NICKE - Actualité manga

Interview de l'auteur

Publiée le Jeudi, 04 Octobre 2018

A Japan Expo 2018, Nicke, auteure de Beyond the Clouds, était l’invitée des éditions Ki-oon. Pour l’occasion, nous avons eu une interview avec cette mangaka à l’univers empreint de Steam Punk et de Fantaisie.
  
  
Votre père est dessinateur industriel, votre oncle est illustrateur. Cela a-t-il eu un impact sur votre goût du dessin ? Vous ont-ils guidée ?
  
Nicke : Effectivement j’ai un oncle qui est illustrateur, par contre il fait des dessins assez réalistes. Je me rappelle un épisode où je lui avais demandé de me faire un renard… Je voulais un dessin mignon mais au final je me suis retrouvée avec un renard plus vrai que nature, cela m’avait fait pleurer.
  
Mais en effet, c’est lui qui m’a initié au matériel de dessin, il m’a offert des copics, des feutres de couleurs, à l’époque où je ne savais pas du tout m’en servir. C’était la première fois que j’en avais à moi.
  
Quant à mon père, il m’a appris à dessiner les chevaux, je m’en rappelle très bien. Également il m’a offert certains livres et montré des livres sur les croquis préparatoires. Il aime beaucoup ça, l’envers du décor sur le Seigneur des Anneaux ou Star Wars par exemple. On en a plein des comme ça.
  
  
  
Dans le Ki-oon Mag, vous dites avoir aimé les shôjo avant de vous tourner vers les shônen d’aventure.  Y a-t-il des titres en particulier qui vous ont marquée ?
  
Quand j’étais petite j’aimais beaucoup Fruits Basket. Pour moi c’est un manga qui aborde de manière très délicate la part de ténèbres qui est en nous mais avec une tonalité positive. Ce n’est pas sombre et je trouve que c’est une histoire très bien écrite du début jusqu’à la fin.
  
En ce qui concerne les shônen, c’était beaucoup l’influence de mes grands frères qui lisaient Mahoujin Guru Guru, un manga pour enfants avec des gags, ou alors Hunter X Hunter, One Piece. Mais j’aimais aussi beaucoup Fly.
  
  
Deux ans après la fin de vos études, vous avez repris des cours du soir de design. Qu’avez-vous appris ?
  
Je pense que la première chose que j’ai appris c’est la persévérance et les efforts. Pour les cours en eux-mêmes, moi ce qui m’intéressait le plus c’était les cours d’illustration mais il y avait beaucoup de choses différentes.
  
Par exemple, les cours sur les différents types de police ou alors la façon de mettre en forme des textes ou encore le design de package. Il y avait plein de gens qui étaient très bons autour de moi donc je devais vraiment tout donner pour rester dans les meilleurs, et c’est ce climat de compétition qui m’a appris à donner le maximum de moi-même, quitte à ne presque jamais dormir.
  
  
Beyond The Clouds est d’abord né en fanzine, quelles sont les différences entre le fanzine et la version qu’on connait aujourd’hui ?
  
C’est très différent en fait, c’est presque comme deux mondes parallèles. Au départ, les épisodes que je dessinais n’étaient pas aussi reliés entre eux, et il n’y avait pas cet aspect action/suspense que j’ai introduit par la suite.
  
C’était des épisodes qui étaient un peu séparés et des temporalités différentes. Peut-être que mes personnages avaient vécu des aventures dangereuses mais elles ne sont pas dessinées. Dans les mangas publiés par Ki-oon, ces épisodes apparaissent aussi.
  
  
  
Beyond The Clouds mêle le Steam punk et la fantaisie. Qu’est-ce qui vous attire particulièrement dans ces genres ?
  
Je pense que le fait que mon père adore les robots m’a peut-être influencée. Je me rappelle qu’un des premiers films qu’il m’a montrés avec des éléments Steam punk était Wild Wild West. C’était mon premier contact avec ce genre, j’avais trouvé cela vraiment classe. Puis j’aime bien les assemblages de petites pièces et dessiner des engrenages qui se rassemblent. Mon père aime aussi beaucoup les dragons.
  
  
Votre style est plutôt doux, chaleureux, enfantin et un peu esquissé. On aimerait savoir comment  vous avez  développé cette patte graphique ?
  
Je dessine mes planches en digital mais à la base je dessinais beaucoup en analogue. Quand j’étais à l’université et même dans mon école de design, je devais faire à peu près deux heures de transport de chez moi jusqu’au campus.
  
J’ai pris l’habitude, pendant ces heures, de sortir un carnet et un crayon pour dessiner différents motifs. Je dessinais au stylo à bille, et avec un stylo on ne peut pas corriger, donc je faisais attention à faire des petits traits par petites touches légères, pour que ce soit rattrapable, et je pense que j’ai pris l’habitude à cette époque-là de dessiner de cette façon.
  
  
Comment furent élaborés les différents personnages du manga, que ce soit les personnages principaux ou ceux qui sont plus animaliers ?
  
J’ai d’abord eu les premières images des héros en écoutant la même musique qui m’a inspiré l’histoire au tout début. J’ai d’abord eu l’image de la ville jaune et puis je me suis penchée sur ses habitants et j’ai imaginé Théo et Mia. Théo est un bricoleur qui aime les machines et Mia, une petite fille avec des ailes, ce sont ces images qui me sont venues en tête.
  
Petit à petit j’ai rajouté toute une galerie de personnages de façon assez naturelle et sans penser forcément à une histoire. J’avais envie de les mettre là. J’avais envie de faire un gros chat donc c’est devenu le patron de l’atelier Chikuwa, j’ai ensuite imaginé une grande sœur et cela a donné Marie.
  
Je pense ce sont mes amis qui ont été une source d’inspiration.
  
  
  
Votre série a eu droit à une superbe bande-annonce en forme de court métrage d'animation fait par le studio Gonzo. Y avez-vous donné des consignes ou conseils ? Qu'avez-vous pensé en voyant votre oeuvre prendre vie ?
  
Je n’ai pas donné de consignes mais mon univers était très bien retranscrit. J’ai énormément apprécié.
  
  
Interview et retranscription réalisées par Koiwai, Takato et Zebuline. Remerciements à Nicke, aux éditions Ki-oon, et à Japan Expo.