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Voq

De Voq [678 Pts], le 19 Mai 2021 à 15h56

13/20

Sorti en 2010, alors que j'avais une PS3 depuis l'année précédente, Nier est un jeu à côté duquel je suis complètement passé, à l'époque. Ce n'est que quatre ou cinq ans plus tard que j'apprends son existence, et accessoirement que j'en entends le plus grand bien, je profite donc d'une bonne occase pour l'acquérir... mais entre mes autres jeux en attente, les sorties de la génération suivante et mon manque de temps libre à cette période, il finit par dormir dans un recoin lointain de mon esprit avec le reste de la catégorie « ah oui, faut que je joue à ça aussi un de ces jours ». La sortie et le succès de Nier Automata le font un peu sortir de l'ombre, mais pas encore suffisamment, et ce n'est qu'avec l'arrivée de Nier Replicant ver.1.22474487139... que je me décide enfin à m'y mettre. Mais sans rien connaître de plus que sa réputation, au final...


Un jeu et un monde variés...

Sans savoir à quoi s'attendre, on peut se poser des questions, quand le jeu débute vraiment. Des noms comme Automata ou Replicant, ça m'évoquerait plutôt une saga orientée SF. Pour le prologue, on tape dans du post-apo avec un père et sa fille malade qui s'efforcent de survivre dans une ville ravagée, le tout agrémenté de créatures et de magie noire, j'ignore où ça va nous mener, mais d'accord, je suis partant. Et puis paf, le prologue est fini, on garde apparemment les deux mêmes personnages mais nous voilà transposés 1300 ans plus tard dans un village de fantasy quelconque.
Première réaction : ça devenait intéressant, je ne peux pas plutôt avoir la suite directe du prologue ? Eh non, nous voilà devenu l'homme à tout faire du village : exterminateur de monstres mais aussi facteur, livreur d'objets fragiles, fournisseur de produits divers et variés, boucher, apprenti bibliothécaire (le temps de m'expliquer où se range chaque livre, t'aurais plus vite fait de les ranger toi-même, soit dit en passant), je vous lave les vitres pendant que j'y suis ? Mais commençons plutôt par le commencement.

Nier, ou Nier Gestalt si l'on veut être précis - par opposition à Nier Replicant, qui est le même jeu avec un frère et sa sœur plutôt qu'un père et sa fille, sorti en même temps au Japon mais jamais arrivé chez nous avant sa version modernisée (enfin, je ramène ma science, mais on me l'a appris très récemment). Bref, Nier nous met dans la peau de...
Non, attendez, je m'interromps une minute pour un détail qui me paraît un peu stupide. Le jeu s'appelle Nier. Or, d'après la boîte du jeu, Nier, c'est le nom du protagoniste. Donc le jeu est nommé d'après son personnage principal, de toute façon je ne vois pas à quoi d'autre pourrait se rapporter le titre (aucun lien avec le verbe « nier » en français). Et bon, je ne sais pas, le titre d'un jeu ou d'une œuvre en général, ce n'est tout de même pas anodin. Alors si vous estimez que votre personnage est suffisamment important pour donner son nom au jeu, j'aimerais bien qu'on m'explique pourquoi il faut choisir le nom du perso quand on commence ! Si je ne l'avais pas lu au dos de la boîte, j'aurais aussi bien pu l'appeler Gontran. C'est comme si on nous demandait de donner un nom au plombier moustachu dans Super Mario !
[Remarque en passant : je déteste quand un jeu me demande de choisir le nom du personnage, ça me donne toujours l'impression que les développeurs me disent « On s'en fout de lui, appelle-le comme tu veux ».]

Revenons à nos moutons, Nier nous met dans la peau de Nier (ou autre nom de votre choix), un papa costaud qui essaie de trouver un moyen de guérir sa fille atteinte du covid d'une toux persistante et d'un affaiblissement général.  Alors qu'il est de sorti pour remplir son rôle d'homme à tout faire du village, elle en profite pour s'aventurer dans un mystérieux temple perdu à la recherche d'une fleur qui, croit-elle, a le pouvoir de lui rendre la santé. C'est donc évidemment tout au bout d'un donjon rempli de dangereuses créatures que l'on retrouvera la frêle jeune fille inconsciente et désormais atteinte de la « nécrose runique », une maladie encore plus étrange que celle dont elle était déjà atteinte. Ses symptômes ? Des tatouages lui apparaissent sur le bras, la plaçant d'office dans la case « délinquante juvénile ». Bon, d'accord, oubliez les neuf derniers mots de la phrase, mais une fois rentrée à la maison, à part les inscriptions qui apparaissent, elle n'a pas l'air tellement plus mal en point qu'elle ne l'était déjà.
Dans la dernière salle de ce temple, on fait également la rencontre de Grimoire Weiss, un livre volant, parlant et un peu hautain sur les bords, qui nous aidera dans notre combat, nous permettant notamment de faire usage de la magie. On apprendra bientôt qu'afin de vaincre la nécrose runique, il faut retrouver les « vers scellés » du bouquin (concrètement, de nouveaux sorts), c'est dans ce but que l'on se lancera à l'exploration du monde, profitant pour faire les commissions des villageois parce qu'il faut bien gagner sa pitance.
Au fil de nos pérégrinations, on se retrouvera accompagné de Kainé, une jeune femme légèrement vêtue et au langage fleuri qui porte en elle une part de monstre, puis d'Emil, un garçon aux yeux pétrifiants qui se cherche lui aussi un remède. Et si ces deux derniers ne semblent à priori pas indispensables à l'histoire de base, ce petit groupe fonctionne très très bien, apportant un dynamisme fou là où Nier seul serait assez monolithique et vite lassant.

S'il a ses atouts, le scénario est trop lacunaire pour être considéré comme un des véritables points forts du jeu : outre le début assez bancal, les « grandes révélations » manquent cruellement de contexte, on peut aussi mentionner deux personnages que l'on se retrouve à affronter dans le donjon final, retirant tout fondement à leurs actions dans le reste du jeu... En revanche, la mise en scène, les personnages, et surtout l'alchimie entre les personnages sont particulièrement réussis (du moins les personnages principaux, parce que certains personnages secondaires auraient mérité d'être approfondis : on se sent plus proche de la vieille gardienne de phare acariâtre que de la bibliothécaire qui nous donne des infos tout au long du jeu !).
Autre point fort, la variété des environnements et des ambiances. Car si le décevant village de départ reste notre base d'opérations tout au long de l'aventure, cette déception s'estompe toutefois à mesure que l'on visite d'autres lieux : L'Aire, ses maisons construites sur un à-pic et ses habitants cloîtrés qui refusent tout contact ; la « montagne des robots », une usine infestée de robots tueurs ; le manoir en noir et blanc, aux angles de vue et aux portes verrouillées qui rappellent Resident Evil, et son laboratoire souterrain avec une vue isométrique façon hack'n'slash ; Façade, la ville du désert et ses lois absurdes ; la « forêt des légendes » où l'image se perd au profit des mots... Chaque nouvel endroit que l'on visite dispose de sa propre ambiance, conférant à l'aventure un côté décalé et rafraîchissant qui va de pair avec ses personnages.
Et si le gameplay lui-même n'a rien d'extraordinaire (on pourrait presque le qualifier de simpliste), il a l'avantage de s'adapter parfaitement à cette diversité. On peut passer d'une plaine avec une vue de dos classique au manoir residentevilesque ou à une vue de dessus sans être perdu une seule seconde ni avoir l'impression d'un jeu décousu. À la limite, on pourrait regretter l'absence d'un donjon en vue de côté alors qu'elle est de mise dans les habitations et les lieux publics, mais il ne s'agit pas là d'un véritable manque, juste une idée qui aurait pu être intéressante. Quoi qu'il en soit, chaque lieu découvert apporte un petit quelque chose qui permet de compenser la répétitivité qui pourrait autrement plomber complètement le jeu.


...Où l'on se sent vite à l'étroit

Oui, Nier est répétitif. Son problème, c'est qu'aussi bien pensé que soit son univers, il est petit et on en a vite fait le tour. Dès la moitié du jeu, pour ainsi dire : il se découpe en deux parties bien distinctes, et à la fin de la première, on est déjà allé à peu près partout. Ce pourrait ne pas être un véritable problème, si la durée de vie n'était pas à ce point gonflée artificiellement. Découvrir une nouvelle zone de la montagne des robots, même si elle ressemble fort à ce que j'y ai déjà vu, d'accord, pas de problème. Vivre de nouveaux événements à L'Aire, très bien.
En revanche, devoir traverser trois fois (voire quatre ou cinq si on fait les quêtes annexes !) le même donjon par le même chemin, en adaptant juste la puissance des ennemis et en ajoutant sans raison des blocs à pousser pour accéder aux portes (à ce niveau, on ne peut même pas parler d'énigme, c'est vraiment juste perdre son temps à déblayer le chemin), ce n'est ni amusant ni intéressant. Les allers-retours incessants parce qu'on ne dispose pas d'un système de voyage rapide, non plus.
Ah si, j'oubliais, on a un système de voyage rapide. Dans la zone du désert, déjà, ça peut être pratique, même si on peut se demander pourquoi le point de la ville n'est pas plus près de la ville, mais admettons. Et en dehors de ça, dans la deuxième partie du jeu, on a la possibilité de se faire déposer quelque part en bateau : on a en tout et pour tout cinq embarcadères. Dont un qui est devenu l'unique accès à un donjon, donc celui-là n'entre pas dans la catégorie voyage rapide. Et sur les quatre autres, un seul dispose d'un bon emplacement (celui de la ville portuaire), celui du village de départ impose de faire tout un détour pour y accéder, un autre se trouve dans la zone la plus reculée du désert, et le dernier est tellement bien placé dans la plaine que ça va plus vite de partir à pied et de traverser ladite plaine à dos de sanglier. Alors oui, c'est rigolo de chevaucher un sanglier, mais au bout de cinquante fois le même trajet, ça finit aussi par lasser.

Et puis bon, jusque-là je n'ai que vaguement évoqué les quêtes annexes, mais dans le genre à faire passer un temps fou sur des tâches sans intérêt, ça se pose là. Outre les missions de facteur (littéralement par moments, on distribue le courrier pendant que le vrai facteur reste bien tranquille dans son bureau) qui nous font elles aussi multiplier les allers-retours, sans oublier les fameux « Au fait, dans la ville dont tu reviens tout juste, il y a untel et untel qui ont une quête à te confier, mais ils n'avaient pas envie de te le dire pendant que tu y étais, donc t'es bon pour y retourner », une bonne part de ces quêtes consiste à dégoter tels objets en telles quantités. D'accord, plutôt classique, ça implique généralement de les récolter soit en combattant, soit sous forme de points brillants répartis dans la nature. Mais !
Massacrer des dizaines de moutons pour récupérer de la viande ou de la laine (et un mouton tué = un gigot OU un peu de laine, pas les deux), ce n'est déjà pas passionnant mais on sait à quoi s'en tenir. Des fois, c'est pire. Récolter des pièces dans la montagne des robots, par exemple : deux quêtes parmi d'autres me réclamaient chacune dix morceaux de platine, qu'on ne trouve que sur ses robots ; après avoir exploré les lieux en long, en large et en travers à deux reprises, j'en avais obtenu cinq... sérieusement, j'aurais dû recommencer six fois de plus pour accomplir ces quêtes ? Et des fois, on ne sait même pas où les trouver, ces objets ! Un matériau qu'il me fallait en cinq exemplaires, j'en ai trouvé un (par pur hasard) sur tout le jeu alors que j'ai ramassé je ne sais combien de fois les objets de la zone où je l'ai obtenu !

Pendant qu'on y est, n'oublions pas de mentionner la pêche et le potager.
Pour la première (nécessaire à certaines quêtes), à l'exception de la plage de départ où l'on n'attrape qu'un seul type de poisson, ça ne fonctionnait tout simplement pas, et je n'ai ni compris ni cherché à comprendre pourquoi. Ça ne devrait pourtant pas être plus compliqué de pêcher une sardine qu'un poisson shaman, je ne sais même pas si ça existe vraiment un poisson shaman !
Quant au potager, il suffit de planter des graines dans le jardin, mettre de l'engrais si on en a, arroser, et le tour est joué, suffit d'attendre que ça pousse. Maintenant, l'idée géniale, c'est cette attente se fait en temps réel, et non en temps de jeu. Ça veut dire qu'on peut planter sa graine, arrêter la console, rallumer le lendemain et récolter tout de suite... ou qu'on peut planter, continuer de jouer et bien progresser dans l'histoire, mais toujours pas récolter parce que ça ne fait pas encore assez longtemps. Ce qui implique que si on compte là-dessus pour accomplir une quête annexe mais qu'on joue plus de deux heures dans sa journée, bah la quête est devenue indisponible avant qu'on puisse récolter, c'est sympa (parce que quand on arrive à la moitié du jeu, impossible de deviner qu'il va y avoir un gros changement et que toutes les quêtes non terminées seront perdues). Ce n'est pourtant pas comme si on avait affaire à un jeu très long qui demandera des semaines avant d'en voir le bout...

Le temps de jeu, justement, parlons-en : en terminant un peu plus de la moitié des quêtes annexes, j'ai mis entre 20 et 25h pour voir la fin. Si l'on prend en compte l'aspect RPG, même orienté action, cela paraît plutôt court. Et pourtant, il aurait gagné à être écourté de tous ces allers-retours et de ces quêtes annexes laborieuses. Mettez un accès rapide à l'entrée de chaque zone déjà explorée, augmentez sérieusement le taux d'apparition des objets de quête : dans ces conditions, j'aurais probablement tourné autour des 15h (quoique, j'aurais probablement accompli plus de quêtes annexes). Mais ce qu'on perdrait en durée de vie, on le gagnerait en intensité, à mon sens ça vaudrait le coup.
Et pourtant non, jusqu'au bout le jeu va miser sur la répétition pour accroître sa longévité : je parle ici de la rejouabilité. Après avoir achevé l'aventure, on nous dit qu'on a vu la « fin A » et qu'il est possible de reprendre la sauvegarde finale pour en apprendre plus sur le personnage de Kainé. D'accord, je charge donc la sauvegarde finale, j'en apprends effectivement plus sur le passé de ce personnage, et même si ce n'est que sous forme de texte, c'est plutôt bienvenu. Ce que je n'avais pas vu venir, c'est qu'après avoir tout lu, on reprend l'aventure au milieu du jeu, et il faudrait refaire toute la seconde partie pour avoir accès à la fin B.
Non mais sérieusement, en jouant une seule fois j'en avais déjà marre de refaire mille fois les mêmes trajets, alors désolé mais non, je n'ai aucune envie de recommencer la même chose derrière. Cela dit, à l'heure actuelle, j'ai vite fait d'aller trouver un let's play pour visionner cette fameuse fin B : ce n'est même pas une fin alternative à la A, elle est complémentaire ! (Et accessoirement elle ne concerne pas du tout Kainé.) Il n'y avait absolument aucune raison de les séparer... si ce n'est augmenter la durée de jeu. Et derrière, si ça vous dit, il y a encore une fin C et une fin D, qui elles nécessitent d'avoir rempli des conditions particulières, au moins là ça se justifie.

Autre élément répétitif : la musique, tout particulièrement celle du village, c'est-à-dire l'endroit où l'on revient le plus souvent, qui m'a un peu donné l'impression d'entendre quelqu'un qui apprend la guitare, qui maîtrise enfin une unique ligne mélodique et qui la répète en boucle ad nauseam. Après, ça varie selon les lieux, mais même dans le meilleur des cas, vraiment rien de transcendant.
D'ailleurs, il paraît que certains trouvent la musique de Nier géniale, et là je dois avouer que je ne comprends pas. Mais vraiment pas. Je parle rarement de la musique des jeux vidéo parce que j'ai du mal à la prendre à part, pour moi elle fait partie de l'immersion dans son ensemble. Ce qui ne m'empêche pas de l'apprécier à l'occasion, parmi les derniers jeux auxquels j'ai joué j'ai notamment trouvé celle de Xenoblade Chronicles très très bonne, mais le plus souvent, si j'y prête particulièrement attention, c'est qu'elle me dérange, et c'était le cas dans Nier. Franchement, pour moi ça alternait entre le passable et l'agaçant, au point que j'ai fini par aller dans les options la régler à un niveau très bas.

*

Enfin voilà, je râle, je râle, mais grâce aux qualités mentionnées plus tôt, j'ai tout de même apprécié l'aventure.
Maintenant, je ne me suis pas du tout renseigné quant aux nouveautés qu'offre Nier Replicant ver.1.22474487139... et je doute d'être exaucé pour un seul de ces points, mais pour que je l'achète, me paraissent indispensables, comme évoqué plus haut, un vrai système de voyage rapide qui éviterait les très très très très nombreux allers-retours ainsi qu'un taux d'apparition des objets de quêtes revu à la hausse, et moins indispensables mais seraient tout de même très sympathiques des compléments scénaristiques et la possibilité de jouer Kainé (et pourquoi pas Emil). Et si on me dit que ces quatre points sont présents dans la nouvelle version, je veux bien non seulement l'acheter mais aussi faire toutes les fins.
Alors, je rêve un peu ou je rêve beaucoup ?
En attendant, je ne vais pas enchaîner tout de suite dessus, mais j'ai aussi Nier Automata qui m'attend, et si celui-là réussit à conserver les qualités de son aîné tout en gommant les défauts, je pourrais bien le trouver à la hauteur de sa réputation.

erotaku

De erotaku, le 26 Juillet 2013 à 08h28

j'ai bien aimé ce jeux

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