1000 vents 1000 violoncelles : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 14 Juin 2010

Après les collections "1, 2, 3 Soleil" et "Soleil Flottant", les jeunes éditions Nobi Nobi inaugurent leur troisième collection, sobrement nommée "Hors Collection", avec 1000 vents, 1000 violoncelles, un livre illustré réalisé par Hideko Ise, une artiste incontournable au Japon dans le milieu des oeuvres pour jeune public, ayant gagné de nombreux prix littéraires et ayant mis en images de grands classiques comme Gauche le violoncelliste. Notons également que trois autres de ses oeuvres sont parues en France, aux éditions du Seuil.

Un jour, un jeune garçon voit débarquer dans son école une nouvelle élève, avec laquelle il se lie rapidement d'amitié. Tous deux amateurs et apprentis joueurs de violoncelle, ils tombent un jour sur un cortège de violoncellistes allant dans la même direction. Les deux enfants les suivent et finissent par demander à l'un des membres du cortège, un vieux monsieur, les raisons de ce regroupement. Ainsi, ils apprennent que les violoncellistes se regroupent pour se préparer au mieux pour un grand concert organisé pour recueillir des fonds dans le but de reconstruire la ville de Kôbe, 3 ans après que celle-ci ait été ravagée par le terrible tremblement de terre, en 1995, et dans laquelle habitaient justement le vieux monsieur et la petit fille. Nos trois héros décident alors de prendre part à ce concert et de travailler ensemble pour y jouer au mieux.

Avec 1000 vents, 1000 violoncelles, les éditions Nobi Nobi nous proposent un titre poignant, qui aborde sans en avoir l'air un sujet grave: en prenant pour fond un évènement aussi dramatique que le tremblement de terre de Kôbe, Hideko Ise évoque avec subtilité les traumatismes liés à ce genre d'évènement. Ainsi, le lecteur, en même temps que le petit garçon, apprendra que la petite fille et le vieux monsieur ont perdu des être chers dans la catastrophe. Dès lors, l'ouvrage se dresse comme le plus mature des trois titres parus à ce jour chez l'éditeur.
Mais pour autant, le contenu ne se veut jamais profondément dramatique ou bouleversant: bien au contraire, c'est un message porteur d'espoir que nous offre l'auteure. A travers l'organisation du concert géant, pendant lequel les 1000 violoncelles n'en formeront plus qu'un, c'est une ode à la solidarité face à la douleur et un cri d'amour pour le pouvoir salvateur de la musique que nous découvrons ici. Porté par des dialogues souvent simples mais bien trouvés, l'ensemble sonne juste, d'autant que Hideko Ise est elle-même violoncelliste et qu'elle a été profondément marquée par une visite à Kôbe faite après le tremblement de terre.

Susceptible de toucher aussi bien les jeunes enfants qu'un public plus âgé, l'ouvrage doit beaucoup au travail général de l'auteure, qui semble être le fruit d'une grande minutie. La narration reste toujours simple, puisque l'histoire est racontée par le jeune garçon. Ce héros, ayant le même âge que les principaux lecteurs visés, et n'ayant pas vécu de l'intérieur la catastrophe de Kôbe (contrairement au vieux monsieur et à la petite fille), se trouve être un excellent miroir pour le lecteur, d'autant que son nom n'est jamais donné. C'est d'ailleurs l'une des grandes caractéristiques de l'oeuvre: ici, aucun personnage n'est appelé par son nom, chacun est anonyme, comme pour refléter l'universalité du message: tout le monde, un jour ou l'autre, peut être touché par ce genre de drame, et à l'image du concert, l'espoir et la solidarité peuvent toujours être de la partie. Voici un bien beau message que véhicule cet ouvrage avant tout destiné à un public qui, justement, est à un âge où l'on commence à découvrir les valeurs de la vie.
Cette universalité passe également par le style visuel: ici, les personnages ne sont jamais véritablement dotés de visages, ceux-ci restent très vagues, et c'est également l'identification du lecteur au héros qui s'en trouve facilitée.
Pour finir sur les dessins, il faut signaler qu'il sont véritablement plaisants: entièrement en couleurs, les illustrations en aquarelles apportent une certaine douceur à l'ensemble, une légèreté qui, couplée à la narration enfantine, empêche le récit de tomber dans un ton trop dramatique.

Du côté de l'édition, Nobi Nobi nous offre à nouveau un travail impeccable: excellente traduction, dépourvue de la moindre coquille, matériels utilisés de qualité, format original (environ celui d'une feuille A4, mais en longueur) apportant beaucoup, biographie de Hideko Ise et postface pertinente sur les catastrophes à la fin du livre.

Avec 1000 vents, 1000 violoncelles, les éditions Nobi Nobi inaugurent avec brio leur collection "Hors Collection". Les trois grandes catégories de l'éditeur étant à présent lancées, on ne peut que saluer la pertinence des choix éditoriaux, qui collent tous parfaitement aux publics visés, le tout toujours servi dans des éditions exemplaires. On ne peut que saluer ce jeune éditeur, dont les choix semblent toujours mûrement réfléchis.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs