:REverSAL Vol.1 - Actualité manga

:REverSAL Vol.1 : Critiques

:REverSAL

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 30 Janvier 2014

Critique 1


Adepte des séries courtes, Doki Doki, pour sa première nouveauté de 2014, nous propose de découvrir :REverSAL, une oeuvre qui marque l'arrivée en France d'un nouvel auteur, Kemuri Karakara, et qui a connu une publication sur le web avant de sortir en librairie en deux volumes reliés.

A Kyôto, dans le quartier de Gyon, vit Ayame, une jeune maiko (apprentie geisha) qui suit son apprentissage aux côtés de sa mère et de sa grande soeur. Si elle doit se plier à une élégance et un raffinement de chaque instant, la demoiselle est néanmoins fan de super-héros et éprise de justice. Son monde bascule soudainement quand, après avoir trouvé une console par terre et y avoir inscrit son nom, elle se retrouve, à cause d'une comptine, transportée dans un univers parallèle. Elle y retrouve sa ville de Kyôto, mais tout y semble différent... Plus précisément, la ville est inversée, comme si on la voyait d'un miroir ! Plus embêtant encore, les habitants y sont pour le moins particuliers, puisqu'il s'agit de sortes de zombies qu'il faut visiblement tuer pour pouvoir s'en sortir...

C'est sur ces bases que se présente la série. Après une introduction rapide qui permet d'introduire les principaux personnages, voici Ayame propulsée dans un univers qu'elle connaît sans le connaître, puisqu'il s'agit de sa ville vue sous un angle différent. Dans ce cadre, elle devra rapidement se faire quelques alliés, le principal étant... Al, un chien malin s'étant retrouvé doué de parole dans ce monde, et qui offrira plus d'un conseil avisé. Plongée dans cet univers glauque, la jeune maiko devra prendre garde à ne pas céder à la panique. La peur sera présente, mais elle se montrera forte à plus d'un égard, jusqu'à rencontrer de nouveaux alliés humains... Mais ces soi-disant alliés seront-ils totalement fiables ? Et, plus important encore, les habitants de ce monde sont-ils de simples zombies dépourvus de conscience ? Sont-ils réellement méchants et juste assoiffés de sang ? Rien n'est moins sûr... Du haut de sa soif de justice et de son envie de comprendre l'autre, Ayame pourrait vite ébranler quelques-unes de nos premières certitudes.

De ce fait, si vous attendez de :REverSAL un défouloir où une ravissante maiko dégommera à tout va du zombie, sachez que vous ne trouverez rien de cela ici. Du dégommage de zombie avec tripes qui volent, il y en aura par moments, mais ce ne sera pas cette chère Ayame qui sèmera le chaos autour d'elle. Bien au contraire, au-delà de l'effroi, vous découvrirez chez elle un altruisme et une volonté de comprendre ce qui se passe qui la pousseront à ne jamais tomber dans la violence irraisonnée. Voila qui est plutôt intéressant, mais en contrepartie, on vous redit que si vous vouliez un bête défouloir badass, vous risquez d'être décontenancé.

Pour le reste, si l'idée a de quoi être intéressante, elle peine à décoller. Car si Ayame cherche un peu à comprendre les choses, il n'y a pour l'instant aucune révélation concrète sur le pourquoi du comment de tout ceci. On se contente de suivre les déboires de notre héroïne dans un univers très particulier... et c'est précisément dans ces particularités que le bât blesse.
L'idée d'un Kyoto inversé est intrigante, mais est pour l'instant sous-exploitée. Elle se limite aux faits que le chien se mette à parler, que les panneaux publicitaires soient écrits dans l'autre sens... et c'est à peu près tout. Rien ne vient vraiment marquer cette inversion dans les décors, qui sont d'ailleurs un peu trop absents parfois, et qui n'exploitent pas spécialement la ficelle de l'inversion quand ils sont présents, si ce n'est pour souligner quelques rares petites boulettes (page 99, le petit panneau "temple Yasaka" est écrit dans le sens normal). Attention, quand les décors sont bien présents la ville reste très joliment retranscrite, est plutôt immersive et exploite plutôt bien certains lieux connus (par exemple, le temple Yasaka justement, et ses deux statues à l'entrée, qui poseront un joli problème), mais l'aspect inversé est loin d'y être flagrant.
Avec le concept de la console et quelques autres détails comme les cubes en l'air où se trouvent soins et munitions, on devine également une volonté de l'auteur d'offrir un monde façon jeu vidéo, ce qu'il confirme dans sa postface. Mais malheureusement, il s'agit là aussi d'une idée pas totalement exploitée, car hormis cette console, ces cubes et le côté "shoot de zombies" qui sont présents seulement sur quelques pages éparses, il n'y a pas grand chose d'autre qui évoque un jeu vidéo.

Visuellement, on a déjà évoqué le soin apporté aux décors quand ils sont présents, ainsi que les quelques relents sanglants avec quelques gros plans sur des tripes qui volent, mais il faut également souligner la qualité du design des personnages. Tous les protagonistes secondaires sont classiques mais néanmoins soignés, et le design des zombies ne sort pas des normes (tout en restant bien fait), mais il y a par contre une vraie beauté qui se dégage d'Ayame. Son vêtement traditionnel de maiko est plutôt joli, ses traits sont fins... et, surtout, l'auteur parvient à lui offrir une belle palette d'expressions sans jamais trahir son élégance. En utilisant habilement la finesse des sourcils, des cils maquillés, des yeux et de la bouche d'Ayame, Kemuri Karakara dévoile chez sa jolie héroïne des expressions d'incompréhension, d'effroi, de peur (avec bouche pincée, par exemple), de colère face à l'injustice, de douceur quand elle s'intéresse aux zombies... sans jamais en faire trop, en sachant apporter suffisamment de nuances, afin de ne jamais trahir l'aspect raffiné que doit avoir une maiko. En somme, une héroïne visuellement réussie.
Par contre, il y a des réserves à émettre côte action et narration. Dès que le récit s'emballe, le découpage peine à rester clair, et en dehors des quelques tripes qui volent les scènes d'action peinent à décoller car elles restent expéditives et basiques dans leur mise en scène.

A la fin du premier volume, beaucoup de questions se posent, et l'on se demande si l'auteur y répondra dans le deuxième et dernier tome. En attendant de voir ça, on tient un divertissement de série B assez bancal, qui ne manque pas de charme, notamment grâce à son héroïne et au toutou parlant, mais qui reste trop succinct dans l'exploitation de son univers, pourtant suffisamment curieux pour susciter l'attention


Critique 2


Pour commencer l'année 2014, Doki-Doki nous fait découvrir un auteur assez prolifique au Japon mais tout nouveau dans nos contrées : Karakara Kemuri. Adepte des séries courtes, l'éditeur nous permet de lire :REverSAL, titre en deux tomes mêlant glamour et gore...

"Passez, passez..."
La scène se passe au quartier de Gion à Kyoto, où l'on suit Ayame, une jeune maiko (apprentie geisha) éprise de justice et folle de super-héros. Entraînée par une vieille comptine, Ayame s'égare et se retrouve derrière le miroir, dans un Kyoto totalement inversé. Dans ce monde étrange il n'y a qu'une seule règle qui prévaut : tuer ou être tué. Ayame parviendra-t-elle à retourner chez elle saine et sauve ?

Avec un tel synopsis, on pourrait s'attendre à avoir droit ici à un manga défouloir où une geisha va tuer du monstre en masse et où le sang giclera à toutes les pages : et bien que nenni ! En effet, :REverSAL n'est pas ce type de manga et tente une approche un peu différente du genre. L'auteur nous emmène à suivre une héroïne fan de super-héros donc souvent la tête dans les nuages bien qu'elle exerce son rôle de maiko à merveille. Alors qu'elle rentre chez elle un soir, elle trouvera un objet particulier qui sera en réalité la clé de l'ouverture d'un monde parallèle où elle va se retrouver coincée : le Kyoto de l'envers ! Ce monde est donc le même qu'elle a toujours connu mais à l'envers, où les gens sont désormais des zombis avides de chair, les animaux ont la parole et certaines lois de la vie n'existent plus. Pour se défendre les "héros" ont chacun une arme qui leur est propre et doivent remplir des missions, tout ça à la manière d'un jeu vidéo. Mais pour Ayame, toute cette histoire doit cacher une certaine logique et au lieu de se battre, elle cherchera plutôt à comprendre qui sont véritablement ces zombis et quelles sont les logiques de ce jeu sanglant...

:REverSAL, c'est typiquement ce genre de manga où les idées ne sont pas forcément mauvaises voire même intéressantes, mais dont l'auteur n'arrive pas à les pousser au bout pour rendre son récit vraiment original. En effet, rien que l'univers qu'il pose n'a au final rien de bien transcendant, le Kyoto de l'envers n'affiche que les titres des enseignes à l'envers, Al le chien compagnon d'Ayame se retrouve doté de la parole sans réelle logique et la volonté de l'auteur à créer un univers du type jeu vidéo avec toutes les règles qui en font partie n'est pas assez poussé et l'on se retrouve avec un contexte plutôt faible en somme. Même si les zombis semblent dotés de conscience il est difficile en temps que lecteur de chercher une véritable compassion face à leur assassinat par les personnages secondaires et l'on se retrouve face à un manga de type série B loin d'être réellement intriguant. La question qui va venir à être posée est plutôt "qui est le réel ennemi dans l'histoire ?" lorsque l'on voit les nouveaux compagnons d'Ayame d'un type plutôt cruel.

Cependant le manga n'est pas mauvais non plus : en effet, l'auteur arrive quand même à insuffler une héroïne assez intéressante par sa mentalité même si elle pourrait sembler vite agaçante et son dessin est tout à fait remarquable. Les décors sont plutôt bien détaillés, Ayame est joliment dessinée et ses expressions se ressentent très bien à travers les yeux du lecteur et les giclées de sang sont du plus bel effet. Mais un joli dessin ne fait pas tout non plus car lorsque l'auteur doit dessiner des séquences plutôt dynamiques, la mise en scène s'emballe et devient un peu fouillis, c'est dommage.

Au final, on retient de :REverSAL un manga qui ne va pas au bout de ses idées qui pourraient être très intéressantes exploitées différemment. Le fait que le prochain tome soit le dernier conforte davantage cette idée et il est fort à parier que la série restera dans la même veine ou pire par la suite.
Enfin, l'édition de Doki-Doki est tout à fait satisfaisante, comme souvent chez l'éditeur.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs