "fauté", dans une situation faisant un peut penser à la disgrâce que connaissent méchamment certaines idols japonaises ayant un petit ami en secret.

Visuellement, c'est dans la lignée de Stravaganza et de la majorité des séries du magazine Harta, donc c'est magnifique. Cette beauté provient non seulement du design charmant de ces sirènes, objets de fantasme par excellence dans l'imaginaire collectif de ces dernières décennies (si l'on excepte les terribles sirènes du Mermaid Forest de Rumiko Takahashi, entre autres exceptions), que Tomi soigne beaucoup (leur allure, leur tenue naturellement assez sexy, leur chevelure ondulant dans l'eau, leurs yeux pétillants et si riches, leurs écailles éblouissantes...). Mais elle vient également du soin accordé aux décors sous-marins où le dessinateur imagine de jolies choses immersives (la nature abyssale sauvage, les bâtiments de la ville des sirènes), et d'une narration par l'image nous laissant bien profiter du cadre, par exemple pendant tout le premier chapitre où l'on vogue en compagnie de Jo, ou quand Jo est seule dans l'obscurité abyssale, ce qui symbolise bien son tiraillement intérieur suite à la demande de Ryû.

Si la petite histoire proposée par l'auteur ne fait que s'installer, elle s'installe de la meilleure des manières grâce à un gros travail sur les visuels, sur l'atmosphère qui s'en dégage et sur son héroïne Jo, mais aussi grâce à une approche assez intéressante du mythe initié par le conte d'Andersen et à de possibles développements autour du rejet que se vouent deux peuples différents. Affaire à suivre, mais une chose est sûre: on sera au rendez-vous pour la suite !

En ce qui concerne l'édition française, on a droit à une copie habituelle chez Vega-Dpuis, à savoir un papier fin mais facilement maniable et bien opaque, une qualité d'impression tout à fait honnête, un lettrage propre d'Erica-Maéva Blasquiz, et une traduction claire de la part de Margot Maillac. Le petit plus vient de la jaquette qui se veut fidèle à l'originale japonaise jusqu'au bout en reprenant soigneusement les beaux effets holographiques, évidemment en forme de vagues.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs