Blood + - Actualité anime

Critique de l'anime : Blood +

Publiée le Jeudi, 07 Juin 2018

Série TV de 2006, issue du film d'animation Blood The Last Vampire (2000), Blood + se passe 30 ans après les événements qui se sont produits pendant la Guerre du Vietnam.
Composée de 50 épisodes, elle est répartie en deux saisons, et deux coffrets par l'éditeur français Black Box.
Toujours produite par Production IG x Aniplex, ces derniers ont profité du succès du film pour en faire une saga déclinée en romans, jeux et mangas.
Cet animé permet d'étoffer davantage la personnalité et l'histoire de Saya, tout en se permettant quelques petits remaniements scénaristiques.



Otonashi Saya est une jeune lycéenne de 16 ans pratiquant l'athlétisme. Cela fait un an qu'elle était accueillie au sein de la famille Miyagusuku, depuis qu'elle a perdu la mémoire. Mais entourée de son père adoptif Grégory et de ses frères Kai et Riku, elle s'en soucie peu. Seulement sa vie bascule un soir alors qu'elle se rend au lycée pour récupérer des affaires. Elle se fait attaquer par une créature hideuse. En tentant de lui échapper, elle est secourue par un mystérieux violoncelliste aperçu le matin même en ville. Ce dernier l'encourage à se battre. Elle se révèle finalement comme le seul rempart contre la race des chiroptères, de terribles êtres suceurs de sang qui envahissent peu à peu le monde sous le joug de sa sœur jumelle, Diva. Débute pour Saya et ses proches une longue quête.



Bien qu'elle suive la trame du film, cette création diffère par pas mal de points. On la découvre d'abord sur une base américaine où elle se charge d'éliminer des chiroptères. Dans l'animé, alors qu'on pourrait penser qu'il s'agit d'un événement à la suite, on découvre qu'elle a été sortie de force de son sommeil, provoquant la mort de tout un village et de soldats américains. Il y a aussi la présence de sa sœur jumelle, même si le one-shot Blood The Last Vampire (Panini) nous parlait justement d'elle. Tout comme la présence de Haji, son serviteur, qui est désigné comme « chevalier », c'est-à-dire dont le rôle est de protéger sa maîtresse, cette dernière l'ayant transformé en chiroptère amélioré.



La série est avant tout propice à une évolution et une présentation plus poussée du personnage de Saya.

Du coup, même ce qui se passe dans les mangas change le rapport entre chaque média. Par exemple, dans Blood + A, il y est décrit la fin des Romanov. Alors que dans l'animé il est question de poursuivre Raspoutine et de retrouver Anastasia après la disparition de la dynastie russe. Quant au manga Blood +, il reprend quasiment la même trame, en moins anxiogène que l'animé, et avec toute une galerie de personnages qui n'ont pas forcément le même rôle ou la même importance. Il faut cependant avouer que ces manga servent davantage de support commercial à la série qu'à être de véritables œuvres artistiques.



En effet, l'animé, de par sa longueur, permet de s'étendre sur les relations et les buts de chaque personnage, et d'en créer de nouveaux. Sans trop en dévoiler, on peut parler des relations Saya/Haji et Diva/Amshel qui ne sont pas totalement les mêmes d'un média à l'autre. L'humour, au début présent grâce à la gloutonnerie de Saya, disparaît très rapidement au profit d'une ambiance délétère et angoissante, certains passages poussant aux larmes. Sans parler des litres d'hémoglobine qui giclent sans cesse.




Aussi, on ne peut pas se défère de cette impression que les auteurs, coincés par deux visions aussi intéressantes l'une que l'autre, ont souhaité proposer celles-ci sur plusieurs médias pour ne pas se sentir frustrés. Il en découle alors une certaine complémentarité.

Ce qui est véritablement intéressant, c'est la relation de Saya avec sa famille adoptive. Dans le film, elle est froide, glaciale. Ici, elle est complètement humanisée, bien que se souvenir de sa mission modifie fortement son comportement par la suite. Ses hésitations et son affaiblissement progressif lui enlèvent toute cette force qui semblait acquise dès le départ. Au final, parmi tous ces personnages qui se battent pour leurs idéaux, elle paraît bien plus humaine que les véritables humains.



Le chara-design joue aussi dans cet aspect. Terada Katsuya et Oshii Mamoru lui donnent une moue boudeuse et un corps athlétique, tandis que Hashii Chizu réduit ses lèvres pulpeuses et lui donne un corps frêle, tranchant complètement avec sa force phénoménale. Quant aux caractères, ce n'est qu'au cours de la seconde saison qu'ils se rejoignent, un événement terrible brisant Saya, la forçant à moins transiger.

Concernant l'animation, elle est plutôt constante sur l'ensemble des 50 épisodes. Elle est dynamique, et le mélange entre la CGI et l'animation classique se fait correctement.

Cependant, elle souffre d'une certaine inégalité dans son traitement. Non pas que la qualité d'un épisode à l'autre change radicalement, comme on a tous déjà pu le voir dans d'autres animés (comme Reideen ou Togainu no Chi), mais à l'intérieur même de chaque épisode. En gros, cela concerne le cadrage d'une scène. Lorsque les personnages sont présentés jusqu'à la taille, ils sont bien dessinés, on sait de qui il s'agit. Et dès que le cadrage s'élargit, alors là c'est la catastrophe. Il faut faire appel aux codes couleur de chacun pour reconnaître qui est qui entre les masses informes d’aplats de couleurs. C'est assez déroutant de les voir perdre autant de consistances. Heureusement, les scènes de combats rattrapent ces défauts, subissant moins ces désagréments par leur grand dynamisme.



Les musiques, quant à elles, sont composées par deux pointures du cinéma et de la télévision que sont Hans Zimmer et Mark Mancina, ayant oeuvré sur des séries telles que The Crown ou Esprits Criminels. Elles rythment chaque épisode et scène à la perfection. On retrouve beaucoup d'instruments à corde comme le piano et le violoncelle ou encore à vent comme le hautbois, pour le calme et la contemplation. Et bien sûr des cuivres pour les scènes de combat, les rendant plus dynamiques et percutantes.

La seule chanson, hors génériques, est celle que Diva interprète afin de manipuler les esprits des chiroptères ou encore celui de sa sœur, provoquant chez eux une frénésie incontrôlable. Bien que cette chanson de type opéra soit douce et puissante à la fois, elle devient rapidement lassante puisqu'elle intervient presque systématiquement du milieu de la saison 2 à la fin de la série. Tout comme le morceau que joue souvent Haji. Il est presque dommage que ces deux personnages n'aient pas eu droit à une autre musique, tout en comprenant qu'il est habituel, dans les animés, de voir chaque protagoniste affublé d'un thème musical.



Côté génériques, on a droit à quelques habitués comme Uverworld, Hyde ou encore Jinn avec des openings pêchus. Tandis que les endings sont doux et mélodieux. Grâce aux « clips », ils collent assez bien avec l'ambiance générale de la série, tout comme les paroles qui transmettent les émotions des personnages, avec en tête celles de Saya. La cohérence est là.

Venons-en au travail de l'éditeur français, Black Box. La série est proposée en deux coffrets contenant chacun 25 épisodes, divisés en cinq disques illustrés par Hashii Chizu, reprenant aléatoirement les personnages.

 Le menu est très simple. La page d'accueil affiche le couple Saya/Haji avec un fond différent entre les deux coffrets. Le menu n'est composé que de trois choix avec « lecture », « épisodes » et « audio », ce dernier proposant une version originale sous-titrée et une Française. Les fonds et les musiques/effets sonores diffèrent d'un menu à l'autre. Des taches de sang permettent de repérer la sélection, ce qui est assez amusant compte tenu du thème de l'animé.

Dans chaque box se trouve un carnet explicatif de la saison, avec des fiches perso, des résumés de tous les épisodes, une terminologie, et une fiche technique sur le staff et les génériques. C'est un bonus intéressant, malgré quelques tournures maladroites.



Mention spéciale au bruit de sabre, animant la séparation entre le choix VF et VOST.

D'ailleurs, parlons-en. Souvent critiquées, les versions françaises souffrent de la concurrence japonaise du fait que l'on découvre habituellement les séries avec la version originale. Influencés, on a alors tendance à la trouver médiocre. Pourtant, on peut saluer ici le casting voix, dont les timbres correspondent assez bien avec la carrure des personnages. Au nombre de douze, certains acteurs parviennent à modifier leur voix pour interpréter plusieurs rôles, comme la comédienne Angélique Heller qui joue Diva et Riku. On peut donc facilement apprécier le casting.


Néanmoins, on peut reprocher à certains de ne pas s'investir assez dans le jeu, ou alors de sembler perdre leur motivation au fur et à mesure que la série avance. Ça manque parfois d'émotion, si ce n'est une interprétation à côté de la plaque. Au moins, on évite les imitations japonaises avec des intonations qui donnent davantage l'air de regarder un cartoon qu'un animé pour adolescent et adulte.



Il y a aussi la manière de parler. Salomon qui est du genre distingué et parle avec une certaine familiarité, disant « j'suis » au lieu de « je suis », ce qui collerait mieux à sa façon de se tenir. Ou encore la prononciation du nom de Kai. Il est vrai que ce n'est pas évident de devoir prononcer les mots d'une autre langue qu'on utilise peu, comme le japonais. Mais là, c'est le pompon. Alors qu'il devrait être prononcé avec le « i » appuyé, comme si on prononçait les lettres « k » et « i » l'une à la suite de l'autre, il est nommé à l'américaine, comme Kay, qui se lit « ké ». Incompréhensible quand Riku est bien prononcé, lui…



Le sous-titrage est assez basique. Il n'y a pas de fautes d'orthographe à déplorer ni de décalage avec les dialogues. Juste qu'on a du mal à savoir qui parle, alors qu'on a la scène sous les yeux pour dissiper nos doutes. Il reste que l'adaptation, plus que la traduction, est honorable.



En somme, il s'agit là d'un bon animé et d'une édition plutôt satisfaisante dans l'ensemble. Le prix de 30€ les deux coffrets, avec le peu de défauts qu'on lui trouve, n'est ni insurmontable ni scandaleux...à part la prononciation de Kai…

L'animé en lui-même est intéressant, car contrairement aux manga, il permet de pas mal s'étendre sur les sentiments des personnages, leurs relations, ou encore l'évolution qu'ils subissent face aux événements qui les touchent de loin ou de près. Une version qui ne gâche rien et élargit le champ des possibles, offrant aux studios la possibilité de proposer des idées de scénario qu'ils n'avaient pas pu intégrer sur d'autres médias. Et ainsi nous faire partager un univers vaste et attrayant.
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Persmegas

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