Avis sur Jojo's bizarre adventure - Saison 7 - Steel Ball Run Vol.23

Un début de tome anthologique, comme figé dans le temps au moment où Johnny doit affirmer son choix face à Valentine, et qui conclut avec autant de tension que de simplicité de ton et de verve graphique un long combat qui fut passionnant d'un bout à l'autre.

Et puisqu'on parle de temps, il en sera amplement question dans la suite du volume qui, tout en se recentrant sur une course tellement longtemps oubliée qu'elle ne passionne plus vraiment, offre surtout un ultime ennemi qui aurait presque des allures de pur fan-service si Hirohiko Araki n'avait pas si bien préparé son arrivée, l'auteur exploitant décidément jusqu'au bout son concept des dimensions. Que ce soit via le pouvoir de Valentine ou via la fin de saison précédente (Stone Ocean) qui avait tout fait basculer.

Le travail d'Araki reste d'une grande beauté esthétique, bien qu'apparaissant peut-être un brin plus classique après le si bien mené affrontement contre Valentine.

Puisque cette septième partie de Jojo s’achève dans les premières pages du présent ouvrage, s’amorcera donc ici son épilogue, avec pour égérie un protagoniste secondaire : Johnny Joestar. Cela figure dans la cohérence des fins respectives de Golden Wind (pour son épilogue très détaché) et de Stone Ocean (avec un personnage de second plan qui prend le devant de la scène) ; mais davantage poussé en l’espèce et, de surcroît, couplés.

Après avoir livré ce qui aura été sans doute – et sur pas moins de six tomes successifs – le plus intelligent des affrontements de la saga (juste devant, peut-être, la scène du train dans Golden Wind), assister par la suite à une étrange joute, entre Johnny et un certain blondinet revenu d’entre les morts, laissera le sentiment de passer, sans transition, de la truffe au hamburger ; pour rester poli. Et ledit blondinet qui nous refait le coup des couteaux… : à ce stade, il s’agit de récidive.

Il pourrait être considéré que cet égarement s’apparente à du fan service. Néanmoins, il semble qu’Araki a, dans la mesure où SBR reprend et mâchouille – à minima – les trois premières parties de la saga, souhaité rendre un dernier hommage à ces quelques personnages que le lecteur ne reverra sans doute plus jamais ; au-delà de toute considération pour son lectorat. Une des forces de Steel Ball Run était précisément de trancher à certaines mécaniques de la série, avec les lignages Joestar et Brando en second plan. Et, d’ailleurs, Jayro et Valentine nous les avaient fait oublier sans guère de difficulté, bien au contraire. Cependant, en l’espèce, Araki semble retourner à un certain ordinaire qui – s’il peut être néanmoins considéré à travers le prisme du postulat de base de la série – n’a point sa place ici.

Aussi, lorsque la course Steel Ball Run refait surface dans le récit, celle-ci n’a plus vraiment de saveur en ce qu’elle avait été intégralement délaissée par l’auteur il y a de cela maints tomes…

Certes, sur analyse comparative de ses contemporains, Araki est incroyable et cet ouvrage demeure de très bonne facture : le dessin est sublime, le découpage des planches est carrément sexy,… cela relève du génie artistique… ; mais, à l’aune de ce à quoi est capable l’auteur quant au fond, ce tome paraîtra un brin vulgaire, en sus d’avoir perdu son insolence ; et c’est peu dire. Alors que les premières pages de l’ouvrage, narrant la fin de l’affrontement contre l’infatigable Valentine, parviennent à allier simplicité et allures d’anthologie…

Jamais une fin de partie de Jojo n’a été décevante ; je souhaite hautement que ce tome 23 ne soit que l’égarement ponctuel dont le lecteur fera oubli sur lecture du prochain et dernier tome.