Freaky Girls - Demi-chan wa Kataritai - Actualité anime
Freaky Girls - Demi-chan wa Kataritai - Anime

Freaky Girls - Demi-chan wa Kataritai : Critiques

Critique de l'anime : Freaky Girls - Demi-chan wa Kataritai

Publiée le Lundi, 06 Novembre 2017

A l'origine de Freaky Girls - Demi-chan wa Kataritai, on trouve le manga éponyme de Petos (ou Petosu). Première série de l'auteur, celle-ci est en cours au Japon depuis 2014, compte actuellement 5 volumes, et a droit à une parution française chez Pika Edition depuis février 2017. Une date qui n'est pas anodine, puisque c'est précisément à cette époque que le manga a connu son adaptation animée !



Produite par le populaire studio A-1 Pictures, la version animée de Freaky Girls a été la toute première (et unique à ce jour) réalisation de série de Ryo Ando, celui-ci ayant toutefois signé auparavant la réalisation de quelques épisodes de certaines séries, Food Wars! et Gate en tête. Les 12 épisodes ont été diffusés au Japon, et en France sur Crunchyroll en simulcast, de début janvier à fin mars 2017. Par la suite, en été, un 13ème épisode a vu le jour, et est lui aussi disponible en France sur Crunchyroll en vostf.



L'histoire nous plonge dans un Japon ressemblant en tous points à celui que l'on connaît... à ceci près qu'il y existe certains humains "différents", car possédant des spécificités très spéciales. Nommés "ajin", ou "demi" auprès des jeunes, ces êtres ont longtemps été persécutés, victimes des mythes et légendes qui ont véhiculé de gros préjugés sur eux. Mais désormais, ils sont acceptés tels qu'ils sont, sont plutôt bien intégrés à la société, et il existe même un système d'assistance pour les demi handicapés par leur condition dans leur quotidien. Il peut s'agir de vampires, de dullahans, de succubes ou encore de filles des neiges...
Tetsuo Takahashi, enseignant de son métier, n'a jamais vu un seul para-humain, mais a toujours été intrigué par ceux-ci. A tel point qu'avant de devenir professeur de biologie, il a souhaité effectuer une thèse sur eux. En entamant sa 4ème rentrée au lycée Shibasaki, il ne s'attendait sans doute pas à voir arriver devant lui 4 para-humaines ! Une nouvelle enseignante, et trois adolescentes faisant leur entrée au lycée... Il y voit enfin l'occasion de côtoyer de près ces êtres surnaturels, de les étudier avec leur accord, de chercher à les comprendre, et il va ainsi bâtir, petit à petit, des liens avec elles. Mais au-delà de leurs spécificités, il découvrira qu'il n'est pas toujours évident d'être seulement à moitié humaine...



A l'instar de Monster Musume, d'A Centaur's Life ou, dans une moindre mesure, de Miss Kobayashi's Dragon Maid, Freaky Girls s'inscrit dans le sous-genre japonais mettant en scène des filles "monstrueuses". Une fois ses toutes premières bases posées, l'oeuvre démarre plutôt vite, et non sans une petite facilité : alors que Takahashi n'avait jamais rencontré de demis, voilà qu'il y en a quatre qui débarquent en même temps dans son lycée ! Mais une fois cette constatation passée et acceptée, on découvre une oeuvre qui ne manque pas de charme.

Les tout premiers épisodes suivent pourtant un schéma très classique : après une introduction faisant vite entrer en scènes les 4 demis, la suite va voir Takahashi essayer de mieux les cerner en discutant avec elles. Mais ce schéma linéaire est exploité efficacement pour bien poser les héroïnes et l'univers.

Ainsi découvre-t-on d'abord Hikari Takanashi, qui est une jeune vampire sociable, franche et particulièrement énergique ! Kyôko Machi, elle, est une dullahan (être issu du folklore irlandais, ayant la tête séparée du corps et voyant des flammes sortir de son cou... Celty de DuRaRaRa!! en est une aussi, pour citer un exemple très connu issu d'une autre oeuvre japonaise) plutôt introvertie et posée. L'enseignante en mathématiques Sakie Satô n'est autre qu'une succube, créature capable de rendre les hommes fous de désirs sans rien faire, si bien qu'elle s'habille comme un sac pour limiter son pouvoir de séduction hors-norme. Enfin, Yuki Kusakabe est une très timide jeune fille des neiges qui semble fuir les autres, comme si elle craignait quelque chose...



A leur contact, Takahashi va pouvoir en découvrir plus sur les demis, à commencer par le plan physiologique. Par exemple, Yuki est capable de pleurer des larmes de glace, et son statut de fille des neiges fait que la température se rafraichit là où elle passe, et qu'elle supporte très mal la chaleur. Les flammes sortant du cou de Machi sont un endroit très sensible de son corps : les toucher, c'est comme lui triturer les nerfs. Pour une vampire comme Hikari, boire le sang des autres n'est pas nécessairement vital même si elle en a envie, il lui suffit de surveiller son alimentation pour avoir l'apport nécessaire, les superstitions comme l'ail sont fausses (elle adore ça, même !), et elle permet aussi de nous apprendre qu'on ne devient pas soi-même vampire si on se fait mordre. Et le focus sur Mlle Satô nous permet d'apprendre qu'une succube n'est pas forcément elle-même très penchée sur l'autre sexe... mais qu'elle peut avoir d'autres points faibles très gênants, comme quand elle s'endort dans un lieu public.
Au fil de ses premiers contacts avec elles, Takahashi peut ainsi commencer à mieux cerner ce qu'elles sont, et aussi à en apprendre plus sur leur statut. Par exemple, on apprend que l'Etat fournit une poche sanguine par mois aux vampires, que l'état de "para-humain" n'est pas héréditaire... Mais le plus plaisant sur ce point est sûrement que la découverte de ces filles et les discussions avec elles permettent de désamorcer les clichés et étiquettes circulant à cause des légendes, des mythes, des on-dit... Chercher simplement à discuter, à communiquer et à comprendre ce qui est différent peut régler bien des choses, et l'oeuvre se pare ainsi d'un discret message de tolérance bienvenu.


Mais c'est peut-être encore autre chose que Takahashi risque fort de comprendre concernant ces quatre filles : elles sont avant tout des adolescentes (et une jeune enseignante), avec ce que cela implique de petits problèmes souvent liés à leur condition. Une chose plaisante est qu'on a quatre demoiselles vraiment bien différentes.
Hikari est la plus extravertie de toutes. Elle a le contact facile, est bien intégrée, si bien qu'elle peut en quelque sorte être vue comme un exemple à suivre pour les autres demi qui, elles, se confrontent à des angoisses différentes.
Ainsi, pour être sûre de n'influer sur personne à cause de son pouvoir, Mlle Satô a fait le choix de s'isoler d'elle-même : elle vit dans une cabane perdue dans les bois et évite tout contact. Et cela, alors qu'elle voudrait vivre un amour réciproque... mais comment être sûre qu'il l'est, sachant que son pouvoir peut faire tomber à ses pieds n'importe quelle personne ?
En la dullahan Kyôko Machi, on découvre une jeune fille qui, plus que tout, craint la solitude. Ses camarades ne l'évitent pas, mais quand elle parle avec eux ils évitent d'évoquer le fait qu'elle est une dullahan, elle a alors l'impression que ses rapports sont faux, et du coup elle a du mal à bâtir des amitiés... Comment régler ce problème ? Ne serait-ce pas à elle de faire aussi le premier pas, d'évoquer elle-même son statut afin que les autres puissent voir jusqu'où ils peuvent en parler avec elle ?
Enfin, Yuki Kusakabe, la fille des neiges, est peut-être le plus parfait contraire de Hikari : très timide, elle vit d'abord très, très mal sa différence, a peur d'aller vers les autres car elle se pense rejetée à cause de son statut de demi... mais est-ce le cas ? Peut-être lui suffirait-il d'adresser la parole aux autres avec franchise pour commencer à régler ce problème où elle s'exclut d'elle-même par manque de confiance ?
Oser faire le premier pas, être franche, ne pas hésiter à discuter... A travers le prof bienveillant Takahashi, le récit se pare de quelques jolies petites leçons de vie, tout en sachant s'intéresser réellement aux tourments de ces demoiselles prises dans des angoisses adolescentes ou de jeunes adultes.



Une fois toutes ces bases posées et les premiers problèmes réglés, la suite de la série se présente comme une tranche de vie agréable. Entre les petites scénettes classiques du quotidien au lycée ou en dehors de l'établissement, le récit ne perd pas une occasion de développer encore un peu plus les spécificités des demi, essentiellement à travers l'oeil observateur et bienveillant de Takahashi, qui devient pour les trois adolescentes, mais aussi pour Sakie, une vraie figure de confiance, auprès de qui elles peuvent se lâcher, passer de jolis moments ensemble, évacuer leur stress lié à leur nature (c'est surtout le cas pour Yuki, décidément la plus mal dans sa peau au départ), prendre confiance en elles si besoin, forger leur amitié. On suit alors avec joie leur évolution, et l'attachement que l'on ressent facilement pour elles est probablement l'une des principales réussites de la série, tant l'oeuvre a à coeur de dépeindre leur caractère respectif, les liens positifs qu'elles peuvent bâtir ensemble, leurs tracas... voire la naissance de sentiments amoureux ? De ce côté-là, la série n'évite pas quelques grosses ficelles, mais l'ensemble est bien géré, grâce au caractère du professeur qui ne voit en ces demoiselles que des êtres sur qui il veut veiller, même si Kyôko et surtout Sakie aimeraient être un peu plus que ça. A tout ceci, il faut ajouter des personnages secondaires qui viennent encore anime un peu plus le récit : Himari la soeur jumelle 100% humaine de Hikari, le lycéen Satake qui s'intéresse aux files, les autres amies humaines que les héroïnes sont amenées à se faire, l'inspecteur Ugaki qui est une vieille connaissance de Sakie...


Sur le plan de la réalisation, cette adaptation animée ne prend aucun risque : l'oeuvre adapte très fidèlement le manga d'origine, jusque dans certains angles de vue. Le déroulement et les dialogues sont très similaires, et au vu du rythme on peut penser que l'anime adapte le manga jusqu'à la fin du tome 4 ou au début du tome 5 (difficile à confirmer pour l'instant, puisque seuls 3 tomes du manga sont parus en France à ce jour, le volume 4 étant attendu le 15 novembre).
La série étant une tranche de vie, elle n'a pas forcément besoin de beaucoup de moyens en termes d'animation, et cela se ressent bien : ce n'est pas avec cette oeuvre qu'A-1 Pictures a dû craquer le budget début 2017, car globalement ça reste assez pauvre sur le plan technique, avec même des éléments animés repris d'une scène à l'autre et des instants où les expressions et poses des personnages changent beaucoup trop soudainement. Pour une série jouant surtout sur un quotidien calme, sur les discussions et sur l'observation des personnages, et donc que l'on ne regarde pas pour s'en prendre plein la vue, ce n'est pas dérangeant. Et l'essentiel est bien assuré : l'ambiance est plutôt bonne bien que parfois surjouée, la direction artistique de Katsufumi Hariu (qui a notamment travaillé sur Card Captor Sakura) fait ressortir de façon classique et efficace l'aspect positif du récit, le character design de Tetsuya Kawakami (qui a aussi tenu ce poste sur Nanana's Buried Treasure et The Asterisk War) colle au plus près au design original du manga, et les musique de Masaru Yokoyama, bien que classiques et parfois passe-partout, soulignent sans mal l'ambiance plutôt fraîche et positive, tout en sachant accentuer les quelques instants plus "douloureux" (par exemple, la scène où Yuki s'isole juste après avoir surpris des médisances sur elle). Le seul hic, c'est que si vous connaissez déjà le manga, cette adaptation animée n'apporte pas vraiment de plus-value, hormis le plaisir de voir s'animer ces attachants personnages.

Très, très fidèle au manga d'origine, Freaky Girls est un petit anime qui n'a pas forcément de grosses prétentions : il n'y a pas de prise de risque, ça reste techniquement assez limité... mais le fond de l'oeuvre est très bien rendu, et l'ensemble n'a aucun mal à rendre les personnages attachants et à offrir une jolie petite tranche de vie originale.
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

14 20