A Beautiful Sunny Day - Actualité manga
A Beautiful Sunny Day - Manga

A Beautiful Sunny Day : Critiques

Kitaru Harekake no Ashita yo

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 30 Août 2018

Les éditions Taifu Comics prennent visiblement toujours autant de plaisir à dénicher de jeunes mangakas prometteuses dans le registre du boy's love, et Aki Ueda fait partie de celles-ci. Officiant toujours exclusivement dans le yaoi à ce jour, elle a d'abord signé quelques histoires courtes, mais a connu sa première prépublication de série plus "longue" à partir de 2015 chez l'éditeur Printemps Shuppan, dans le magazine Canna (Je pense à toi, Hidamari ga kikoeru...), et l'oeuvre qui a eu cet honneur n'est autre que celle dont il est question ici: Kitaru Harekake no Asuyo, renommé A beautiful sunny day pour son édition française.

Dans une ville portuaire, Harehito est ce qu'on appelle un récupérateur-réparateur. Notamment à l'aide de sa camionnette avec laquelle il passe ses annonces par haut-parleur, il récupère toutes sortes d'objets jugés cassés et inutiles et, avec ses mains habiles, se plaît à leur offrir une nouvelle vie dans son atelier. Anciennes télés cathodiques, vieilles radios et autres... tout y passe, et son entourage le voit volontiers comme un petit génie dans son domaine. Pourtant, il y a une chose que Hare (signifiant "radieux" en Japonais, et correspondant bien à son caractère plutôt jovial) semble incapable de réparer: Ôjirô, qu'il a "ramassé" quand il était adolescent, et qu'il a pris sou son aile en en faisant son responsable informatique. Depuis cet instant, les deux hommes ne se sont plus jamais quittés, arpentant les routes ensemble à bord de la camionnette, et récupérant les objets qu'on leur confie. Mais rien n'y fait: malgré le temps qui passe, le coeur d'Ôjirô semble toujours brisé. Mais certaines rencontres, en plus de raviver des souvenirs, pourraient changer cela...

D'emblée, ce manga en 5 chapitres (plus un chapitre bonus exclusif à l'édition reliée) intrigue assez, de par l'originalité de son thème: la récupération d'objets, on ne voit pas ça tous les jours. Et Aki Ueda exploite assez bien la chose, avant tout quand il s'agit de dresser un certain parallèle entre les objets cassés et les deux héros eux-mêmes. Car que ce soit Ôjiro ou Harehito, chacun des deux va, à tour de rôle (en gros, dans la 1e moitié pour Ôjirô, et dans la 2e pour Hare), révéler certaines blessures rappelant le statut des objets qu'il récupèrent: sentiment d'inutilité pour le brisé Ôjirô, et sentiment d'abandon pour Harehito... Mais la force de Ueda et de ne pas s'apitoyer, au contraire. Chaque focus sur les deux hommes va vite, la mangaka va à l'essentiel dans chacun des deux cas, mais on y comprend sans souci les douleurs que tous deux ont pu traverser... et ce qu'ils représentent désormais l'un pour l'autre. Et grâce à la personnalité de Hare, à l'attention qu'il porte à chaque objet (car après tout, chacun de ces objets jetés a une histoire...) et au rythme assez emballant, l'ensemble garde une ambiance plutôt positive.

Si les choses sont aussi emballantes dans l'ensemble, c'est aussi parce que la dessinatrice montre beaucoup d'excellentes choses sur le plan visuel. On pourra éventuellement lui reprocher quelques silhouettes irrégulières et certaines trames un peu grossières, en revanche elle excelle plus d'une fois dans sa mise en scène, avec des angles de vues et des découpages qui happent par leur aspect assez cinématographique (à l'image, dès le début, d'un petit zoom sur le côté sur nos deux héros installés en bord de mer). De même, les designs sont réussis et assez expressifs, et on apprécie certaines variations dans les contours des silhouettes: Ueda est capable d'offrir des traits fins, un peu plus épais, ou même plus bruts ou esquissés selon l'ambiance des moments (plus calmes, plus tendus...). Difficile, également, de ne pas évoquer l'unique scène un peu érotique, qui transpire de passion dans sa mise en scène et ses traits.

Signalons, enfin qu'on découvre en postface une mangaka plutôt très bavarde, confiant pas mal de petites choses sur son oeuvre, ce qui n'est pas toujours le cas et fait ici vraiment plaisir à voir.

En somme, grâce à son idée assez originale et à certaines prouesses de mise en scène entre autres, A beautiful sunny day est une très belle trouvaille, qui donne très envie de retrouver cette mangaka à l'avenir. Qui plus est, le tout est servi dans une édition satisfaisante, avec une jaquette bien travaillée, une première page en couleurs, un papier et une impression de bonne qualité, et une traduction soignée de Margot Maillac.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs