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Voq

De Voq [682 Pts], le 13 Juillet 2022 à 14h53

13/20

Ne m'étant lancé que récemment dans Kingdom Hearts, je ne me suis pas trop senti concerné par la longue attente précédant l'arrivée du III. En revanche, j'ai souvenir d'un effet pétard mouillé à sa sortie - probablement dû à quelques déçus qui s'exprimaient plus fort que les autres, vu que si je regarde aujourd'hui, je trouve essentiellement des avis très positifs. Ça, et le fait de le trouver à dix euros moins de six mois après sa sortie, sans oublier les éditions deluxe à prix cassé quand c'est plutôt le genre de truc qui prend de la valeur, habituellement : c'est rarement bon signe, même le prix de FFXIII ne s'était pas effondré aussi rapidement !
Bref, je me suis lancé avec l'idée pas forcément justifiée d'un jeu qui avait déçu les fans, alors moi qui n'ai pas adoré les précédents opus, je m'attendais au pire...


Où l'on se tape l'incruste dans les mondes Disney

Une fois la partie introductive évacuée, quand on découvre quel sera le premier monde, je suis déçu avant même d'avoir commencé à jouer. Encore Hercule ? On n'y a pas déjà eu droit dans KH I, II et Birth By Sleep ? Disney n'a pas sorti suffisamment de films qu'il faille toujours réutiliser les mêmes ?
C'est là que le jeu va me surprendre. Auparavant, on avait surtout visité le colisée. Et un petit bout de ville, et un passage dans les enfers. Le mont Olympe avec la demeure des dieux, les titans, ça on n'y avait pas encore eu droit. Un niveau Hercule beaucoup plus riche que ce qu'on a pu connaître, donc. Avec un level design et des graphismes qui font de son exploration un vrai plaisir. Parce qu'en plus oui, le jeu est beau (même Sora n'a plus sa tête de psychopathe aux yeux exorbités que le premier jeu s'acharnait à nous montrer en gros plan, c'est dire !), et il me le paraît d'autant plus qu'avant ça j'ai enchaîné des jeux plus anciens (Eternal Sonata, Trails In The Sky...) ou moins aboutis visuellement (Persona 5 Strikers). Moi qui ai surtout retenu les mondes Disney dans les premiers Kingdom Hearts, à ce stade, je suis conquis. Si tout le jeu est de cet acabit, on est carrément au-dessus des I et II !

Un petit passage par la Cité du Crépuscule (un lieu spécifique à la saga) où l'on aura l'occasion de croiser l'oncle Picsou et le petit chef de Ratatouille, et on passe enfin aux vraies nouveautés. Voilà Toy Story ! Et autant je ne suis pas spécialement attaché au film d'animation, autant le grand enfant que je suis s'éclate dans ce gigantesque coffre à jouets. Puis on passe à Raiponce, et la traversée de la forêt peut paraître un poil longuette, mais le côté enchanteur fait facilement passer outre. Puis Monstres & Cie, et c'est une idée ou le niveau consiste pour l'essentiel en une succession de longs couloirs ? D'accord, ça reste pas mal fichu dans l'ensemble, mais... il y a comme un gouffre entre l'enthousiasme ressenti quelques heures plus tôt et ce « pas mal ».
Juste un petit passage à vide ? Eh non, on descend encore d'un cran avec La Reine des Neiges qui est tout juste potable. Avec le succès fulgurant du long métrage, c'était pourtant LE monde à bichonner ! Là, on ne voit même pas un bout d'Arendelle, on se contente de suivre les looooongs sentiers de montagne et de s'égarer dans une structure qui sort d'on ne sait où. Pendant une bonne moitié du niveau, j'ai même cru qu'on ne verrait aucun autre personnage qu'Elsa. Ça s'améliore un peu quand on rencontre Anna, Sven et... euh... le type qui est toujours avec Sven (de toute façon personne ne se rappelle son nom), mais pour ce qui est de l'histoire, on se contente de piocher quelques extraits du film en les sortant complètement de leur contexte. Contrairement aux autres histoires qui, même incomplètes, restent parfaitement abordables, là, si j'y avais joué avant d'avoir vu le film, je n'aurais clairement pas tout compris. Bref, c'est vraiment le niveau qui m'a donné une impression de je-m'en-foutisme de la part des développeurs : « Bah, on leur a mis leur chanson, là, ils seront contents, pas besoin de se casser la tête pour le reste. »

Après ça, c'est retour à Pirates des Caraïbes, mais comme pour Hercule, c'est fait différemment de KH II. Récolter des crabes n'a rien de bien passionnant, mais l'exploration est sympa. Je reprocherais tout de même le voyage libre en bateau qui est assez laborieux, notamment à cause des batailles navales qui viennent nous interrompre toutes les trente secondes : ça coupe un peu l'envie d'aller découvrir les petites îles optionnelles, c'est dommage.
Et pour terminer avec les mondes Disney, on découvre San Fransokyo (Les Nouveaux Héros) en mode ville ouverte. Alors c'est plutôt amusant de s'y balader, et tant qu'on a un objectif clairement affiché sur la carte, on s'y retrouve, mais sinon, c'est une sacrée galère pour s'y repérer. Elle n'est pourtant pas gigantesque, mais ayant déjà eu bien du mal à savoir où aller à certains moments de la quête principale, je n'étais plus trop chaud pour m'y attarder une fois celle-ci terminée.

Bilan mitigé, donc. Dans un premier temps, les niveaux savent se montrer particulièrement convaincants, mais ensuite, on assiste à une grosse baisse de régime, sans aller jusqu'au franchement mauvais, heureusement. Une vague de laisser-aller qui s'est abattue en cours de route sur l'équipe de développement ? Un manque de temps qui l'aurait empêchée de peaufiner tous les mondes comme ils l'auraient mérité ? Pour le joueur, ça ne fait pas grande différence.


Où l'on relie péniblement tous les fils du destin

Arrivé à ce point, il serait temps de se rappeler que Kingdom Hearts, ce n'est pas uniquement Disney.

À une époque, la saga était aussi connue pour son mélange avec Final Fantasy, mais cette époque semble révolue : fini le placement de personnages qui ne sont là que pour attirer les fans de la célèbre licence de Squaresoft, KH n'a plus besoin de cette publicité. Autrement dit, fini le massacre des personnages FF, en voilà une excellente nouvelle !

Ce qui reste en dehors de Disney, donc, c'est l'histoire propre à Kingdom Hearts.
À titre purement personnel, entre un Sora qui mérite la palme du héros de RPG le plus insipide que je connaisse, et une intrigue qui ne m'a toujours paru qu'un gros prétexte pour justifier les incursions dans ces différents univers tout en devenant inutilement alambiquée avec le développement de la licence (je ferais une exception pour Birth By Sleep qui était mieux fichu de ce point de vue)... eh bien cette histoire, je m'en fous un peu.
Mais bon, entre n'en avoir pas grand-chose à faire et zapper carrément les cinématiques, il y a un pas que je n'ai tout de même pas franchi. Et partant de là, je peux comprendre que certains fans aient été déçus.

Alors déjà, la visite des différents mondes, on n'en a plus rien à faire d'inclure ça dans le scénario global. On y claque des monstres pour dire de, on y fait apparaître un méchant dont le seul but est de paraître énigmatique, et le tour est joué. Et quand je parle de paraître énigmatique, j'entends surtout du blabla sans intérêt ni utilité. Même quand ça fait un minimum de sens (cette histoire de nouvelles princesses de lumière), ce n'est pas du tout exploité dans la suite !
Il y a aussi des apparitions de Maléfique et Pat Hibulaire, mais pareil, elles ne servent à rien ; ces deux-là ne font que passer sans avoir la moindre utilité scénaristique.

En fait, tout ce qui a trait à l'intrigue de fond se limite à des cinématiques longuettes entre les niveaux (et sans aucun lien avec eux), au très court deuxième monde (la Cité du Crépuscule, dont on retiendra davantage la rencontre avec le rat de Ratatouille), et au niveau final (qui n'a plus de lien avec Disney, si ce n'est la participation de Mickey, Donald et Dingoofy, personnages récurrents de la saga).
Et là, c'est un festival. Les méchants apparaissent plus que jamais comme une belle bande de guignols, Sora a évolué pour ne plus être seulement insipide mais avoir en prime les réactions puériles d'un gamin tête à claques, le reste du casting est sous-exploité car trop chargé et condensé sur une portion de jeu trop réduite, les références forcées à TOUS les épisodes de la saga rendent ça franchement indigeste, les difficultés sont surmontées à grands coups de deux ex machina, et le combat final s'étire tellement en longueur qu'à la fin on n'est pas content d'avoir réussi à le battre, juste soulagé que ce soit fini.
Cerise sur le gâteau, puisque c'était censé être la conclusion de la saga, on a droit à une fin pas trop claire qui laisse la porte grande ouverte à une suite. Ô surprise, un Kingdom Hearts IV a justement été annoncé il y a quelques mois (pour une sortie en 2029 ?).


Où le combat n'est qu'une activité parmi d'autres

Côté gameplay enfin, on reste essentiellement en terrain connu. Le jeu est plutôt maniable et agréable à prendre en main, avec juste ce qu'il faut de petites particularités pour ne pas paraître complètement générique, sans pour autant rendre l'expérience inoubliable.
On retrouve notamment le système « fluidité » de Dream Drop Distance qui permet d'interagir avec le décor que ce soit en déplacement ou en combat (tournoyer autour des poteaux, rebondir sur les murs...), mais bizarrement moins fluide que dans DDD, et donc avec un intérêt plus limité.
On retrouve également les changements de forme liés aux armes et coups de grâce associés, ou encore les invocations, avec une efficacité très variable : s'il est plus amusant/original d'invoquer Ralph, les attaques de Simba se révéleront autrement plus utiles.
Plus remarquables de par leur nouveauté, KH III introduit de nouvelles attaques spéciales sous forme d'attractions inspirées des parcs à thème, infligeant de lourds dégâts à un boss ou frappant dans le tas contre des hordes ennemies : le bateau pirate, le carrousel, les tasses à café, le vaisseau laser, le train de la mine...
En reproche principal, on retiendra des combats de boss pas bien folichons, mais rien de catastrophique non plus.

Maintenant, si on laisse un peu de côté les combats standards, on se rappelle que KH I et II possédaient de laborieuses phases de shoot 'em up, inévitables pour accéder à de nouveaux mondes. Eh bien ces phases sont de retour... mais en tout de même mieux fichu. On a désormais des secteurs ouverts où, à bord d'un vaisseau plus maniable que par le passé, on peut explorer et combattre à volonté, récompenses à la clé... ou éviter tout ça et tracer jusqu'à la prochaine destination.
On pourrait éventuellement reprocher les trois-quatre batailles spatiales à livrer impérativement au cours du jeu, mais ce n'est plus la corvée que ça a été.

En plus de cela, KH III est également bien fourni en mini-jeux, histoire de varier les plaisirs.
Certains sont contextuels et liés au chapitre en cours : danser avec Raiponce, reconstituer le corps d'un Olaf sauvagement démembré, suivre un parcours balisé à San Fransokyo...
Les mini-jeux de cuisine avec Ratatouille (accessibles depuis n'importe quel point de sauvegarde) sont plus utilitaires, puisqu'ils permettent d'obtenir des plats conférant des bonus temporaires.
Plus facultatif, on peut collectionner des jeux type Game & Watch, qui n'apportent rien en plus de ne pas avoir de fin : une fois le niveau 99 passé, les niveaux ne sont plus numérotés mais s'enchaînent indéfiniment tant qu'on ne perd pas nos trois vies. Oui, j'ai testé, avec pour seul résultat l'impression d'avoir perdu mon temps. Disons que ça peut être amusant si on perd assez vite, sinon ça devient ennuyeux et terriblement répétitif.
On notera aussi le retour du livre de Winnie, qui se limite cette fois à trois niveaux d'un mini-jeu où il faut aligner des rangées de fruits et légumes.
Et si ça ne suffit toujours pas, on trouvera à travers les différents mondes des « emblèmes fétiches » (des têtes de Mickey) plus ou moins cachés, à prendre en photo afin d'obtenir diverses récompenses. Avec la mauvaise idée de ne rendre ça disponible qu'après le niveau d'Hercule, obligeant donc à le réexplorer en entier si on veut retrouver les emblèmes qu'on avait vus sans savoir à quoi ils servaient. Entre ça et certains emblèmes vraiment bien cachés, seuls les plus acharnés auront la collection complète.
Bref, encore une fois rien de vraiment indispensable, mais ça reste plutôt plaisant dans l'ensemble, un moyen de faire une petite pause ludique entre les combats.


Conclusion

Des niveaux inégaux, une réussite visuelle, un gameplay sympathique mais pas exceptionnel, un traitement des personnages à la ramasse et une trame de fond lourdingue : là où certains éléments pourraient faire de Kingdom Hearts III un très bon jeu, d'autres le tirent malheureusement vers le bas.
À l'image de ses prédécesseurs, je n'en retiendrai rien de plus que ses aventures dans différents mondes Disney, certains mieux réussis que d'autres. Comparé à mes attentes de base, je reste sur une impression globalement positive... mais une fois arrivé au bout, aucune envie de m'y attarder plus que nécessaire, et je me suis dépêché de le laisser derrière moi pour me jeter sur un certain Trails In The Sky the 3rd.
Et du coup, l'annonce de Kingdom Heart IV... eh bien oui, j'ai plutôt envie d'y jouer. Mais ce ne sera pas day one, et je ne ferai pas partie de ceux qui s'impatienteront si cet épisode est aussi long à sortir que le III.

erotaku

De erotaku, le 10 Novembre 2013 à 13h59

vivement qu'il sorte

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