MONTALTO Jean-Marco - Actualité manga

Interview de l'auteur

Tsume a surpris ses fans lors du dernier Japan Expo 14ème Impact. Certains comédiens de doublage français étaient présents afin de rencontrer leurs fans. Parmi-eux se trouvait Jean Marco Montalto, qui a interprété notamment Schneizel (Code Geass) Tessai (Bleach), Sebastian (Black Butler) ou Hisoka (Hunter X Hunter 2011). L'artiste a accepté de se livrer au jeu de l'interview pour Manga News, et nous parler ainsi de son ressenti dans le doublage de l'animation japonaise.
 



Bonjour Monsieur Montalto , merci de nous accorder cette interview. Pouvez-vous nous parler de votre parcours, et particulièrement de ce qui vous a amené au doublage ?
Jean Marco Montalto : C’était pour moi un passage obligatoire. En comédie, il faut savoir tout faire, et le doublage fait partie de la comédie. Explorer l'univers de la voix me plaisait. J’ai passé un casting il y a quelques années, une expérience qui m'a mené au doublage de nombreux films avant de passer à l’animation japonaise.


Nous vous avons entendu par exemple dans Code Geass (Schneizel), Black Butler (Sebastian) et plus récemment dans Hunter X Hunter 2011 (Hisoka). En ce qui vous concerne, comment s’est déroulé vos casting dans les séries d’animation japonaises ?
Ça peut vous paraître bizarre, mais on me choisit souvent pour mon physique. Vu que je suis grand et mince, les directeurs de plateaux pensent à moi lorsqu’ils ont affaire à des personnages à la même physionomie. Ils vérifient bien sûr le jeu qu’on est capable de créer avant de confirmer leur choix. Mon style est par exemple très vif, très rythmé, on m’attribue souvent des personnages dans ce registre. L’exception est Sebastian qui lui est plus calme et posé.


Avez-vous fait du théâtre ?
En effet, j’ai eu des cours de théâtre à partir de mes 17 ans, c’est d'ailleurs par ça que j’ai commencé. J’ai été formé notamment par Pierre Reynale et Jean Perimony.

 
Qu’avez-vous fait en dehors de l’animation japonaise ? Ces différents domaines sont-ils comparables ?
J’ai fait des séries télévisées et des films. Ces expériences ne sont pas comparables car les visages seront plus ou moins expressifs selon le support. Dans l'animation, certaines nuances sont difficiles à saisir et il sera compliqué de rentrer dans les appuis des personnages qu’on double.
Mais le doublage suit les mêmes principes, que ce soit un film d'horreur, romantique ou humoristique. La mécanique est la même à chaque fois, il faut simplement appuyer notre articulation, ce qui fait que nous n’avons pas toujours la même voix. La voix que vous entendez actuellement ne sera pas forcément celle que j’aurais dans une œuvre. Je ne sais pas si on reconnait ma voix dans les anime car beaucoup se ressemblent et la mienne n’est pas des plus marquées.


Comment déterminez-vous votre jeu ? Vous calquez-vous sur votre homologue japonais, ou privilégiez-vous le travail de création ?
Ce qui m’intéresse, c’est le travail de création. Lorsque l’on voit apparaître un personnage à l’écran, on essaie de prendre son rythme. On s’adapte plus à ce que le personnage fait plutôt qu’au jeu du comédien d’origine. Je préfère ne pas entendre le doublage japonais et voir comment le personnage évolue, puis déterminer un jeu avec mon directeur artistique.


Lors d'un doublage, faites-vous beaucoup de reprises ?
Il y a des personnages plus durs que d’autres. Par exemple, Sebastian est d’un naturel posé, c’est un personnage remarquablement construit et l’adaptation française est bien écrite. Il faut d’abord comprendre le rôle, puis ça devient un vrai plaisir de le jouer et le découvrir. Il y a des personnages plus durs à incarner car on a du mal à les cerner. La difficulté du jeu dépendra du caractère de notre rôle.
 

  

Je prends les exemples de Schneizel de Code Geass et Hisoka de Hunter X Hunter 2011. Ce sont deux personnages diamétralement opposés, l’un étant calme et calculateur tandis que le second se montre dérangeant et insondable. Malgré ces différences, êtes-vous facilement parvenu à vous faire à ces rôles ?
Oui, parce qu’ils ont une vraie couleur. Plus un personnage a de caractère, et plus il est simple pour nous, comédiens, de rentrer dans le rôle. Que la figure soit douce ou excitée, tout va dépendre du caractère.


Au Japon, le doublage d’anime est une pratique très reconnue par les fans, les comédiens sont appelés « seiyuu ». C’est un phénomène qui s’exporte de plus en plus en France où les comédiens d’animation japonaise commencent à acquérir une vraie notoriété. Est-ce que vous vous attendiez à cet engouement ?
Non, je ne m’y attendais pas, j’ai même été très surpris. C’est en effet un phénomène important au Japon, qui est de plus en plus présent chez nous, cette interview le prouve. (rires)
Au départ, j’aimais l’animation japonaise et le manga sans en être fan, et je ne le suis pas plus aujourd’hui. J’aime tous les personnages que j’ai doublés pour leur particularité de jeu. Je suis assez étonné de l’engouement mais d’un autre côté, beaucoup de ces séries sont de qualité, je peux donc comprendre qu’on prête attention à tous les éléments de la création d'un anime. Pour ma part, j’ai adoré le rôle de Sebastian dans la série Black Butler, que je trouve très bonne.


Qu’est ce qui a retenu votre attention dans le personnage de Sebastian et dans l’anime Black Butler ?
J’ai aimé son flegme, ce n’est pas le genre de personnage que j’ai l’habitude de jouer. J’ai dû être assez précis dans le jeu. Puis j’ai trouvé l’adaptation française de qualité, par exemple en ce qui concerne les échanges entre Sebastian et les autres protagonistes. Le style graphique des personnages m’a aussi beaucoup séduit.



A propos du doublage français d’anime, il y a des fans comme des détracteurs. Certains vont même jusqu’à renier en bloc et de manière virulente les adaptations, ils reprochent le large fossé entre les jeux d’acteur japonais et français.
Je n’aurais pas grand-chose à dire si ce n’est ceci : Nous sommes des comédiens avec la sensibilité de notre pays et donnons un jeu avec la langue du pays. Si ce n’était pas le cas, il n’y aurait pas de doublage. C’est pour moi un faux débat car tout est une question de goût, le style d’un jeu d'acteur ne plaira pas à tout le monde. J’estime néanmoins que chaque artiste à sa patte à mettre sur le doublage d’une série qui nous est proposée afin de l'étendre large public possible. Il est donc normal qu’il y ait des différences de direction artistique d’un pays à l’autre.
Nous n’avons pas non plus le même genre de jeu. Tout dépend des directeurs artistiques qui vont nous conseiller, mais la langue japonaise est tellement loin de nous qu’un doublage est souvent une création artistique de notre part.


Vous avez repris le personnage de Juza dans le doublage 2009 de la
série Hokuto no Ken. Avez-vous un avis sur la précédente adaptation,
celle des années 80 qui était plus libre en termes de choix et de
dialogues ?

J’aime être libre lorsque j’interprète un personnage.
Je n’ai pas le souvenir de l’adaptation précédente, et je ne cherche
pas à me rapprocher d’une version, je préfère en donner une nouvelle.
C’est ce qui m’amuse dans ce métier. J’avais entendu parler d’Hokuto no
Ken il y a des années, mais j’ai véritablement découvert la série avec
ce nouveau doublage, je ne peux donc pas me prononcer sur l’ancienne
adaptation.


Il existe un long métrage d’animation autour de la série Hunter X Hunter 2011. Si le film a la chance de sortir en France, pourra-t-on espérer vous retrouver dans le rôle d’Hisoka ?
Je ne savais pas qu’il existait une adaptation long métrage de l’anime. (rires) Mais, je serais intéressé pour reprendre le rôle d’Hisoka si le projet arrive en France.


Avez-vous eu l’occasion de lire les manga dont sont adaptés certaines séries que vous doublez, notamment Black Butler ou Hunter X Hunter ?
Je viens de recevoir les tomes de Black Butler mais je n’ai pas encore eu le temps de les lire. Ce sera mon premier manga mais je tenais à le découvrir car l’adaptation animée est une série que j’ai beaucoup aimé.
Jean-Marco Montalto : A moi de vous poser une question. (rires) Qu’avez-vous préféré dans Black Butler ? L’anime, ou le manga ? Auriez-vous préféré que l’adaptation reste fidèle à l’histoire de base ?
A Manga News, nous aimons la tournure que prend l’anime ainsi que les nouveaux personnages développés. Mais concernant la deuxième saison, peut-être aurait-elle gagné à d’avantage se développer, certains concepts étant maladroits. Néanmoins, la conclusion inédite est dans le ton de la série, et par conséquent réussie.
 



Avez-vous un dernier mot pour nos lecteurs ?
Je suis ravi que les fans suivent les différents projets auxquels je participe. J’espère vraiment avoir pu contenter une partie du public et ne pas faire trop de mécontents. (rires)


Remerciements à M. Montalto et à Tsume.