Resident Evil - Infinite Darkness - Actualité anime
Resident Evil - Infinite Darkness - Anime

Resident Evil - Infinite Darkness : Critiques

Critique de l'anime : Resident Evil - Infinite Darkness

Publiée le Jeudi, 29 Juillet 2021

A l'instar d'autres licences comme Pokémon et Persona, la série vidéoludique Resident Evil (ou Biohazard pour les amoureux du titre d'origine) fête ses 25 ans en 2021. Capcom n'a d'ailleurs pas tardé a annoncé les projets anniversaires, qu'il s'agisse du jeu Resident Evil Village, huitième opus principal de la saga, ou de différentes adaptations audiovisuelles. Dans le lot, une série live qui réinterprétera l'univers à sa sauce, un nouveau film en prise de vue réelle qui jouera visiblement la carte de la fidélité, et un nouveau projet d'anime en CGI à l'instar des films que furent Degeneration, Damnation et Vendetta. Le tout à destination de Netflix, afin de permettre la diffusion la plus large possible et en simultanée.

Première série animée de la licence, le projet trouve vite un nom : Resident Evil : Infinite Darkness. Cependant, l'annonce définitive de son format décevra, puisque seuls quatre épisodes d'environ 25 minutes composeront cette histoire. A peine un peu plus qu'un film, en somme.


La série naît d'une collaboration entre TMS Entertainment et le studio Quebico, en charge de l'aspect CGI du long-métrage. Ayant déjà œuvré sur les films live Assassination Classroom, Eiichirô Hasumi réalise cette courte série, avec l'appui de Shôgo Mutô au scénario. Ce dernier est à même de proposer une écriture plus cinématographique, puisqu'il a œuvré sur les scénarios des films Crows Zero et sur l'adaptation live de Thermae Romae. Enfin, soulignons la composition musicale de Yûgo Kanno, le même qui fut en charge des musiques de Psycho-Pass, Jojo's Bizarre Adventure dès sa troisième partie, et Gundam : Reconguista in G. Il succède à Kenji Kawai qui œuvrait sur Vendetta, un point sur lequel nous reviendrons en temps voulu.

Un complot visant les États-Unis ?

L'histoire d'Infinite Darkness démarre deux années après les événements de Resident Evil 4, et avant ceux du cinquième opus. La Maison Blanche est la cible de cyberattaques, une situation de crise qui justifie le renfort d'agents de choix. Parmi eux, le survivant d'une troupe d'élite de l'armée, Jason, mais aussi de Leon S. Kennedy, dans lequel le Président place toute sa confiance depuis le sauvetage de sa fille, Ashley Graham, lors des événements du quatrième épisode vidéoludique.

Au même moment, Claire Redfield a intégré l'ONG Terrasave et se rend au Penamstan, un pays oriental ravagé par la guerre civile des années auparavant. Elle fait la rencontre d'un jeune garçon, rendu muet par le traumatisme de la guerre, et qui s'exprime par son talent de dessinateur. Dans le carnet de croquis de l'adolescent, Claire observe une scène similaire à l'horreur qu'elle a vécu à Racoon City, la poussant à mener l'enquête sur la tragédie qui a frappé le pays... Et si le bioterrorisme n'était pas loin ?


Une intrigue simple, potentiellement efficace... mais gâchée

Si le format d'Infinite Darkness fait tiquer, c'est parce qu'il est complexe de traiter de véritables enjeux forts sur un format global de deux petites heures. Pour ces raisons (en partie), les films live ne constituaient pas de surprise dans leur écriture et s'appréciaient surtout en terme de divertissement. On pense forcément à Vendetta et son antagoniste cliché, pour un métrage dont la saveur repose sur les cabrioles des protagonistes dignes de la série B (voire Z).


Le scénario choisit de se poser avant les grands événements narrés dans mes 5e et 6e épisodes. L'action a lieu après le quatrième jeu, la place étant propice pour justifier la place de Leon aux côtés du Président. Passé ce détail, les connexions avec le quatrième épisode sont presque inexistantes, si ce n'est un caméo d'Ashley Graham via un portrait sur le bureau de son père. Le choix de cette place dans la chronologie est expliquée par les scénariste pour un aspect : Une volonté de présenter un Leon bien avant sa chute psychologique, le personnage étant bien plus sombre dans RE6 et dans le film Vendetta. Une très noble intention, mais qu'en est-il du résultat ?


Sur les trois premiers épisodes, difficile de nier le potentiel de l'intrigue. Via un complot géopolitique somme toute simple, le scénario parvient à mettre en lumière les doutes qui peuvent planer envers l'action des États-Unis vis à vis des incidents bioterroristes présentés dans les premiers jeux. Resident Evil a parfois eu un discours anti-américain en nuançant l'héroïsme de la nation forte avec son implication dans les événements clés de l'univers, ce que cherche à retranscrire Infinite Darkness. Pour un Leon très patriote au point d’œuvrer pour le Président en personne, l'idée est forte, mais le format de la série est malheureusement incompatible avec de telles ambitions.

Ainsi, les révélations sur le complot derrière cette histoire nous parvient avec certaines évidences, dès le second épisode. Sur quatre fois 25 minutes, pas le temps de s'attarder, aussi l'écriture est ponctuée de facilités telle que des personnages presque capables de se téléporter d'un pays à un autre, ou des antagonistes dont les psychologies finissent par tomber à plat. Le « boss final » d'Infinite Darkness a de quoi figurer parmi les adversaires les plus clichés de la licence tant ses ambitions ne véhiculent aucune idée. Il fallait simplement une arme biologique en guise d'adversaire final comme chaque opus en inclus un dans son cahier des charges, l'écriture n'ayant pas su s’accommoder avec les limites de la production pour intelligemment traiter cela. Car à côté, on reprochera une Claire à l'utilité limitée, ou des arcs de personnages conclus par dessus la jambe. Le récit initial avait trop d'idée pour un si court format, ce qui amène une écriture fatalement abrupte. L'ensemble est d'autant plus frustrant que jusque dans la scène finale, Infinite Darkness cherche à proposer ses idées, notamment en ce qui concerne Leon. Mais l'ensemble reste superficiel quand il n'est pas grossièrement traité. Et à ce titre, on aura tendance à préférer un Resident Evil Vendetta qui s'assume comme un pur divertissement, sans chercher à étonner par son scénario.



Quid de l'action et de la réalisation ?

Infinite Darkness, à défaut d'avoir un scénario solide, pouvait donc miser sur son rendu technique et sa réalisation pour créer un divertissement efficace. Balayons d'entrée de jeu le rendu de la CGI : Celui-ci est somme toute honnête. La collaboration entre TMS Entertainment et Quebico donne lieu à des images de synthèse qui ne révolutionneront rien, mais qui s'avèrent suffisamment équilibrée pour garantir une certaine efficacité. Grâce à la motion capture, les personnages sont rendus expressif, ce qui pouvait être le piège du procédé. Quelques effets feront tiquer ci et là, comme les chevelures aux mouvements parfois maladroits, mais rien qui permettrait de qualifier la mini-série des pires sobriquets.


A côté, Eiichirô Hatsumo livre une réalisation qui jongle entre les angles de vue, de telle sorte à rappeler aux joueurs leurs expériences diverses sur les différents volets. Les scènes d'action jouent ainsi entre des angles de type TPS qui se placeront juste derrière l'épaule d'un personnage, ce qui est curieux sur le plan cinématographique mais amusant quand on a les jeux en mémoires, et des angles de caméra bien plus libres qui mettront l'immersion au sein l'action au premier plan. A ce titre, la scène du sous-marin dans le deuxième épisode se révèle très efficace. Le combat final a, malheureusement, une chorégraphie trop statique pour véritable créer l'adrénaline. Le problème est plutôt d'ordre scénaristique, les idées présentées empêchant une réalisation libre et nerveuse.

L'immersion réside aussi, en partie, sur les compositions de Yûgo Kanno. Dans Vendetta, Kenji Kawai ne parvenait malheureusement pas à écarter sa patte qui ne collait pas forcément à une ambiance Resident Evil. Tout en gardant des petites facettes musicales qui le caractérise, Yûgo Kanno se prête bien à l'exercice de ces intrigues aux complots mystérieux, et aux scènes d'action ambitieuses. Sa proposition s'avère davantage conforme aux compositions entendues sur Resident Evil 2 et 3 ainsi que leurs remakes, par exemple, ce qui placera le spectateur joueur en terrain connu.


Une VF de qualité, mais un énième jonglage entre comédiens

Production exclusive à Netflix oblige, la mini série a droit à un doublage en français, de très bonne facture. Celui-ci est assuré par Benoît Du Pac au sein du studio Deluxe Media Paris, et on notera le nom du très bon Donald Reignoux en tant que consultant linguistique.

Il y a peu de choses à pointer du doigt dans les différentes interprétations. Le casting de personnages assez réduit permet une analyse recentrée, et on constate rapidement que chaque comédien rentre rapidement dans son rôle. Anatole de Bodinat campe un Leon charismatique, cynique et parfois désabusé, là où Kelly Marot retrouve une Claire Redfield à la détermination évidente et à l'humanité resplendissante. Du côté des nouvelles figures, Geneviève Doang et Boris Rehlinger (le même qui a interprété l'imposant Chris Redfield dans la quasi totalité des VF de la saga) savent donner une personnalités à ces deux personnages différents et ambigus. On saluera aussi la performance de Patrick Mancini qui incarne comme il se doit un président parfait et utopique, caractère qui ne pouvait être autre pour le papa d'Ashley du quatrième épisode numéroté vidéoludique.


Pourtant, il y a un « mais », du côté des fans de la saga notamment. Le choix d'Anatole de Bodinat sur Leon et de Kelly Marot sur Claire n'a rien d'un hasard, puisque tous deux reprennent les rôles qu'on leur a confié sur le remake du jeu Resident Evil 2. Une cohérence assez légitime donc, mais on regrettera que ces choix trahissent une nouvelle fois les productions précédentes. Leon écope donc d'une troisième voix, Mathieu Moreau l'ayant incarné sur le film Degeneration, laissant ensuite sa place à Gilles Morvan sur RE6 et les métrages Damnation et Vendetta, ce qui amenait une homogénéité. Concernant Claire, c'est davantage la fête au village puisque Maia Baran l'incarna sur Degeneration et Laurence Dourlens sur Revelations 2. Si on pouvait comprendre les changements de voix sur le remake du deuxième épisode étant donné que les personnages paraissaient plus jeunes pour ne pas dire pré-adultes, ramener un casting déjà rompu à la saga sur les autres productions flirtant avec la chronologie d'Infinite Darkness aurait été bien plus cohérent. L'exercice est pourtant possible puisque le comédien Boris Rehlinger demeure la voix française « officielle » de Chris Redfield sur les jeux Revelations, RE6, RE7 et Village, n'étant absent que sur Vendetta où le personnage est campé par Eilias Changuel.

Conclusion


Resident Evil : Infinite Darkness remplit finalement son office en tant que divertissement pêchu destiné au grand public, profitant d'une insertion soignée dans la saga qui multiplie les supports et les médiums. Pourtant, le show n'est pas exempt de défauts : Bourré de facilités scénaristiques, ne portant pas ses messages jusqu'au bout et subissant les affres du format réduit, la série ne reste qu'un film découpé en quatre épisodes, bien trop expédié dans son récit, et qui ne parvient pas à assumer ses ambitions. Moins cabriolant que l'excentrique film Vendetta, Infinite Darkness décevra peut-être davantage du fait que la production profite d'une réalisation honnête ponctuée d'idées, et d'axes de traitement très pertinentes à l'égard de la saga Resident Evil. Il serait temps que Capcom amorce une production audiovisuelle (film ou série) à la hauteur de sa licence d'action/horreur.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

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