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Le test du jeu video:

Publié le Jeudi, 05 Juin 2014

Elles sont rares. Rares sont les suites à susciter encore plus d'intérêt que leurs aînées. Si Assassin's creed premier du nom était réussi, on ne peut nier que ses quelques défauts sonnaient comme autant de regrets. Mais lorsque les premiers trailers d'Assassin's creed II sont apparus, l'attente a été insoutenable car la promesse de corriger tout ce qui n'allait pas dans le premier était actée. Rajoutez à cela une nouvelle époque génialissime (la Renaissance italienne), un nouveau héros qui semblait encore plus classe que le premier (nouveau costume et double lame secrète !!!) et un moteur graphique amélioré, et vous obtenez le récit d'une réussite incontestable. Car pour avoir terminé tous les Assassin's creed, sauf le quatrième, joué chez un ami, je vous l'avoue, j'ai toujours eu un gros faible pour ce deuxième opus. Voici pourquoi.

On reprend l'aventure dans le monde contemporain. Desmond est toujours retenu par Abstergo, mais est bien obligé de coopérer pour espérer s'en sortir. Toutefois, le héros du présent gagne en ambiguïté. Aux gré des révélations de ses ancêtres, il commence à se poser des questions et décide en quelque sorte de mener l'enquête de son côté, engrangeant des informations qu'il ne livrera pas à Abstergo. Assassin's Creed 2 permet au scénario de décoller. A pleine vitesse même, s'agissant de la fin. Effectivement, la méta-histoire, à savoir l'histoire parallèle à celle que l'on suit, revêt ici une grande place. A la manière de romans tels que ceux de Dan Brown, Ubisoft revisite les grands moments de l'Histoire humaine en y intégrant une part de fiction, fiction ici représentée par le conflit pluriséculaire entre Assassins et Templiers. Ainsi, certaines phases de jeu vous donneront la possibilité de récolter des « glyphes » afin de mettre en lumière la « Vérité », c'est-à-dire le pourquoi du comment du conflit et la raison de la capture de Desmond par Abstergo.

Mais au fait, quel ancêtre de Desmond va t-on côtoyer cette fois-ci ? Terminées les Croisades et Altaïr. Ubisoft a encore une fois sorti le grand jeu : la Renaissance italienne, soit les XV° et XVI°s dans le nord de l'actuelle Italie. Et devinez quoi ? Assassin's Creed II offre comme son prédécesseur un trip de malade.




Vous débuterez votre voyage à Florence, en contrôlant le jeune Ezio Auditore, fils de notable. Caricatural au début (bagarreur et charmeur), Ezio évoluera rapidement face aux événements qui toucheront sa famille. La mort, la trahison, les complots politico-religieux changeront ce jeune étalon en assassin déterminé. Ce revirement scénaristique est une réussite, instaurant un scénario plus sombre et en prenant le joueur contrepied. Craignant devoir supporter un jeune homme gâté, et assez insupportable il faut bien l'avouer, le joueur sera agréablement surpris de découvrir un héros blessé, devenant une véritable machine de guerre de façon progressive, là où Altaïr ne connaissait finalement que peu d'évolutions.

A partir de là, votre quête deviendra un véritable plaisir. Moins haché que le premier volet, plus scénarisé via de nombreuses cut-scenes moins lourdingues qu'auparavant, Assassin's Creed II s'évertuera à faire de la Renaissance italienne un terrain de jeu impressionnant. D'une part, parce que le moteur du jeu a été repris, afin d'être mis à jour deux ans après la sortie du premier volet. D'autre part, parce qu'Ubisoft a corrigé quasiment tous les défauts du premier volet. Enfin, parce qu'il joue d'un habile équilibre entre les forces du premier et des nouveautés géniales.

Jouer à Assassin's Creed II à sa sortie, c'était prendre le risque d'une bonne fracture de la rétine.
Déjà, l'aire de jeu donne le ton : outre Florence et Venise, vous pourrez aussi découvrir la campagne toscane et romagne, ou encore les villages de San Gimignano, Forli, ou Monteriggioni, où comme nous allons le voir plus tard dans ces lignes, vous pourrez instaurer une sorte de base.
Les décors sont superbement reproduits, et les joueurs ayant déjà visité les Florence et Venise actuelles ont certainement vu leur plaisir décuplé. Quelques libertés ont évidemment été prises, mais la topographie de ces superbes cités pendant la Renaissance a globalement été respectée. Le plus impressionnant reste le sentiment de vertige face à des monuments extrêmement imposants, et une surface de jeu très étendue. Le travail de reconstitution est encore une fois excellent, et on a la véritable sensation de faire du tourisme, sentiment renforcé par les informations présentes dans la base de données. Assassin's Creed II se donne à ce titre des airs d'encyclopédie. C'est avec un plaisir non dissimulé que l'on lit les infos concernant un lieu avant de l'explorer, un bâtiment avant de l'escalader. Comme dit précédemment, la caractéristique de jeu-trip d'Assassin's Creed n'a clairement pas disparu, bien au contraire. Les séquences de 5 à 10 minutes en partant du sol pour escalader les plus célèbres monuments, qui ont été reproduits avec la meilleure finesse possible sur les consoles Xbox360 et PS3, resteront comme de très grands souvenirs dans votre mémoire de joueur. Passer du temps à trouver des points d'accroche pour escalader la basilique Saint-Marc, pour ensuite arriver au sommet, déclencher un travelling pour contempler l'horizon et faire un saut de l'ange (pas franchement réaliste d'arriver vivant en contrebas, mais on s'en fout tellement c'est bon !), voilà un des moments les plus géniaux. Et quand on sait que Venise et Florence regorgent de monuments spectaculaires, à l'architecture complexe, et avec des points de vue en hauteur, vous obtenez une aire de jeu dantesque. L'orientation GTA-like ne fait d'ailleurs plus aucun doute, le sentiment de liberté grisant étant de nouveau au rendez-vous, puisqu'on peut toujours sauter, courir, s'accrocher, à quelques exceptions près, d'où on veut et où l'on veut. Comment d'ailleurs compter le nombre de points d'accroche... Impossible, tout simplement ! Avants-toits, poutres, balcons, lanternes, porte-étendards, gargouilles, statues... l'exhaustivité est difficile ici. Vous l'aurez compris, le level-design est l'une des plus grandes qualités du jeu. Et s'agissant de qualité, comment ne pas parler des animations des personnages, toujours aussi fluides et naturelles. De ce point de vue, en 2009, Assassin's Creed II se succèda à lui-même, continuant d'être l'un des standards en la matière.
Mais le jeu d'Ubisoft ne pouvant tout faire, l'aspect graphique demeure néanmoins un peu inégal. Si les décors sont immenses et superbes, si certaines missions ont été conçues pour nous en mettre plein la vue (le carnaval de Venise, évidemment, de nuit, avec ses effets spéciaux divins telles ses guirlandes, ses lampes, sa foule de danseurs masqués, ses cracheurs de feu), si les ruelles regorgent de dynamisme, et que pour coller à la Renaissance italienne, l'ambiance générale fait la part belle aux couleurs vives (superbes habits d'époque), certains aspects passent au second plan. C'est le cas des villes secondaires et des campagnes, qui, si elles sont plus réussies que dans le premier opus, gardent un cachet terne (ici verdâtre voire marécageux, là où Assassin's Creed 1 était grisâtre). C'est aussi le cas de certains effets exagérés, tel le scintillement de l'eau, qui, s'il est agréable au départ, deviendra vite agaçant. C'est enfin le cas de la modélisation des personnages secondaires lors des cut-scenes, taillés à la serpe et très communs.




Voilà pour l'aspect technique. Quid du gameplay maintenant ? Assassin's Creed II choisit de mélanger des forces du premier opus avec des nouveautés de trois types : celles qui corrigent les défauts du premier, celles qui approfondissent et enrichissent le gameplay, et celles qui le rééquilibrent. Le principal atout d'Assassin's Creed II est en fait d'apporte beaucoup de variété qui tranche avec la répétitivité des aventures d'Altaïr : combats, missions, possibilités de gameplay... tout a été amélioré.

Au rayon des nouveautés-corrections, notons l'indispensable : la possibilité de nager. Vous imaginez qu'il aurait été complexe de visiter Venise sans jouir de cette capacité. Celle-ci ne fait cependant pas de la figuration, puisqu'elle a un impact sur le gameplay. Hormis la classe des plongeons déclenchables à partir des pontons ou de n'importe quel point surélevé, nager vous permettra aussi de vous cacher, d'aborder des navires, de fuir... une nouvelle possibilité parfaitement à sa place donc.

Au rayon des nouveautés-rééquilibrages, Ubisoft a fait évoluer les missions redondantes du premier volet vers quelque chose de plus scénarisé...donc plus scripté mais laissant aux moments décisifs des missions principales toujours autant d'approches possibles. On perd cependant en liberté lors des missions secondaires, dont certaines sont toujours aussi lourdes, notamment les filatures et les poursuites. Mais globalement, comment ne pas apprécier l'énorme apport de variété dans les missions, dont celles annexes qui peuvent désormais vous être confiées par des personnages croisés en pleine rue, façon GTA, allant du tabassage de mari adultérin, à la recherche d'objets, en passant par des contrats d'assassinat plus classiques. On remarquera également l'introduction de phases originales, telles les courses-poursuites en diligence et l'utilisation de la machine volante (ancêtre du deltaplane) conçue par De Vinci. On remarquera enfin, et c'est un point majeur des nouveautés, l'introduction de missions d'exploration de l'intérieur de certains monuments, dits Tombeaux de l'Assassin (des cryptes, grottes...), qui vous permettront de récolter des objets afin de lancer une sorte de New Game+ en fin de jeu. Mais la variété ne se retrouve pas que dans les missions, elle touche aussi une autre caractéristique essentielle du gameplay : les combats. Toujours basé sur un système d'attaque/parade/contre-attaque avec un timing à suivre, ils profitent totalement de la variété introduite dans ce volet. Les armes disponibles sont beaucoup plus nombreuses (hallebarde, pistolet, plusieurs sortes de dagues et d'épées), et donc les styles de combat le sont aussi. Il est également possible de dérober l'arme d'un ennemi pour s'en servir pour l'achever. Enfin, la géniale lame secrète a été améliorée... Il est désormais possible d'en avoir une dans chaque manche, permettant l’élimination de deux ennemis en même temps.




Au rayon des nouveautés-approfondissements, Assassin's Creed II fait fort. La principale est l'introduction d'un système monétaire. Voler les cadavres de vos ennemis, les passants ou casser des objets ne vous permettra plus seulement de réalimenter votre inventaire en couteaux, comme dans le premier volet. Non, désormais, vous gagnerez des florins, à utiliser de manière diverse. Vous pourrez les dépenser : achat de nouvelles armes ou armures, de médicaments pour vous soigner, de tout nouveaux objets pour assassiner de nouvelles manières (pique empoisonnée) ou vous échapper ou vous infiltrer (bombe), personnalisation du personnages (capes de couleur différente). Vous pourrez acheter les services de PNJ (des courtisanes, des combattants) pour détourner l'attention des ennemis. Vous pourrez enfin customiser votre « base », la villa de Monteriggioni, qui appartient à la famille Auditore. Toutes les armes obtenues finiront par arriver dans votre collection exposée au sein des murs de cette charmante demeure, que vous pourrez aussi agrémenter de tableaux. Sympathique bien qu'anecdotique. Toutefois, il sera aussi possible de rénover tous les autres bâtiments de Monteriggioni, ce qui aura pour effet le prélèvement d'un impôt sur les habitants, processus qui fera de vous un homme riche rapidement, sans doute trop. Comme dans GTA, l'argent ici coulera trop vite à flots, ce qui fait que le joueur ne rencontrera pas beaucoup de difficultés pour terminer l'aventure. Vous croyez qu'on en a terminé avec les nouveautés ? Que nenni ! (ou carrément pas, c'est vous qui voyez). Assassin's Creed II introduit une nouvelle jauge de renommée, à gérer avec sagesse. Chaque meurtre ou action moralement répréhensible augmentera la jauge. Qui dit renommée haute dit infiltration moins aisée, ce qui s'avérera gênant. Ainsi, il vous faudra garder votre discrétion et diminuer cette jauge, en payant des hérauts pour qu'ils content vos aventures, en arrachant les avis de recherche, en assassinant les balances. Ces nouveautés supposaient néanmoins une IA au niveau, ce qui n'est malheureusement toujours pas le cas. Bien qu'un peu moins zélée, il ne sera pas rare de pester contre des errements vous faisant recommencer des séquences plusieurs fois puisqu'à game over immédiat (satanées filatures). Vous serez également rapidement tentés d'opter pour le bourrinage devant l'échec de vos phases d'infiltration dû à l'IA.

Notons enfin qu'Ubisoft se joue des réalités historiques pour faire du fanservice : vous aurez ainsi la possibilité de rencontrer Machiavel et De Vinci, qui deviendront vos meilleurs potes, mais aussi le Pape, votre grand ennemi. Le fanservice passe également par des références au milieu du jeu vidéo bien trouvées (dont le fameux « it's me, Mario »).




Graphismes :
Souci du détail à faire pâlir n'importe quel autre studio, animations fluides, bugs moins présents, frame-rate constant (ce qui n'était apparemment le cas que sur Xbox360, à voir...) : Assassin's Creed II était spectaculaire. On ne regrette que les cut-scenes faiblardes.

Maniabilité :
Toujours aussi agréable, bien qu'accusant un peu le coup. Le problème du héros grimpant partout sans qu'on lui demande commençait à apparaître... Notons que les Tombeaux des assassins ne sont pas toujours agréables à jouer à cause d'un level-design bien moins inspiré et précis qu'en extérieur.

Sons :
L'ambiance plus sombre appelle des musiques de qualité, sans qu'un thème ne sorte vraiment du lot, malheureusement. Notons la déception pour les puristes : s'il est possible de jouer avec les voix italiennes...il faudra aussi se contenter des sous-titres italiens. Dommage que le jeu n'ait pas été en italien par défaut, avec sous-titres français au-dessous.

Durée de vie :
Bien plus long que le premier volet. Comptez au moins vingt heures pour vraiment profiter de ce qu'offre le jeu, c'est-à-dire la trame principale, quelques missions secondaires à côté, sans tout finir non plus. Rajoutez bien dix heures pour finir le jeu à 100%.

Scénario :
La saga prend son envol avec cet Assassin's Creed II. On regrette cependant que des DLC géniaux soient sortis quelques temps après, comme par hasard...

En résumé :
VA-RIÉ-TÉ ! Voici le maître-mot d'Assassin's Creed II, qui transcende littéralement le premier volet. Grâce à cela, il a d'ailleurs beaucoup mieux vieilli et demeure vraiment faisable aujourd'hui. Assassin's Creed II est donc le plus réussi de la saga. Cette affirmation pourra paraître péremptoire. Et pourtant elle se base sur un constat simple : le jeu a tenu toutes ses promesses.
Il est d'abord plus propre, mieux fini. Comprendre que les bugs présents dans le premier opus, et dans les autres volets, sont en nombre plus limité ici. Comme si les équipes d'Ubisoft avait eu tout le temps nécessaire pour peaufiner tous les aspects du jeu. Deuxièmement, les nouveautés sont nombreuses et ont un rôle bien identifié : corriger, diversifier, enrichir. Enfin, AC2 transforme l'essai en reprenant les forces du premier, mais en le transposant à une nouvelle époque historique : ambiance génialissime, graphismes de haute volée, héros très classe. Le plus réussi donc, mais pas le plus abouti, puisque de nombreuses suites verront le jour...
  

Chroniqueur: RogueAerith


Note de la rédaction
Note des lecteurs