Le test du jeu video:
Publié le Lundi, 06 Juin 2011
Sorti en 2003 au pays du Soleil levant, l'adaptation du premier opus de la saga des Naruto Ultimate Ninja n'arrive qu'en novembre 2006 en France, alors que le troisième volet est déjà disponible en import. Néanmoins, il fallait bien suivre une certaine logique, c'est-à-dire proposer aux fans français un jeu en adéquation avec la parution du manga en France chez Kana, forcément décalée par rapport au rythme japonais. Retrouver l'esprit du manga et de la série animée dans ce jeu de combat est un vrai plaisir, même si ce premier opus ne s'avère pas particulièrement généreux en contenu, quand bien même il ne se base que sur les premiers tomes du manga.
De prime abord, l'ambiance graphique est plutôt séduisante. Daté de 2003, les graphismes passent encore plutôt bien, grâce à l'utilisation du cel shading et à des animations dynamiques. Les techniques secrètes, bien que peu nombreuses, restent agréables à regarder, avec des effets de vitesse et des zooms. L'aspect manga est donc parfaitement retranscrit par l'ambiance graphique.
Mais c'est bien sur le gameplay qu'il faut s'attarder. Et il faut bien avouer que, comme l'aspect graphique, il s'avère tout à fait adapté à la transmission de l'esprit du manga. Les développeurs ont eu la bonne idée d'avoir la vitesse et le dynamisme comme mots d'ordre. Même si ce Naruto Ultimate Ninja est accessible, il faut être réactif pour espérer gagner, et le néophyte n'aura clairement aucune chance face à un joueur expérimenté. Pas la peine de marteler toutes les touches, cela sera contreproductif. On apprécie donc plusieurs aspects dans ce jeu de Namco Bandai.
D'une part, le mode de combat. Chaque personnage dispose d'une touche pour sauter ou se projeter rapidement en avant, une autre pour frapper et déclencher des combos, une pour lancer des objets et une dernière enfin pour malaxer du chakra et lancer une technique spéciale. Ces techniques spéciales, issues du manga, déclenchent des séquences où le joueur doit valider les touches indiquées, l'attaquant pour faire le plus de dégâts possible, le défenseur pour limiter les dégâts. Chaque personnage comporte trois techniques du genre, et, selon la quantité de chakra utilisée et la réussite dans la combinaison des touches à valider, la technique sera plus ou moins puissante et plus ou moins longue. Ce système peut mener à des dérives, car l'intérêt pour le joueur est, forcément, de déclencher ce genre de technique le plus souvent possible, même si cette capacité est limitée car déterminée par la quantité de chakra disponible. Il faudra donc avoir recours à la stratégie et récupérer des objets donnant du chakra ou se concentrer sans encaisser de coups pour en retrouver. Les techniques secrètes diffèrent des différents jutsus, qui peuvent être déclenchées via la touche de combo, mais qui s'avèrent moins dévastatrices. Notons aussi la possibilité de se sortir de n'importe quelle situation (sauf d'une technique spéciale menée à bien par son adversaire) grâce à des touches de téléportation et de contre. Cela donne lieu à des duels aériens sous tension, où le timing est capital pour avoir le dessus sur son adversaire. La vitesse est donc bel et bien présente, et la capacité des personnages de courir sur les murs ou sur l'eau (lorsqu'ils possèdent du chakra) fait son effet.
D'autre part, les arènes, assez vastes, proposent plusieurs plans de jeu, ce qui contrebalance le fait que les combats se déroulent dans la tradition 2D (les personnages ne se déplacent pas sur les côtés). On peut ainsi passer du premier au second plan via téléportation. Une façon agréable de dynamiser le genre. Surprendre son adversaire est vraiment amusant. On peut aussi récupérer plusieurs objets un peu partout dans le décor, à lancer directement ou conférant certaines caractéristiques. Ces objets sont généralement disposés dans le niveau via les alliés du personnage joué, qui font une apparition sympathique, sans pour autant participer au combat. Les objets sont capitaux dans l'issue d'un combat, obligeant à bien observer l'arène et à tromper l'adversaire pour les obtenir le premier. Ils peuvent être stockés, en vue de les utiliser au meilleur moment. La stratégie est donc présente dans ce jeu de combat, qui n'a pas été conçu en des termes stricts d'accessibilité à tout prix. Les arènes comportent aussi pas mal de pièges à éviter.
Pourtant, en dépit d'un gameplay incontestablement réussi et de graphismes qui n'ont pas trop vieilli, on fait vite le tour de ce premier épisode du fait d'un manque flagrant de contenu. Le mode histoire est peu inspiré et très court, s'inspirant des premiers volumes. Mais surtout, c'est le faible nombre de personnages qui est à pointer du doigt. Ils sont au nombre de 14, dont deux sont des variantes : Naruto, Naruto en mode Kyûbi, Sasuke, Sasuke avec le sceau maudit niveau 1, Sakura, Kakashi, Rock Lee, Shikamaru, Hinata, Neji, Gaara, Haku, Zabuza et Orochimaru. Où sont passés tous les personnages qui apparaissent pourtant dans les tomes du manga repris dans le scénario du jeu ?! Pas d'Ino, de Kiba, de Shino, de Tenten, de Temari, de Kankuro, de Gaï, d'Iraku, de Hokage le Troisième et on en passe : il faudra attendre le second volet pour en profiter. C'est bien là le problème : Namco Bandai aurait directement pu sortir le second volet, plus riche en personnages et qui était en phase avec la parution française, au lieu de nous imposer ce premier volet. La jaquette du jeu est d'ailleurs trompeuse, présentant des personnages absents du jeu. On ne peut que déplorer dans le même ordre d'idées la faiblesse des scénarios pour chaque personnage, composés de seulement 6 combats chacun. De plus, l'histoire n'est pas franchement mise en avant par les dialogues, pauvres et courts, antérieurs aux combats. Le manque de diversité des modes de jeu n'arrange pas les choses. Le mode Mission et ses challenges n'a que peu d'intérêt. Les bonus à obtenir n'encourageront que le fan absolu (figurines, cartes, artworks). Le système d'obtention de ces bonus n'est guère plus intelligent puisqu'il faut miser une somme d'argent obtenu lors des combats via un distributeur de capsules pour obtenir une récompense aléatoire.
Graphismes : On reste agréablement surpris par un cel shading qui a peu vieilli en 3 ans. Les décors manquent encore de richesse et les personnages de finesse.
Durée de vie : Le mode Histoire est court et les autres modes peu intéressants sauf pour les fans les plus hardcore.
Bande-son : Le très bon point est le choix entre voix japonaises ou anglaises, les textes étant traduits en français. Les musiques sont quelconques.
Jouabilité : Le système de combat est le gros atout du jeu. Les affrontements sont pimentés par les techniques (objets obtenus, téléportations, contres) qui permettent de retourner la situation. Une certaine stratégie est dans tous les cas préférable au bourrinage, parfaitement inutile.
Scénario : L'histoire reprend celle du manga sans la mettre suffisamment en avant.
Injustement avare en contenu, cette première expérience demeure une réussite au niveau du gameplay. Ce premier épisode aura satisfait les plus impatients, et quatre épisodes plus fournis suivront.
