Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 24 Janvier 2025
A la recherche de Jobanhi qui s'est éclipsé de l'aéroport après un nouveau mensonge de notre héroïne, Shôko sent plus que jamais à quel point il lui manque, à quel point elle l'aime. Et la piste du Train de nuit dans la Voie Lactée, qui unit tant les deux êtres, s'avère être la bonne: en haut d'une colline avec son appareil-photo, le jeune coréen est enfin là, devant elle, et c'est avec une joie douce et sincère qu'ils se retrouvent, notre héroïne ressentant même, encore plus fort qu'avant, le désir de lui révéler toute la vérité sur son faux adultère. Mais saura-t-elle saisir l'occasion ? Osera-t-elle le faire, elle qui craint que cela mette fin à leur relation ? Finalement, alors que Shôko se tourmente en son for intérieur et qu'elle se sent toujours aussi coupable, c'est une autre cruelle réalité qui va soudainement rattraper Jobanhi, toujours plus affaibli par sa maladie.
C'est alors dans une atmosphère plus douce-amère et mélodramatique que jamais que se déroule ce troisième volume double qui, au fil de ses 270 pages environ, voit Akiko Higashimura jouer soigneusement sur trois axes indissociables. D'un côté, les tourments intérieur de Shôko sur son incapacité à être plus sincère envers Jobanhi, de peur de le perdre. De l'autre côté, l'avancée de la maladie du jeune homme qui semble de plus en plus critique. Et enfin, le cas de Yôko, qui continue sans remords de tout faire pour vivre sa liaison extraconjugale avec le jeune Futa, auprès de qui elle se fait passer pour une femme célibataire. Ce qui marque en premier lieu, c'est que ces trois-là fuient tous dans leurs mensonges dont ils n'osent pas se passer: la première ment toujours sur son faux adultère, le deuxième préfère cacher la vérité sur son état de santé, la troisième ment constamment à Kenji pour vivre sa relation avec Futa... Alors que, dans le fond, chacun(e) semble en son for intérieur, être conscient des mensonges de l'autre, sans forcément oser pleinement se l'avouer.
Les choses auraient pu s'arrêter là, à cette atmosphère assez réussie où les quelques références à Train de nuit dans la Voie Lactée apportent une poésie mélancolique supplémentaire. Mais la mangaka est plus maligne que ça, et sait efficacement distiller certains évolutions plus marquantes, à commencer par ce qui se passe du côté de Jobanhi dans des derniers chapitres fort bien menés. Et si, jusqu'à présent, dans ces différentes relations à base de mensonges, Yôko était sûrement celle qui paraissait la plus froide et la plus en tort, c'est une tout autre vision d'elle qu'Akiko Higashimura finit par nous offrir vers la fin de ce tome, en permettant d'aborder des thématiques très fortes autour du mariage et des pressions qui y sont liées, en particulier sur les femmes.
A Fake Affair prend alors une saveur un peu différente et plus marquante au fil de cet avant-dernier tome double, si bien que l'on attendra avec beaucoup d'intérêt l'issue de cette histoire dans le prochain volume.