A-Channel - Actualité anime

Critique de l'anime : A-Channel

Publiée le Jeudi, 03 Septembre 2015

A-CHANNEL THE ANIMATION : une déception en lettres capitales


La grosse tendance dans la culture pop japonaise depuis quelques années, c'est de nous proposer des mangas ou animes de type « tranche de vie ». Pour le meilleur (Yotsuba&, Hanasaku Iroha, Hôrô Musuko) comme pour le pire. A-CHANNEL appartient, hélas, à cette deuxième catégorie… Mais commençons par les présentations.




A-CHANNEL – The Introduction




A-CHANNEL est à la base un manga au format yonkoma (historiettes en 4 cases), publié dans le magazine Manga Time Kirara Carat de l'éditeur HOUBUNSHA (celui-là même qui prépublie K-ON!, Hidamari Sketch ou encore Puella Magi Kazumi Magica, un des spin-off de l’anime à succès Puella Magi Madoka Magica). Il est écrit et dessiné par bb Kuroda, qui est aussi à l’origine de l’obscur Cellphone Girl Heaven. S’il fallait décrire son style, on évoquerait la prédilection de l'auteure pour les lycéennes à tsurime (se dit d’un dessin particulier d’œil dans le manga, avec des coins angulaires – Setsuna dans Negima ! ou Sailor Mars possèdent le tsurime).


A-CHANNEL est son premier hit, avec 2 volumes reliés édités à l’heure actuelle. La série a été suffisamment bien classée par ses lecteurs – au Japon, les lecteurs des magazines de prépublication peuvent voter pour leurs séries préférées ; le suivi éditorial est influencé par ces votes (cf. BAKUMAN) – pour intéresser les studios d’animation, en l’occurrence le jeune studio Gokumi dont il s’agit de la deuxième production après les OVA de Koe de Oshigoto! (toujours en cours).




On y suit le quotidien de 4 lycéennes – un poncif : souvenez-vous de LuckyStar, K-ON!, Hidamari Sketch, To Aru Kagaku no Railgun – « normales » dans leur quotidien de lycéennes « normales ». Chaque personnage est caractérisé de manière très conventionnelle : Run la tête en l’air, Tôru le garçon manqué avare de paroles, Yûko la tsukkomi (personnage qu’on pourrait assimiler au clown blanc dans les duos comiques japonais de type manzai) et Nagi la boke (l’équivalent de l’Auguste dans le manzai).


Comme bon nombre de séries orientées « tranche de vie », impossible voire inutile de décrire l’intrigue, puisqu’il n’y en n’a tout simplement pas. Les différents mois de l’année – l’anime compte 12 épisodes – plantent le décor. Les petites aventures et tracas du quotidien installent l’action.




Hors sujet narratif




En 2011, le spectateur commence à être lassé de la répétition sans prise de risque ou originalité. Astarotte no Omocha ne vaut pas Zero no Tsukaima. Hidan no Aria ne vaut pas Gunslinger Girl. A-CHANNEL ne vaut pas LuckyStar.


Bien évidemment, difficile de se distinguer sur un sujet où tout a déjà été dit. Mais du traitement des personnages aux épisodes bateaux « journée à la plage » ou « X veut faire un régime », tout semble n’être qu’un vague copier/coller de l’œuvre qui sert de canon. Le réalisateur Manabu Ono, pourtant spécialiste des animes avec de jeunes filles (Saki, Mayoi Nekko Overrun!), aurait pu trouver un angle amusant, différent, pour nous raconter l’histoire de ce quatuor. Mais non, rien n’y fait. 


Les différentes situations vont du banal à l’absurde – dans l’acceptation négative du terme. Du fait de la platitude des personnages, une chute, un oubli de petite culotte ou une brouille entre amies pour une raison profondément grotesque sont autant de prétextes à un brodage scénaristique que d’aucuns qualifieraient d’acte de bravoure.




Les personnages, comme le scénario, sont vus et revus, physiquement comme caractériellement. Anorexiques et bombées du front sous le crayon de bb Kuroda, c’est aussi ainsi que Sasaki Masakatsu, le chara-designer, a choisi de les représenter. Par ailleurs, Run affiche régulièrement l’expression faciale °o° qui, si elle est amusante et décrit plutôt bien le personnage au début, devient lassante et sans aucun sens à la longue. Des choix esthétiques qui peuvent se défendre en terme de respect de l’œuvre originale, mais qui ajoutent à l’étrangeté qui entoure la série.




Seule approche un peu originale, mais qui au final retombe comme un soufflé : les insert songs. Le casting principal de A-CHANNEL interprète plus de chansons en 12 épisodes que celui de K-ON ! en 2 saisons. Hallucinant… Notamment parce que ces compositions au kilomètre n’apportent que peu de choses à une histoire sans scénario, et permettent surtout au studio de faire des économies d’animation avec des travelings statiques.




Ennui, avec un grand A : le cas de l’opening




Un des meilleurs exemples symptomatiques de ce semi-échec est le générique d’ouverture, que l’on doit entres autres à Masashi Ishihama.


Ce que le spectateur attend d’un générique, c’est se replonger dans une série qu’il n’a pas vue depuis une semaine, introduire les personnages, être sobre et entraînant pour bien profiter des 20 minutes (pause publicité non comprise) à venir. Il peut être parodique, absurde, monochrome, qu’importe, l’essentiel est qu’on connaisse le contexte de l’action (où et quand), les protagonistes (qui), la trame principale de l’intrigue (quoi) et son but (pourquoi), ainsi que les moyens pour y parvenir (comment). Dans le genre, les génériques de LuckyStar, Azumanga Daioh, Working!! ou Genshiken fonctionnent très bien. Ça n’est hélas pas du tout le cas de l’opening de A-CHANNEL.


Mêlant images effectives des personnages principaux, éléments de la vie quotidienne jetés au spectateur et polices de caractères aussi diverses qu’absurdes, le générique laisse une impression de confusion que la jolie chanson de Marina Kawanone fait pas passer. Concrètement, on ne comprend quasiment rien, sinon que quatre filles vivant dans un Japon contemporain partent de rien pour aller ailleurs. Le reste n’est qu’une bouillie colorée et épileptique allant dans tous les sens sans répondre aux questions du spectateur. Un échec, alors qu’il s’agit d’un exercice de synthèse a priori simple.






Il faut sauver le soldat A-Channel




Que peut-on sauver de cette série confuse ? Pas grand-chose, hélas. La musique, composée par Satoru Kôsaki et Monaca, est sympathique, légère et sautillante. Les relations entre personnages sont parfois cocasses (le sous-texte lesbien du rapport entre Run et Tôru mène à des situations amusantes). Certains passages possèdent une vraie atmosphère et font oublier, un temps, la médiocrité de l’ensemble.


Mais ces éléments restent trop faibles et/ou rares pour relever le niveau de la banalité de l’œuvre dans son ensemble.


En conclusion, là où on aurait pu s’attendre à un anime sympathique et rafraîchissant, on a une série cumulant clichés, lolicon et vide scénaristique. Un tiercé qui n’incite pas à s’attarder plus que ça sur le sujet. Dommage.