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Le test du jeu video:

Publié le Vendredi, 15 Novembre 2019

Chaque nouvelle année apporte désormais ses nouveaux jeux Pokémon, et 2018 n'a pas fait exception avec l'arrivée en novembre d'une salve toutefois un peu particulière: ayant la lourde charge de faire la transition entre la 3DS et la Switch en vue de l'arrivée un an plus tard de la 8e génération, Pokémon Let's Go Pikachu et Pokémon Let's Go Evoli ont vu Game Freak faire un petit pari: proposer un remake de la 1e génération, et plus spécifiquement de Pokémon Jaune, en y incorporant des mécaniques de jeu qui sont née via le jeu pour mobiles au succès mondial Pokémon Go. Dès l'annonce de ce projet, les réactions ont soufflé le chaud et le froid, certains fans étant emballés, d'autres beaucoup moins. Jeu opportuniste surfant sur la hype de Pokémon Go, simple portage sur consoles d'un jeu pour mobiles gratuit... Les critiques ont pu fuser bien avant la sortie des jeux, mais comme toujours, mieux vaut attendre de tâter la bête avant de critiquer. Alors, concrètement, que donnent ces jeux Let's Go ? Alors que la 8e génération vient tout juste de sortir, revenons un petit peu sur ces précédents opus qui étaient en quelque sorte chargés de préparer le terrain en montrant les possibilités offertes par la Switch pour la saga Pokémon.



On ne va pas revenir ici sur le scénario, de toute façon assez simple, du jeu: il s'agit en tous points de celui de la 1e génération, que tout le monde ou presque connaît, avec les ajouts propres à la version Jaune comme Jesse, James et Miaouss de la Team Rocket. Bien sûr, quelques petites choses varient légèrement dans cette histoire, et viennent essentiellement du fait que Game Freak a cherché à boucler en quelque sorte la boucle, le récit de Let's Go étant en quelque sorte une suite de Jaune sans en être une, dans la mesure où elle renvoie régulièrement à des événements de Jaune, mais 20 ans plus tard. Evidemment, on a vu mieux côté cohérence, d'autant que ces jeux ne reprennent quasiment aucune (il y en a quand même, mais on laisse la surprise) des nombreuses choses qui ont pu apparaître au fil des générations (ne serait-ce que le système des oeufs), en revanche l'effet "madeleine de Proust" s'avère très efficace pour quiconque suit la saga depuis la toute première génération, les petites références pouvant facilement toucher les nostalgiques, encore plus quand il s'agit de certaines apparitions de personnages bien connus de la 1e génération (mais quelques visages des générations suivantes apparaissent aussi) et qui ont quelque peu grandi.

  

En dehors de ça, la première impression sur Let's Go est forcément d'ordre graphique et sonore. Se devant de montrer ce que sera en grande partie la saga Pokémon sur Switch, console à la fois portable et de salon, les jeux Let's Go jouissent évidemment d'une modernisation de la région de Kanto avec des graphismes en 3D et en HD qui sont beaucoup plus dans l'ère du temps. Comme souvent avec la saga Pokémon, l'aspect graphique n'est pas forcément ce qui importe le plus, et les graphismes restent donc tout de même loin des plus jolis et riches jeux de la Switch. Mais il faut avouer que les développeurs ont su reconstruire à merveille toute la région, en y restant très fidèles, et tout en y apportant quelques petites nouveautés, dont quelques cinématiques (dont une à Lavenville qui a de quoi faire lâcher une larme) et, idée très appréciable, le fait que les pokémon apparaissent directement à l'écran en se promenant dans les hautes, les grottes ou autres cadres.

  

Bien sûr, ces pokémon qui gambadent, il vous suffira de passer dessus pour enclencher les traditionnels moments de capture, avec les habituels comba... ah, ben non. En effet, comme dit plus haut, les jeux Let's Go s'inspirent de Pokémon Go, et cela se traduit avant tout par une chose: pas de combats contre les pokémon sauvages ! Votre seule tâche en les rencontrant sera similaire à Pokémon Go: lancer votre ball au bon moment, dans le cercle de couleur (vert, orange ou rogue selon la difficulté de capture), tout en prenant garde à ne pas lancer quand la bestiole bouge ou se rebiffe. Simpliste ? Oui. Appauvrissant la part de stratégie liée aux combats ? Oui, d'autant plus que pour faire monter de niveau vos pokémon la principale démarche est alors de laisser cela se faire automatiquement à chaque capture via le fameux multi exp qui est imposé quasiment dès le début. Il faut donc se faire à cette idée pour profiter de ces jeux: dépourvu de combats contre les pokémon sauvages, les jeux Let's Go souffrent d'un gros appauvrissement dans la part stratégique. Et c'est encore plus le cas quand on voit que le système des Talents est absent.

  

On en vient alors à un autre sujet qui fâche : les jeux Let's Go, avec cette simplification, sont-ils trop faciles ? Assurément oui. C'est un sujet qui revient souvent concernant les jeux Pokémon, et plus encore depuis les générations de la 3DS: les jeux apparaissent toujours plus simples, et cela alors même qu'aucune génération de la saga n'a jamais été vraiment dure. Et c'est encore le cas ici, d'autant qu'en plus de ce qu'on a déjà pu évoquer sur le gain d'expérience, l'appauvrissement de la stratégie et l'omniprésence du multi exp, il y a aussi le cas du pokémon starter (Pikachu ou Evoli selon la version), qui est volontairement beaucoup plus fort que la moyenne. En somme, utiliser les starters dans les combats facilite totalement la tâche. Doc à vous de voir si vous souhaitez les utiliser, il n'y a aucune obligation de ce côté-là.

Et l'autre question qui en découle est alors: ces jeux ont-ils pour vocation d'offrir un minimum de difficulté ou de complexité dans l'aventure et en particulier dans les combats ? Hé bien, sans doute pas, car les combats eux-mêmes sont moins prégnants que dans les jeux canoniques de la saga, puisqu'ils sont totalement absents de toute phase de capture. En vérité, ces jeux jouent plutôt sur un autre aspect que la saga a pu développer aussi au fil des générations, à savoir le chouchoutage de ses pokémon, et en particulier du starter qui nous suit à la trace (ont peut même le mettre sur son épaule, par exemple). Papouilles, bonbons, récompenses... Les relations que l'on entretient avec nos petits bêtes et leur bonheur deviennent ici plus importantes que jamais, en allant jusqu'à influencer toujours plus leur comportement en combat (entre autres, s'ils sont heureux, ils pourront éviter bien souvent les attaques ennemies pour ne pas vous inquiéter... ce qui là aussi facilite le jeu, soit dit en passant). Si passer du temps à cajoler vos pokémon vous plaît, le jeu est pour vous, même si la chose devient assez vite répétitive.

  

Vient alors l'heure de parler de ce qui fâche le plus: la suppression vraiment désarmante de certains éléments cultes de la 1e génération, et la durée de vie minable pour du Pokémon.
En effet, Game Freak a apparemment cru bon de tout bonnement supprimer la possibilité de jouer au casino, chose qui était pourtant l'un des charmes de la 1e génération, mais aussi d'enlever les pistes cyclables. Mais le plus gros manque provient bien de la disparition pure et simple du Parc Safari de Parmanie, lieu incontournable et addictif remplacé par une sorte de lieu d'interactions avec le jeu pour mobiles Pokémon Go. En plus d'enlever à Parmanie son principal atout, ça n'a aucun intérêt pour quiconque ne joue pas à Pokémon Go. Pourquoi ne pas avoir tout simplement proposé les deux lieux ?
Et côté durée de vie, quelques dizaines d'heures suffiront, ce qui est peu pour du Pokémon. Le scénario s'achève rapidement puis qu'il est encore facilité, et le post-game est d'une pauvreté abyssale: il y a bien l'exploration de la grotte azurée et les retrouvailles avec Jesse et James qui occupent un petit peu, mais après ça, il y a peu de chances que vous ayez la patience de parcourir toute la quête répétitive et barbante visant à aller dénicher les spécialistes de chaque pokémon...

Bilan des ces jeux: il est assez compréhensible qu'ils aient pu décevoir une partie des joueurs, et plus encore ceux qui s'intéressent avant tout à Pokémon pour les combats et la part de stratégie. Mais si on les prend pour ce qu'ils sont, et malgré de nombreuses limites, Pokémon Let's Go Pikachu et Pokémon Let's Go Evoli sont sympathiques à parcourir, essentiellement pour la part de nostalgie qu'ils procurent inévitablement, et pour le soin apporté à la réalisation et à la modernisation graphique de la région. De quoi offrir un gentil amuse-bouche avant de s'attaquer à Pokémon Epée et Pokémon Bouclier, première vraie nouvelle génération de jeux sur Switch...
   

Chroniqueur: Koiwai


Note de la rédaction
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