A nous deux Paris - Actualité manga

A nous deux Paris : Critiques

Paris aishiteruze

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 28 Juillet 2015

Aaah Paris ! Sa superbe architecture, ses monuments, ses habitants, ses soirées, ses problèmes de logement, ses émeutes… C’est pas toujours facile ! Alors quand en plus, vous êtes Japonais et que vous n’avez pas vraiment la langue ni la culture, ça promet des aventures mémorables. Et c’est ce que va nous raconter Jean-Paul Nishi dans À nous deux, Paris !, un récit biographique et un portrait tendre de cette ville dans laquelle il a vécu.

Le recueil se compose d’une succession de petits sketchs d’environ 2 pages chacun, en 6 chapitres d’une vingtaine de sketch chacun, portant à chaque fois sur un élément de la vie parisienne, sur les petites manies des Parisiens, les coutumes françaises, ou tout simplement les petits tracas du quotidien. Il peut s’agir du détail des conversations et des délires avec ses amis français, japonais ou autres, de ses mésaventures avec des voisins, son travail dans une épicerie japonaise, son parcours dans la bande dessinée, ses coups de cœur… Ses thématiques sont très diversifiées et les tranches de vie respirent la spontanéité.

Cette spontanéité se retrouve dans la façon dont l’auteur aborde l’humour dans les planches : il n’y a pas réellement de chute dans des gags. L’humour est contextuel : à travers les expressions de ses personnages et des dialogues barrés qu’ils échangent, la situation prête à sourire. Ne vous laissez pas influencer par le format du livre (sens de lecture occidental) et le prénom de l’auteur (qui est un pseudonyme, il n’est pas du tout Français à la base), il s’agit bien d’un manga, et l’humour est très japonais. Les personnages ont souvent des réponses décalées aux questions que Nishi pose, un peu absurdes. Ils sont hauts en couleur et c’est de là que vient la qualité comique de l’ouvrage. Pour peu que vous ayez l’habitude de lire des mangas comiques, vous ne serez pas dépaysés et la lecture s’avère même très plaisante : il n’y a qu’à piocher un ou deux sketch par-ci par-là pour mieux savourer le tout.

Il y a quand même une forme d’originalité dans ce que propose Nishi. D’une part, ce livre est réellement à destination de deux marchés de lecteurs : les Français et les Japonais. Nishi parvient le tour de force de rendre compréhensible sa démarche pour des lecteurs japonais (dans le sens « je suis un japonais qui va vivre en France et je vais vous décrypter mon périple ») et dans le même temps, parvenir à intéresser le lectorat Français qui va se voir dépeint par un étranger (« je suis Japonais et je parle de vous, je m’adresse à vous aussi »). D’autre part, si les techniques de dessin utilisées par Nishi sont typiquement « manga » (utilisation du noir et blanc,  de trames, découpage des actions avec de larges cases dynamiques), son style lui est très propre, et notamment la façon qu’il a de se représenter avec une tête arrondie comme une ampoule. Il faut savoir qu’il illustre régulièrement la presse et divers ouvrages, et il se peut que vous soyez déjà tombé sur ses dessins par hasard. Si c’est le cas, vous le reconnaîtrez assez facilement. En tout cas, ses personnages sont éminemment sympathiques grâce à leur bouille ronde, et la relative simplicité du trait ne l’empêche pas de mieux détailler certains aspects de son dessin, à l’instar des décors parisiens.

Bien que mettant en avant nos petits travers, l’auteur nous livre en fait son amour pour la France, et la bonne humeur respire dans ces pages. À nous deux, Paris ! est en quelque sorte un petit guide touristique et sociologique : touristique, car ses descriptions architecturales et son évocation de lieux typiquement parisiens nous plongent réellement dans la ville ; sociologique, car il décrit bien entendu les Français, leur comportement, ce qui l’a étonné, ce qu’il a appris à leur contact… En bref, un livre recommandable si vous souhaitez passer un bon moment.

L’édition de Picquier est de bonne qualité. Le sens de lecture occidental est probablement voulu par l’auteur et l’éditeur japonais, car on en revient au fait de vouloir promouvoir ce livre aussi bien auprès des Japonais que des Français. La traduction est exemplaire et le papier de très bonne qualité. En revanche, pas de jaquette : seulement un rabat intérieur pour donner de la solidité aux couvertures.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Raimaru
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs