Mayoiga - The Lost Village - Actualité anime

Mayoiga - The Lost Village : Critiques

Critique de l'anime : Mayoiga - The Lost Village

Publiée le Jeudi, 11 Janvier 2018

Tout commence par un trajet en bus, celui qui emmène une trentaine de femmes et d'hommes en direction de Nanaki, un village pour le moins... particulier. En effet, cet endroit est déserté et complètement perdu en pleine montagne, à tel point qu'on dit parfois qu'il n'est qu'une légende. C'est pourtant en ce lieu que les 30 voyageurs ont décidé d'aller prendre un nouveau départ, tout reprendre à zéro pour changer de vie. En théorie, aucun d'eux ne se connaît, et tous ont une bonne raison strictement personnelle de vouloir repartir de zéro. Mais une fois le groupe arrivé à Nanaki, tout se passera-t-il comme prévu ? L'endroit est très étrange, il semble y planer comme une menace. Et ils ne tarderont pas à prendre conscience qu'un lourd secret se terre dans ce village abandonné et absent des cartes...



Difficile de faire plus intriguant que le mystérieux pitch de base de Mayoiga, une série qui fut diffusée au Japon du 1er avril au 18 juin 2016. En France, c'est la plateforme Crunchyroll qui nous a proposé de la découvrir en simulcast en vostf. Cet anime de 12 épisodes titre son nom des Contes de Tonô, un ouvrage folklorique de Kunio Yanagita (en gros, le terme "mayoiga" désigne des maisons ou villages complètement isolés dans la montagne). Il a été produit par le studio Diomedea, auquel on doit notamment Kantai Collection, Binan Kôkô Chikyû Bôei-bu LOVE!, ou plus récemment My Girlfriend is Too Much to Handle. La réalisation, elle, a été assurée par Tsutomu Mizushima, un réalisateur de choix puisqu'on lui doit les très bons Genshiken, Hare+Guu, Prison School ou encore Another ! Quant au character design et aux musiques, on les doit respectivement à Naomi Ide (Action Heroine Cheer Fruits) et Masaru Yokoyama (Your lie in april, Mobile Suit Gundam : Iron-Blooded Orphans, Freaky Girls).
Enfin, le scénario de ce projet original a été conçu par la très prolifique et reconnue Mari Okada, à qui l'on doit notamment les histoires d'AnoHana, Kiznaiver, Black Butler, Darker than black, Lupin III: une femme nommée Fujiko Mine, Black Rock Shooter... soit une scénariste plutôt incontournable. Doté d'un staff globalement plutôt alléchant, Mayoiga attise d'emblée de grosses attentes, d'autant plus que l'oeuvre a été pensée dès le départ pour se décliner sur plusieurs supports : il existe également une version manga (en 2 tomes) ainsi qu'un roman parus quasiment dans la foulée de l'anime. Mais tout ceci en valait-il vraiment la peine ? En effet, sous des premiers abords plutôt séduisants, la série s'avère être au bout du compte un gros pétard mouillé.





Tout commence pourtant de plutôt bonne manière, avec une ambiance assez bien installée pendant le voyage en bus et durant les premiers moments passés au sein du village perdu de Nanaki. L'oeuvre propose facilement une atmosphère mystérieuse intrigante, tout en distillant des premiers éléments assez inquiétants. Certains de ces éléments laissent déjà quand même quelques craintes quant à la suite, à cause de comportements désespérants (franchement, le chauffeur du bus... pourquoi personne ne réagit devant sa façon d'agir ?), mais dans l'ensemble il y a de bonnes pistes : des visions terrifiantes apparaissant devant les visiteurs, les différents secrets que chacun d'eux semble cacher, puis la disparition de l'un d'eux qui va commencer à installer une sorte de psychose... Mais une fois ces promesses des tout premiers épisodes passées, la série, malheureusement, se plante, pour plusieurs raisons.



La première d'entre elles, c'est la gestion du casting. En seulement 12 épisodes, la série prend le parti d'essayer d'offrir à quasiment chacun des personnages son petit background, puisque chacun d'eux a ses raisons pour avoir voulu démarrer une nouvelle vie à Nanaki. Mais bien aborder une trentaine de personnages en seulement 12 épisodes, c'est un peu mission impossible... La plupart sont expédiés, et très peu d'entre eux sortent du lot, car au final aucun, hormis vaguement les deux personnages principaux qui sont Mitsumune et Masaki, aucun n'a droit à un réel traitement potable. Il y a pourtant quelques visages que l'on retient un peu, comme Lion ou Hayato, mais même eux au final sont bâclés. Pire : pour tenter de différencier plus facilement les nombreux personnages, la scénariste a choisi d'en faire d'énormes stéréotypes. On aura droit, entre autres, au cliché de rappeur, à la gamine taciturne, à l'allumeuse, au rondouillard qui pense souvent avec son estomac (pitié...), à l'excentrique malveillant, à l'intello à lunettes qui veut diriger... le pire étant peut-être le jeune couple gaga, complètement insupportable et particulièrement inutile d'un bout à l'autre. Dans l'ensemble, la galerie de personnages devient alors vite agaçante en se limitant à quelques traits de caractère clichés.





L'autre gros problème, c'est le pourquoi du comment des faits étranges se déroulant à Nanaki. Concrètement, sans trop spoiler, l'idée de base est très intéressante, en faisant des fameuses visions un miroir de l'âme des personnages... mais une fois cette vérité balancée après quelques épisodes, il ne se passe plus rien ! Le scénario n'utilise cette bonne idée qu'en surface, de manière très superficielle, en ne développant rien, et en préférant se perdre dans les divers petits focus très courts sur les personnages, qui n'en ressortent pas plus intéressants ou identifiables. Une fois les premiers épisodes passés, on se retrouve alors avec un milieu de série où il ne se passe, pour ainsi dire, strictement rien de valable.



Ensuite, il y a le cas du principal fil conducteur de la série, autour de Mitsumune, un adolescent tristement banal qui sert de personnage principal, et de Masaki, mignonne jeune fille qui très vite intéresse de près le héros, mais qui semble cacher un rapport à part avec le village... si bien qu'elle finira vite par apparaître comme une sorcière aux yeux de plusieurs autres personnages. Comme ça, plop, sans raison vraiment travaillée. Ecartée puis pourchassée par les autres, la jeune fille pourra peut-être compter sur Mitsumune... mais concrètement, euh, on s'en fiche, tant ce vague fil rouge est dilué.

Difficile, également, de ne pas remarquer les nombreuses facilités et incohérences du récit, celles étant bien souvent dues à un point : le comportement de la plupart des personnages. Soit ils sont trop clichés, soit ils ne s'interrogent pas de façon crédible sur ce qui se passe autour d'eux, soit ils changent trop soudainement de façon de voir les choses et de considérer les autres... C'est une catastrophe, qui ne fait que les rendre encore plus insupportables. La cerise sur la gâteau étant peut-être le comportement de Hayato dans le dernier épisode, qui sort un peu de nulle part.



Et justement, parlons-en, du dernier épisode. Complètement expédié dans sa finalité, et encore plus dans les décisions des personnages, le final laisse une impression amère, avec une interrogation qui s'empare du spectateur : tout ça pour ça ?

Visuellement, la série fait plutôt bien illusion dans un premier temps : l'ensemble est soigné, avec une animation correcte, des décors assez immersifs, et surtout une bande-son qui fait très bien le job. Les musiques, tout au long de la série, restent d'ailleurs l'un des petits points forts, en étant quasiment omniprésentes. Les morceaux ont certes tendance à trop se répéter et à tourner en boucle, mais certains ont des sonorités très bien trouvées et qui restent en tête, et l'ambiance est ainsi assurée un minimum. Mais plus on avance dans la série, plus les carences sont évidentes. Plus d'une fois, les scènes un peu plus vives se contentent de mettre la même animation en boucle de façon flagrante. Et que dire du design des visions ? Le choix a été fait de les concevoir dans des sortes d'images de synthèse tout simplement immondes, dignes d'un film de série B passant le soir sur NT1... Les designs des ces visions sont hideux, tout comme leur animation. Pourquoi ? Enfin, il y a la question du character design qui ne plaira pas à tout le monde : l'ensemble est très aseptisé, avec des physiques plutôt mignons (ça en devient très exagéré pour Masaki) et très passe-partout pour la plupart, hormis pour certains qui se retrouvent avec un look horriblement cliché (comme le pseudo rappeur), ce qui n'est pas forcément mieux. Pour une série qui, à la base, est censée jouer sur le mystère et l'angoisse, c'est étrange (à moins d'accentuer ce parti-pris dans le bon sens, comme dans Higurashi no naku koro ni).





Après des premiers épisodes qui parviennent à faire illusion, Mayoiga se noie dans un manque d'intérêt complet. Tout le milieu de série est mou et plat, les personnages peinent à intéresser et quasiment aucun n'a droit à un travail honnête, l'intrigue tourne en rond pour amener à un final expéditif qui laisse circonspect... On se demande si la scénariste, pourtant réputée, a vraiment pu mener le scénario comme elle le voulait. Et au bout du compte, le résultat, c'est une grosse déception, qui n'exploite réellement aucune de ses idées, alors que la base était intéressante et que les débuts étaient plutôt encourageants.
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

7.5 20