YUKISHIRO Kira - Actualité manga

Interview de l'auteur

Publiée le Vendredi, 19 Octobre 2018

Pour leur première présence sur le salon Paris Manga, les éditions H2T ont fait venir plusieurs de leurs autrices. Parmi-elles, Kira Yukishiro, célébrant ainsi la parution du premier tome de Scarlet Soul. La mangaka italienne a accepté de nous rencontrer afin de nous parler en détails de son travail et de son œuvre...



Bonjour Kira Yukishiro. Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer comment vous êtes devenue autrice de manga ? Certaines œuvres vous ont-elles influencées ?


Kira Yukishiro : Je suis Kira Yukishiro, j'ai 24 ans et suis originaire du nord de l'Italie. Je dessine du manga professionnellement depuis six ans, sachant que j'ai toujours dessiné au cours de ma vie. Les auteurs qui m'ont menée au manga sont Akira Himekawa, le duo qui travaille sur les mangas Zelda, ainsi que les œuvres de Yû Watase et d'Arina Tanemura.




Pouvez-vous nous parler de la naissance du projet Scarlet Soul ?


Kira Yukishiro : C'est un peu spécial, parce que Scarlet Soul n'est pas un projet qui a été pensé et réfléchi pendant des années. Il a vu le jour de manière très spontanée, au moment où j'ai appris l'existence des éditions H2T et les ai contactées. L'histoire m'est venue d'un coup.


Avant ça, aviez-vous réalisé d'autres œuvres ? Certaines sont-elles importantes à vos yeux ?


Kira Yukishiro : Scarlet Soul est le premier véritable projet que je réalise. J'ai eu une précédente expérience éditoriale qui ne s'est pas bien passée du tout. J'essaie de ne plus penser à l'histoire que je publiais, je veux tourner la page. Scarlet Soul est donc le premier projet dans lequel je m’investis vraiment, sachant que j'ai plein d'idées en tête et que j'aimerais les concrétiser aux côtés des éditions H2T.




Très rapidement, Scarlet Soul présente un univers très vaste. Avez-vous des influences précises en matière d’œuvre fantastique et de fantasy ?


Kira Yukishiro : Je me suis toujours intéressée aux univers de fantasy. Je suis une gameuse, et les univers vidéoludiques se prêtent assez bien à la fantasy. Côté jeux-vidéo, j'ai une obsession : Zelda. Je joue aussi à Skyrim et Animal Crossing, et mon éditeur va essayer de me pousser vers Dark Souls. (rires)


Je m'intéresse aussi à ces univers à travers la littérature, mon autrice préférée étant Licia Troisi avec Les Chroniques des Mondes Émergés.


Avez-vous des difficultés à créer votre univers, très vaste ? Avez-vous déjà tout pensé de A à Z, ou vous laissez-vous une certaine marge d'improvisation ?


Kira Yukishiro : Je me laisse toujours une zone à créer le moment venu, même si j'ai déjà pensé la majeur partie de cette histoire en quatre volumes.




Dans Scarlet Soul, bon nombre de termes ont des sonorités particulières. Comment les avez-vous crées ? Des inspirations particulières ?


Kira Yukishiro : Je suis passionnée d'astronomie, j'aime particulièrement les étoiles. Les noms que j'utilise dans Scarlet Soul sont tirés d'étoiles et de constellations. Dans d'autres histoires que j'ai pu écrire, certains personnages ont directement des noms d'étoiles.


Vous avez évoqué votre rencontre avec les éditions H2T. Pouvez-vous revenir sur cette rencontre, et nous parler de vos échanges ?


Kira Yukishiro : En 2016, je sortais de mon expérience déplorable avec une autre maison d'édition. Je n'ai pas dessiné pendant une année, jusqu'au jour où j'ai vu un poste de Rossella Sergi, l'autrice de Deep Scar, sur Facebook. Elle disait qu'elle allait signer avec les éditions H2T. C'est à partir de là que j'ai eu l'idée d'essayer, j'ai alors pris les devants et ai contacté les éditions H2T via les réseaux sociaux.




Les personnages de Scarlet Soul ont des caractères bien trempés. Pourtant, ils ne se limitent pas à des clichés et des archétypes, et montrent des subtilités au fil du premier tome. Comment pensez-vous vos personnages d'une manière générale ?


Kira Yukishiro : Je m'inspire de personnages que je connais. C'est ma principale source d'inspiration pour leur création. Par exemple, dans le cas de Rin, je m'inspire de moi-même pour les grimaces et sa maladresse, pour lui apporter un aspect décalé. J'avoue ne pas être allée chercher bien loin pour elle. (rires)


Scarlet Soul, dans ce premier tome, semble parler de la Destinée. Y a-t-il des messages forts que vous souhaitez faire passer dans l’œuvre ?


Kira Yukishiro : Le premier tome est effectivement dirigé vers la Destinée. L'histoire générale va plutôt parler du fait de ne pas juger un livre à sa couverture. Je souhaite faire passer l'idée qu'on est maître de notre destin. C'est à nous de décider de ce qu'on peut faire, mais aussi de ce qu'on ne peut pas faire de notre vie. Le personnage de Rin, parce qu'elle ne peut pas utiliser ses pouvoirs, est traitée comme une incapable. Pourtant, elle pourrait bien se montrer comme la plus puissante exorciste qui ait existé. L'idée est donc de ne pas réduire les gens à ce qu'ils semblent être, et ne pas se laisser réduire à l'image de ce qu'on pense que les gens ont de nous.


La deuxième idée est celle de la Famille qui va forger le destin de chacun d'entre-nous, mais aussi l'Amitié et l'Amour.




Votre trait sur Scarlet Soul est très dense. Quels outils utilisez-vous pour dessiner ? A titre indicatif, en combien de temps réalisez-vous une planche ?


Kira Yukishiro : Je considère que mon trait n'est pas assez propre pour le moment, je dois encore progresser. J'utilise du matériel informatique et travaille sur le logiciel Clip Studio Paint. J'ai aussi travaillé sur le format papier avec la pose de trames manuelles, mais c'est une pratique qui consomme énormément de temps et s'avère couteuse à cause de tout le matériel utilisé. C'est l'informatique qui me sert le mieux aujourd'hui. En terme de temps de travail, je suis sur deux à trois jours sur une planche, si on prend en compte l'idée, l'esquisse, l'encrage et les trames.


Mahmoud Larguem : A noter que le storyboard du tome se fait en amont et d'une traite. C'est ensuite que le tout est encré et tramé, c'est donc difficile de calculer le temps passé page par page.




Le premier tome de Scarlet Soul paraît en France, et vous êtes ici à Paris Manga pour célébrer cette parution. Pouvez-vous nous parler de ce premier contact avec le lectorat français ?


Kira Yukishiro : C'est un vaste mélange d'émotion. J'aurais aimé pouvoir échanger davantage avec les lecteurs. Mais il y a d'une part la barrière de la langue, Rossella Sergi m'avait dit la même chose. Aussi, les dédicaces doivent s'enchainer, je n'ai donc pas trop le temps d'échanger avec eux. Mais je reste très heureuse, car je ressens le soutien et les encouragements de ceux qui se lancent dans la série. Sans mes lecteurs, je ne serais pas là aujourd'hui.



Remerciements à Kira Yukishiro et à Mahmoud Larguem, son éditeur, pour l'interprétation.