Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 06 Juillet 2023
"Koyuki a enfin trouvé son refuge."
Observateurs privilégiés de Koyuki depuis toujours, ses parents prennent conscience que grâce à Konatsu elle a changé ces derniers temps, mais qu'elle peine encore à être véritablement elle-même, son sentiment de honte et sa fuite après avoir laissé éclater sa joie pendant le spectacle de requins en étant un exemple flagrant. Le père de la jeune fille s'interroge alors sur la meilleure façon d'épauler son enfant non pas en tant que professeur mais en tant que père, tant il voit bien que l'adolescente, qui était bien plus expressive et joyeuse quand elle était enfant, en est venue à être trop exigeante envers elle-même à force de renvoyer une image d'élève modèle. Parvenir à veiller sur son enfant sans l'étouffer est un équilibre pas toujours évident à trouver pour des parents. Mais heureusement, Koyuki a autour d'elle des gens qui l'aiment vraiment pour ce qu'elle est et pas pour l'image qu'on se fait d'elle, et c'est quelque chose que ce tome va joliment faire ressortir à travers deux éléments qui s'emboîtent.
Tout d'abord, le choix de l'orientation scolaire de la jeune fille. Mue par sa passion pour le monde maritime, Koyuki souhaite forcément faire ses études dans ce domaine après le lycée, ce qui impliquerait alors pour elle de déménager à Tôkyô et de s'éloigner de ses proches. Arrive alors les questions de la distance et du manque: face à une mère qui ne proteste aucunement sur son choix d'avenir et qui la pousse à suivre sa voie en partant à Tôkyô sans chercher à la retenir, la jeune fille se reproche de penser une chose bête: et si elle ne manquait pas à ses proches en partant ? Evidemment, les choses sont bien plus subtiles que ça et correspondent à ce que peuvent vivre nombre de parents et d'enfants mais aussi d'amis proches au moment de la "séparation". Koyuki le comprendra notamment grâce à son petit frère Fuyuki, et tout ceci permet à Makoto Hagino de joliment mettre en avant cette notion de manque. Un manque naturel, silencieux, qu'on n'ose pas forcément avouer pour diverses raisons, mais qui est bien là.
Ensuite, la place que va prendre auprès de Koyuki une certaine jeune fille qui se montre toujours aussi lumineuse dès la jaquette du tome: Kaede. L'amie de Konatsu a enfin l'occasion ici de se rapprocher un peu plus de Koyuki, et le résultat est là. Au fil d'un passage chez Koyuki, sa jovialité naturelle ainsi que sa sincérité vont vite casser les frontières discrètes qu'on se met parfois même entre proches, avec à l'arrivée une bataille de polochons en famille où chacun semble se lâcher et être simplement soi-même. Et au gré de quelques discussions sur les faces cachées que chacun a forcément, on entrevoit également que Kaede elle-même a ses zones de doutes, mais qu'elle aussi arrive à évoluer au contact de Koyuki et de ses autres amies, comme le montre ce qu'elle se décide finalement à faire au sujet de sa grande soeur qui a quitté la maison il y a longtemps sans trop de donner de nouvelles et à qui, justement, elle n'osait pas avouer qu'elle lui manque.
Les relations entre ces personnages restent alors vraiment jolies au fil de ce volume. Koyuki, Kaede et leur entourage continuent d'évoluer à tâtons mais de façon bénéfique et en se stimulant mutuellement de façon bienveillante. Et si Konatsu se fait moins présente dans ce tome, cela devrait vite changer au vu des dernières pages.