KABEYA Jean-Marc Anthony - Actualité manga

KABEYA Jean-Marc Anthony

Interview de l'auteur

L'édition hivernale 2019 de Paris Manga fut symbolique pour les fans de Pokémon ! La série animée fut célébrée par la venue des comédiens majeurs de la version française de premières saisons, mais aussi par celle de Jean-Marc Anthony Kabeya, chanteur de la plupart des génériques de l'anime, devenus aujourd'hui culte aux yeux des fans.


Chanteur, comédien et artiste du son aux multiples cordes à son arc, Jean-Marc Anthony a accepté de nous rencontrer pour nous parler de son expérience sur Pokémon, ainsi que de sa carrière au sens large.




Tu te définies toi-même comme un artiste vocaliste. Comment en es-tu venu à ce milieu artistique ? Quel fut ton parcours ?


Jean-Marc Anthony Kabeya : C'est une histoire familiale ! Je chante depuis que je suis tout petit, mais je ne pensais pas en faire un métier. Pourtant, les opportunités se sont multipliées, et j'en ai finalement fait ma profession, alors que je sortais d'une formation d'infirmier. J'ai aussi fait du théâtre, donc j'ai intégré la comédie musicale. Suite à ce petit parcours, j'ai beaucoup travaillé en studio, que ce soit pour faire de la pub ou différentes petites voix. Mais je ne faisais pas vraiment de doublage. C'est ce studio qui a obtenu le contrat pour Pokémon, et on cherchait une voix pour les génériques. Suite à un petit casting, c'est ma voix qui a été retenue.


L'organisation de ce casting était assez floue. Une personne venue du Canada dirigeait cette sélection, et elle m'avait entendu sur tout autre chose. Personnellement, je n'ai pas vraiment passé ces auditions, j'en ai simplement entendu parler, mais cette personne a retenue ma voix.


Dès le début de la diffusion du dessin-animé, le succès de Pokémon a explosé, que ce soit dans la francophonie ou dans le reste du monde. Tu ne t'attendais sûrement pas à ce succès. Néanmoins, est-ce que le succès de Pokémon a impacté ta vie professionnelle, voire ta vie personnelle ?


Jean-Marc Anthony Kabeya : Non, pas du tout. Ce qui se passait, et ce qui se passe toujours, c'est que les génériques de dessins-animés sont très protégés. On t'appelle, tu arrives, mais tu ne sais pas ce que tu vas faire. Comme Pokémon comporte plusieurs saisons, je savais que j'allais rempiler pour d'autres génériques, mais je n'avais jamais entendu les morceaux. J'écoutais la chanson, je recevais les paroles, j'enregistrais, puis je rentrais chez moi. Puis, le lendemain, je faisais totalement autre chose. Parmi tous les génériques que j'ai fait, il y en a plein que je n'ai jamais réécouté. Une fois l'enregistrement terminé, je passais directement à autre chose. A savoir que je ne regarde jamais la télévision. Du coup, c'est longtemps après que j'ai entendu de nouveau ma voix. Honnêtement, je ne me doutais pas de cet énorme succès des génériques.




Le générique était déjà prêt à ton arrivée en studio, il ne restait plus qu'à enregistrer le chant. Tu n'as donc pas contribué aux paroles. Néanmoins, t'est-il quand même arrivé d'apporter ta petite touche ? Par exemple, une tournure de phrase qui n'était pas forcément prévue...


Jean-Marc Anthony Kabeya : On a beaucoup essayé. (rires) Je ne veux pas cracher sur qui que ce soit, mais une seule personne était chargée de toutes les tâches. Elle s'occupait de la traduction, supervisait le travail, nous disait s'il fallait le refaire... Certains mots nous semblaient trop carrés par rapport à la version anglaise, alors on a tenté de les changer. Mais, systématiquement, la personne nous imposait le script de base, à part deux ou trois corrections qui sont venues directement de la maison mère. En fait, une chose était clair : Il fallait que tout soit carré.


En 2014, à l'occasion de la saison 17 de la série animée, tu as réinterprété le générique d'origine. Était-ce difficile de rechanter cette chanson culte, 15 ans après ?


Jean-Marc Anthony Kabeya : Oui ! A ce moment là, je ne faisais pas encore de conventions. Du coup, la dernière fois que j'avais écouté la chanson remontait à 15 ans. Je ne me souvenais plus dans quel état d'esprit j'étais à ce moment, ce qui a rendu l'enregistrement compliqué. Je devais me remettre dans le bain, sans compter qu'on m'a juste signalé que j'allais chanter un générique de Pokémon. Si on m'avait prévenu qu'il s'agissait du premier générique, j'aurais pu le réécouter. Je ne me souvenais plus des paroles, donc ça a été un peu laborieux. (rires)



Tu n'as pas chanté que les génériques de Pokémon, on retient aussi celui de Yu-Gi-Oh ! GX, et même un générique des Tortues Ninjas. Y a-t-il plaisir particulier à chanter un générique de dessin-anime ?


Jean-Marc Anthony Kabeya : Oui ! (rires) Je suis très très dessins-animés. Quand j'étais enfant, nous n'avions pas toute la panoplie de séries qu'il y a actuellement. Il y en avait des géniaux, puis il y avait tous les autres. Et, à mon époque, on avait surtout tous les autres. J'adore le dessin-animé et leurs génériques. Il y a une sorte de pêche, on y va franchement, c'est une vraie petite fête de 30 secondes.


Concernant les dessins-animés de ma jeunesse, il y a eu Goldorak, La Bataille des Planètes, et Cosmocats... C'était mes séries préférées. D'autres dessins-animés étaient aussi diffusés et je les regardais, surtout parce qu'il n'y avait que ça. Un peu plus tard, il y a eu Ken le Survivant que j'ai beaucoup aimé. Et même aujourd'hui, je regarde les dessins-animés avec mon petit garçon. Bon, pas tous, mais certains d'entre-eux. Par exemple, j'ai laissé tomber la période Oui-Oui. (rires) Mais il regarde aussi des séries plus anciennes. Puis, il faut admettre qu'avec les techniques actuelles, on voit des projets fabuleux. Quand j'étais petit, je lisais des bandes-dessinées Marvel, et il n'y avait pas beaucoup de dessins-animés là-dessus. Maintenant, ils en font énormément.


Tes apparitions en salons et conventions ont débuté en 2016. Pourquoi n'en faisais-tu pas jusqu'à présent ?


Jean-Marc Anthony Kabeya : Jusqu'à présent, je m'occupais juste de mon boulot, que ce soit les génériques, les doublages, et me produire sur scène. Je ne connaissais pas ces salons. C'est une amie qui m'a averti qu'il y avait une page Facebook à mon nom, j'ai trouvé ça bizarre. Puis, un journaliste appelait souvent la boîte de doublage où je bosse pour entrer en contact avec moi, mais celle-ci refusait parce que le journaliste ne voulait pas vraiment donner ses intentions. Finalement, il a trouvé mon numéro de téléphone fixe et s'est présenté comme pour le magazine 30 ans et demi. Il m'a proposé de venir sur un salon, mais j'ai décliné dans un premier temps car j'étais occupé avec mon travail, et je n'y voyais pas trop d'intérêt. Il a insisté et insisté, si bien que j'ai fini par accepter... et j'ai trouvé ça fabuleux ! Ces salons réunissent tout ce que j'aime comme les mangas ou les stands de vente, et regroupe aussi des choses que je ne connais pas.


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Tu viens de nous dire que tu es parent. Est-ce que ta "réputation" de chanteur de Pokémon a eu un impact vis à vis de tes enfants ?


jean-Marc Anthony Kabeya : Pour le grand, qui a quand même 27 ans maintenant, ça a duré deux semaines. A l'école, il ne faisait pas partie des plus populaires, mais il a dit que son papa était le chanteur de Pokémon. C'était la période où les cartes circulaient dans les cours de récré, et on ne l'a pas cru dans un premier temps. Puis, quand les autres ont su que c'était vrai, il est devenue une star pendant deux semaines. Peu après, il est venu me voir pour me dire que maintenant, ce n'est plus Pokémon mais Digimon. (rires) Il ne voulait donc plus regarder Pokémon à la télévision, et j'ai arrêté de regarder aussi à ce moment.


Le plus petit vient souvent à mes concerts. Il a l'habitude de tout ça. Une fois, il était à un stage sportif où devait se tenir un spectacle. Mon fiston voulait utiliser les chansons de Pokémon, et personne ne l'a cru quand il a dit que son père chantait les génériques. Ils ont regardé sur internet, ont vu qu'il s'agissait du même nom et qu'on se ressemblait, ce qui a changé le cours du spectacle. Disons que pour lui, c'est sa routine, il a toujours grandi avec ça.


Ton métier au sens large est artiste-vocaliste, tu as donc bien plus d'une corde à ton arc. Peux-tu parler de ton activité, et de tout ce que tu fais en dehors de la chanson ?


Jean-Marc Anthony Kabeya : En dehors de la chanson, il y a d'abord le doublage, mais aussi les études de son. Un ami dirige un studio, et on travaille le son ensemble. C'est à dire qu'on essaie toutes sortes de choses, par exemple les effets sonores de type science-fiction. Mon ami se créé ainsi toute une bibliothèque de sons divers. Puis il y un côté cours à mon métier, car j'aime énormément enseigner. J'enseigne le chant à certains élèves, mais aussi le coaching scénique, c'est à dire la manière de se comporter sur scène. Puis il y a la comédie musicale... C'est tant de choses que j'adore et qui font partie de moi. Les enseigner, c'est aussi important que me retrouver sur scène, à mes yeux.



Remerciements à Jean-Marc Anthony Kabeya, ainsi qu'à Sarah Marcadé et Amélie Nicolaud pour l'organisation de la rencontre.