And (&) Vol.1 - Actualité manga
And (&) Vol.1 - Manga

And (&) Vol.1 : Critiques

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Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 19 Mars 2021

Lancée il y a tout juste un an, en mars 2020, la collection Life des éditions Kana a connu des débuts plutôt mouvementés, du fait que son premier titre Just Not Married se soit retrouvé pris dans les décalages dus au premier confinement. Mais depuis, la collection a su se développer joliment avec plusieurs séries toutes intéressantes, et cela semble devoir continuer en 2021 ! Ainsi, après Love Fragrance en février, la deuxième nouveauté de la collection pour cette année est un manga qui avait été annoncé dès la présentation de Life par Kana en janvier 2020, mais qui a ensuite dû être reporté suite à la situation sanitaire: & - And.

Bouclée en 8 volumes, cette série a été prépubliée au Japon sous le même nom, de 2010 à 2014, dans les pages de l'excellent Feel Young de Shôdensha, magazine principalement dédié aux jeunes femmes adultes, et dont sont sortis des bijoux comme plusieurs oeuvres d'Ebine Yamaji, Erica Sakurazawa ou encore Moyoco Anno. Le signe particulier de cette série ? Eh bien, elle nous permet d'enfin retrouver en France, après une absence de presque 10 ans, Mari Okazaki, une autrice qui, avec des titres comme Complément Affectif, Shibuya Love Hotel, 12 mois et bien d'autres, fut une figure phare du manga féminin adulte pour Akata à l'époque de leur collaboration avec Delcourt.

Quand bien même on le lui fait remarquer régulièrement, Kaoru Aoki est toujours célibataire, et elle le vit bien, d'autant qu'elle a ses propres projets: travaillant comme secrétaire médicale intérimaire dans un hôpital, elle a décidé, en plus de ce job plutôt alimentaire, d'essayer d'accomplir son rêve en se lançant dans un deuxième travail en parallèle. C'est ainsi qu'elle crée son petit salon de manucure qui, en n'ouvrant que le soir quand tous les autres magasins sont fermés, accueille les femmes actives travaillant jusque tard pour qu'elles puissent s'y détendre. Mais entre le lancement de cette activité, son travail à l'hôpital et ce que son entourage continue à lui dire sur son célibat, rien n'est tout à fait évident pour Kaoru. Alors qu'en sera-t-il quand, en plus, elle commencera à s'intéresser à Kôga Yagai, un chirurgien de 45 ans à la mauvaise réputation ?

Avec & - And, Okazaki nous plonge donc auprès de l'une de ces héroïnes réalistes qu'elle affectionne, à savoir une jeune femme adulte et déjà pleinement dans la vie active... mais qui, malgré tout, doit se confronter à certaines réalités de sa situation. Côté personnel, elle se prend régulièrement des remarques banalisées sur son célibat: sa collègue Miyuki lui dit que plutôt que de se tuer à la tâche elle devrait se caser avec un homme (mais est-ce ce dont elle a envie ?), on lui demande pourquoi elle n'a pas de petit ami, on la critique, on la sermonne, on la dit trop prude... Et côté professionnel, à l'hôpital elle travaille sérieusement mais se frotte parfois aussi à des comportements pesants (comme le cas du docteur Akasaka qui semble essayer de draguer un peu toutes les femmes à sa portée), tandis que pour son salon de manucure et est mise face à certaines réalités immobilières avant que, heureusement, un ancien pote de la fac nommé Shiro lui propose d'exercer sa manucure dans son bureau de programmeur une fois celui-ci fermé le soir.

Ainsi, entre son premier travail d'un côté, puis les préparatifs et le démarrage de sa deuxième activité de l'autre, on suit une femme intéressant et assez attachante, en ceci qu'elle se présente comme une battante... même si, forcément, elle a elle aussi sa part de doute, notamment sur son parti pris relationnel qu'on lui fait si souvent remarquer. Kaoru n'a jamais eu de petit ami, ne s'est jamais vraiment intéressé à ça, répond vaguement quand on lui fait remarquer ça car ça l'embête plus qu'autre chose, et en prime elle a toujours détesté être touchée par autrui. Et pourtant, quelque chose semble petit à petit changer en elle quand, sans trop savoir pourquoi, elle a tout simplement envie de s'intéresser de plus près à Kôga Yagai, d'entrer dans l'univers de ce chirurgien dont on dit pourtant qu'il déteste tout le monde et qu'il est une langue de vipère... Concrètement, y a-t-il une raison à cette façon d'être ? On le découvre dès ce premier tome avec petit focus sur le passé de Yagai, ce qui a plus d'un intérêt. Tout d'abord, bien sûr, troubler d'autant plus Kaoru sur ses sentiments exacts, sur lesquels elle ne peut mettre un nom pour l'instant. Mais aussi accentuer encore un peu plus un autre aspect de la lecture: une certaine incursion dans le monde du travail, essentiellement hospitalier, avec l'évocation de certaines de ses spécificités, de ses choses compliquées, de ses relations professionnelles.

Il s'agit alors, dans l'ensemble, d'un démarrage vraiment intéressant sur plusieurs aspects, d'autant qu'à tout ceci il faut ajouter la patte visuelle assez reconnaissable d'Okazaki. C'est fin, sensible, assez introspectif quand il le faut, et surtout bourré de pas mal de bonnes idées de mise, l'autrice appréciant notamment les planches assez déstructurées, avec des cases qui se chevauchent par exemple, sans pour autant perdre en clarté.

Quant à l'édition, elle s'avère très plaisante, ne serait-ce que pour sa jaquette: un dessin fin et épuré, agrémenté d'éléments en couleurs avec vernis sélectif. A l'intérieur, on trouve une excellente traduction d'Aline Kukor, une adaptation graphique soignée, un papier fin mais sans transparence, et une impression très correcte même si l'encre peut parfois baver légèrement.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs