CALY - Actualité manga

Interview de l'auteur

Publiée le Samedi, 23 Juin 2018

Caly est une jeune artiste que nous avons d'abord pu découvrir avec sa première œuvre MaHo.Megumi, avant qu'elle ne soit repérée par les éditions H2T. Sa dernière œuvre en date, le très joli Hana no Breath dont le premier tome est sorti l'année dernière, achèvera sa parution en volumes reliés le 4 juillet avec son 2e tome, après une prépublication en ligne sur le site Weeklycomics. Nous avons eu la chance de pouvoir nous entretenir avec elle sur cette série, narrant avec beaucoup de douceur et de talent une romance intelligente entre deux adolescentes.
  
  
  
Caly, merci à toi d'avoir accepté cette interview. Pour commencer, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Caly: Depuis vraiment toute petite, j'ai toujours dessiné. Mes profs de maternelle se rappellent de moi comme de la fille qui dessinait tout le temps. Après je suis tombée dans les mangas et les animes à l'aube des années 2000, avec des séries comme Magical Doremi et Card Captor Sakura. Ca m'a donné envie d'écrire mes propres histoires. Ensuite j'ai commencé mon premier manga, MaHo.Megumi, en 2007, j'avais alors 15 ans, et je le continue encore aujourd'hui en parallèle à Hana no Breath. Vu que c'est d'abord un webcomic, j'ai commencé à être présente sur le web, et c'est un peu grâce à ça que j'ai été contactée par les éditions H2T qui voulaient faire un projet avec moi.


Justement, comment les éditions H2T t'ont-elles repérée ?

Je sais qu'à l'époque j'avais déjà des lecteurs pour MaHo.Megumi, et j'avais également déjà un projet. Je pense que les éditions H2T ont vu ce que je faisais déjà.


Donc au moment où tu as été contactée, il n'existait encore rien du tout au sujet de Hana no Breath ?

Si si ! C'est une histoire que j'avais déjà en tête, j'en avais déjà écrit une partie. Quand j'ai été contactée par les éditions H2T, j'ai décidé de la reprendre à zéro. Mais j'avais déjà les personnages, je savais déjà quel caractère ils allaient avoir, je savais déjà ce que je voulais écrire sur un total de 2 tomes. Et j'ai tout construit quand on a fait le projet avec H2T.
  
  
  
Est-ce que les éditions H2T t'ont aiguillée sur certaines pistes ?

Non. J'ai eu beaucoup de liberté, que ce soit au niveau stylistique ou au niveau scénaristique. Après, avec la prépublication en ligne, ça se fait vraiment chapitre par chapitre, et quand on rend le chapitre on a parfois des commentaires et des suggestions pour améliorer ce qu'on a fait. Mais on a vraiment beaucoup de liberté et ça me convient très bien.


Et dans la conception d'un chapitre, justement, comment t'organises-tu ? Quelles sont les étapes de création ?

Mon scénario est déjà entièrement écrit, de façon plus ou moins détaillée, ou en tout cas je l'ai bien en tête. Je fais d'abord le story-board pendant quelques jours, et après je travaille étape par étape et non page par page. Je fais d'abord tous les crayonnés, puis tout l'encrage, et après je passe à l'ordinateur pour les textes et les trames.
  
  
  
Hana no Breath présente une histoire d'amour plutôt mignonne, douce, et intelligente dans les thématiques, entre deux jeunes filles qui sont plutôt bien différentes. Comment est née cette idée, et est venue cette envie de croquer une romance homosexuelle ?

Je ne sais pas si je l'ai vraiment pensée comme une romance homosexuelle. En fait, en travaillant sur MaHo.Megumi où il y a beaucoup plus d'amitié et de magie et très peu de romance au début de l'histoire, j'ai eu vraiment envie de m'essayer à d'autres genres, et j'ai voulu partir sur une histoire d'amour. Il s'avère que les personnages principaux que j'ai créés étaient deux filles, et je n'ai pas eu envie de changer pour correspondre aux habitudes des shôjo. Après, ça m'a orienté vers un côté un peu yuri, mais à la base les personnages me sont vraiment apparus comme ça pour cette histoire, et j'ai voulu garder ça en pensant que ça apporterait encore plus à l'histoire.


Au tout début de l'oeuvre, Azami affirme qu'elle n'imagine absolument pas un amour autre qu'avec un garçon, or elle découvre que le garçon qu'elle aime est en réalité une fille, et elle ne peut rejeter les sentiments qu'elle a construits et qui apparaissent donc vraiment sincères de sa part. On a en quelque sorte un amour assez pur qui fait fi des genres masculin/féminin. Est-ce un aspect qui te tenait à cœur ?

Oui, beaucoup. Je pense qu'à travers Hana no Breath je parle pas mal de la conception de l'amour tel que je le vois. Quand on aime, on peut dépasser les genres et tout ça... Au final, ce sont les sentiments qui priment avant tout. Il ne faut pas s'arrêter à trop de choses, il vaut mieux laisser parler ses sentiments, s'écouter.
  
  
  
Il y a aussi chez Azami la peur de vivre un amour faussé, la crainte que Gwen se force à être le prince charmant de ses rêves au début de la série. L'oeuvre aborde alors en filigranes la peur de ne pas être aimé pour ce qu'on est. C'est un sujet assez délicat finalement, donc que souhaitais-tu dégager à travers cet aspect ?

Je pense qu'au départ, toutes les deux ont d'abord du mal à se trouver elles-mêmes, et je crois que c'est propre à l'adolescence. Azami a du mal à se dire qu'on peut l'aimer pour ce qu'elle est. Quant à Gwen, elle ne sait même pas qui elle est. Il y a vraiment chez chacune des deux une recherche d'identité, et cela entraîne d'autres questions et messages que j'ai voulu faire passer dans la série.


La série aborde aussi la question du regard des autres, notamment au début via les réflexions d'Alvin. On se dit alors qu'il y a encore du travail pour changer les mentalités. Et du coup, personnellement j'ai trouvé la réaction d'Azami assez excellente. Toi, que penses-tu de l'impact que peut avoir le regard d'autrui ? Comment penses-tu qu'il faut réagir face à ça ?

Ca c'est très compliqué (rires). Je pense que quand même, Azami a du culot (rires). C'est sûr que des fois on a envie de réagir, mais parfois ce n'est pas forcément la bonne manière de réagir, parce que les gens pensent ce qu'ils pensent et il n'est pas évident de leur faire changer d'avis. Il faut faire en sorte que ça nous impacte le moins possible quand ça nous blesse, car il y aura toujours des gens qui penseront différemment. Je ne dis pas qu'il ne faut pas lutter pour les causes qui nous tiennent à cœur, mais parfois il y a certaines personnes qui ont leurs idées bien arrêtées, et il faut juste essayer de ne pas être trop atteint par ces gens-là, pour plutôt s'orienter vers des personnes qui ne nous blesseront pas par ce qu'ils pensent. S'accompagner des bonnes personnes tout au long de sa vie, c'est l'essentiel.
  
  
  
Visuellement, ton dessin est très clair, plutôt mignon avec par exemple des éléments un peu chibi, et il dégage quelque chose de très positif et d'assez lumineux. Comment as-tu peaufiné ce style ? Et quelles sont tes références, en plus de Magical Dorémi et Card Captor Sakura que tu as déjà cités ?

Le style, je crois que ça se construit vraiment petit à petit, et ça s'inspire de tout ce que je peux lire ou voir. Je ne peux pas dire que j'ai spécialement cherché à développer ce style en particulier, même s'il est vrai que moi-même j'aime beaucoup les choses assez épurées. Après, j'ai des références, et je pense que ça m'a aussi influencée, mais il y a des références pouvant être aussi épurées que ce que je chercherais à faire. S'il faut citer des auteurs, je dirais Ryôko Fukuyama, l'autrice de Masked Noise que j'aime beaucoup, qui se concentre vraiment sur les sentiments de ses personnages, et qui a un style assez épuré et transmettant bien les émotions. Je peux aussi citer Kozue Amano, l'autrice d'Amanchu !, qui a un dessin un peu moins épuré, mais qui est peut-être plus épurée dans le scénario car elle fait passer des petits moments de la vie comme si c'était de grands moments tous les jours. On ne dirait pas comme ça, mais parfois les choses simples sont les plus compliquées à faire, et pour moi c'est aussi un élément de recherche. Je me dis que si un jour j'arrive à faire pareil qu'elle, j'aurai mis beaucoup de temps et ce sera peut-être aussi compliqué que le travail d'auteurs qui font des choses hyper complexes. Ce qui m'intéresse le plus côté style, c'est la manière de transmettre des choses simples, et la façon dont ces choses peuvent toucher.


Et à ton avis, quel personnage de la série te ressemble le plus ?

(rires) Je pense que c'est quand même Gwen, parce que je suis quelqu'un de plutôt calme et posé. Je n'ai pas un tempérament comme Azami. Et après, je ne pense pas être aussi peste que Judith... ou alors c'est ma voix du diable, en mon for intérieur (rires).
  
  
  
Concernant le titre de la série, pourquoi avoir fait le choix d'un titre hybride entre le Japonais et l'Anglais.

Je pense que c'est plus pour la sonorité que pour la signification. Je trouvais simplement que ça sonnait bien (rires).


Interview réalisée par Koiwai. Un grand merci à Caly pour sa gentillesse, ainsi qu'à l'équipe des éditions H2T !
  


Interview n°2 de l'auteur

Publiée le Jeudi, 17 Mars 2022

Après le rafraichissant Hana no Breath, l'artiste française Caly a lancé en octobre 2020 un nouveau manga  : Nova. Avec cette tranche de vie teintée de science-fiction et de mystère, l'autrice entamait un récit plus dense, voué à s'achever en quatre volumes et dont les trois premiers sont disponibles dans nos librairies, édités chez H2T.


Lors du Festival international de la Bande-Dessinée d'Angoulême qui s'est tenu au mois de mars, nous avons pu rencontrer de nouveau la mangaka afin de parler de la transition entre ses deux œuvres et sa vision de Nova.


https://www.manga-news.com/public/2022/news_11/Caly-Angouleme-2022.jpg


Notre première rencontre remonte à 2018, lors de la publication du premier tome de Hana no Breath. Depuis, tu as conclu la série, et tu as commencé une nouvelle œuvre. Avec du recul, quel bilan tires-tu de Hana no Breath  ?


Caly  : En tant que première série professionnellement éditée, Hana no Breath a été une grande source d'apprentissage sur le plan technique, par exemple des points mis en évidence par l'éditeur ou l'imprimeur comme les marges d'impression. Ce sont des éléments dont j'avais connaissance, mais sur lesquels j'ai appris à être plus précise.


Pour la suite, je n'ai pas du tout travaillé l'histoire de Nova comme celle de Hana no Breath. Pour ma première série, je suis partie sur un format épisodique en m'intéressant à des moments de vie de la relation entre Gwen et Asami, ce qui ne nécessitait pas un travail d'intrigue particulièrement approfondi. Non pas qu'il n'y ait pas de scénario, car il y a des péripéties. Avec Nova, je veux montrer que je suis capable de raconter une histoire. Ca a été mon challenge dans la transition entre les deux séries. Pour le reste, un auteur apprend toujours sur le plan graphique à chacun de ses projets, mais il est difficile de définir précisément sur quels aspects on s'est amélioré.


Entre la fin de Hana no Breath et le début de Nova, il y a eu le Covid. Est-ce que la crise sanitaire a eu un impact sur ton travail et sur la mise en chantier de ta nouvelle série  ?


Caly  : J'avais déjà bien avancé le premier volume de Nova quand le Covid est arrivé. Le premier impact fut positif  : Une semaine de vacances, car tous les événements étaient annulés. (rires)


Pour le reste, peu de choses ont changé. Car en tant qu'autrice, et comme beaucoup d'autres, je travaille à domicile, aussi le confinement ne m'a dérangé que pour faire mes courses. Le rythme de travail, lui, n'a pas évolué, si ce n'est que j'ai eu davantage de temps pour progresser sur mon manga, car les festivals étaient suspendus. Je pense que c'est là que le Covid a eu un effet  : Les rencontres avec les lecteurs ont été annulées, tandis que le premier tome de Nova est sorti pendant le deuxième confinement. À ce titre, je me demande si l'accueil de la série aurait été différent en période normale. Mais en même temps, les gens ont beaucoup plus lu et ont acheté plus de livres pendant cette période. Sur ce plan, c'était peut-être un mal pour un bien.


Néanmoins, si les grosses séries n'en ont pas forcément pâti, ce n'est peut-être pas le cas pour les titres plus confidentiels qui ont besoin des événements et de la présence des auteurs. Je ne me plains pas, car Nova fonctionne bien, mais on ne peut pas savoir ce qu'il en aurait été dans un autre contexte.


 

Pour parler de Nova plus en profondeur, peux-tu nous parler de la naissance de la série  ? Avec cette nouvelle histoire, souhaitais-tu raconter quelque chose de plus fantastique  ?


Caly  : Tout à fait. Avec Hana no Breath, la majorité de mes lecteurs cherchaient de la romance, entre femmes notamment. Je sentais qu'ils m'attendaient sur ce terrain pour mon projet suivant, mais je n'avais pas du tout envie d'être catégorisée sur un type d'histoires. Car dans ma tête, ce sont tous les genres qui s'entremêlent, aussi bien la tranche de vie que le fantastique. Je ne dis pas que je ne reviendrai pas sur la romance, mais je ne voulais pas qu'on me colle une étiquette. Je voulais partir sur quelque chose de différent par rapport à Hana no Breath, mais aussi par rapport à MaHo-Megumi, ma série fantastique auto-éditée. Je cherche à démontrer sur un même genre, je peux m'exprimer différemment et rendre des personnages attachants, tout en sachant que le soin pour ces personnages est quelque chose qu'on retrouve dans toutes mes séries. Je dis ça, car c'est quelque chose qu'on me dit souvent, mes lecteurs trouvent mes protagonistes très humains.


Avant Hana no Breath, je ne savais pas quel projet présenter à un éditeur, j'étais perdue. Hana no Breath était le projet idéal, car je l'avais déjà travaillé et a impliqué un certain mode de travail. J'essaie d'imbriquer mes séries les unes dans les autres  : Bien qu'elles peuvent être lues indépendamment, j'introduis de petits éléments sur mes projets à venir au sein de mes histoires en cours. On peut dire que j'ai une trame qui se suit dans mes différentes œuvres, ce qui m'a donné une visibilité sur le long terme. Bien qu'on soit sur un genre totalement différent, celui de la science-fiction, ça me semblait naturel de travailler sur Nova, car l'héroïne est la cousine de Gwen de Hana no Breath. Le lecteur n'en a pas forcément conscience, même s'il y a des références au sein des deux récits. L'idée des parasites vient de Nova et de Rease qui sont des personnages que j'ai créés il y a longtemps. L'histoire que j'envisageais pour eux au départ était davantage de l'ordre de la comédie, mais j'ai changé ça pour m'intéresser davantage à l'émotion et aux intrigues de manipulation, ce qui a donné plus de sérieux au récit.


  


Une autre connexion entre Hana no Breath et Nova, plus de l'ordre du ton des œuvres, c'est la bienveillance dont peuvent faire preuve plusieurs personnages, couplée à la représentation de l'amour sans aucune barrière. En tant qu'autrice, est-ce que ces notes d'humanité et d'ouverture sont importantes pour toi  ?


Caly  : Elles sont importantes pour moi, et je pense que c'est essentiel qu'elles ne soient pas au premier plan, qu'elles apparaissent de manière naturelle. La société aura évolué à partir du moment où ce type de relation ne sera pas forcément remarqué. Malheureusement, on en est encore à relever ces romances de même genre alors que ça devrait être normal et naturel. Dans le cas de la mère de Rease dans Nova, son écriture s'est faite inconsciemment. Je ne me suis pas dit qu'il fallait absolument qu'il y ait une femme dans sa vie. Ça s'est fait tout seul, mais je conçois que les lecteurs fassent le lien avec Hana no Breath qui traite d'une romance entre filles.


On m'a aussi fait la réflexion sur les camarades de Rease. Il s'agit d'adolescents qui pourraient très bien être en plein questionnement de genre dans la vraie vie. Mais ça reste des figures secondaires, que les lecteurs peuvent remarquer ou non dans le récit.


Pour en revenir à la transition entre Hana no Breath et Nova, est-ce que passer de la tranche de vie romantique à du fantastique t'a mené à changer d'état d'esprit en tant qu'autrice  ?


Caly  : Oui, je me posais surtout des questions sur le développement de Nova sur le plan graphique. Je savais que des changements visuels devraient avoir lieu, et que je craignais que l'évolution soit trop brutale. Mon éditeur m'avait suggéré de garder un côté lumineux sur le premier chapitre de Nova pour ensuite partir sur un ton plus sombre. Car mon encrage est un peu différent sur ma nouvelle série. Les lecteurs n'en ont peut-être pas conscience, mais je l'ai bien ressenti en ce qui me concerne. (rires)


Quant au scénario, je pense que je ne l'ai pas du tout envisagé de la même manière. Entre les deux mangas, il y a eu un an et demi de transition, une période durant laquelle j'ai travaillé sur d'autres projets, mais aussi sur l'intrigue de Nova. Comme on était sur de la science-fiction, il fallait que je fasse un travail de recherche pour définir les parasites ou les pouvoirs de Rease. Que ce soit sur ma narration ou mon dessin, je n'ai pas abordé Nova de la même manière que Hana no Breath.



Par rapport aux thématiques de Nova, on peut observer à plusieurs reprises l'idée du blocage vis-à-vis d'autrui. Par exemple, Rease a du mal à nouer des relations à cause de ses déménagements successifs, quand Nova est en souffrance du fait de l'absence de ses parents. Du côté de Kimi, le personnage est si excentrique que des personnages comme Nova évitent de nouer une relation franche avec elle. Est-ce que cette idée du rapport à autrui t'est chère au point de la dépeindre sous diverses formes  ?


Caly  : Tout à fait, sachant que l'attachement entre Nova et Rease se fait aussi malgré les problèmes de communication entre eux. Nova est une héroïne qui a du mal à montrer ses émotions, ce qui fait partie du cœur de l'intrigue. Malgré ces notes pessimistes, des interactions peuvent être nouées. Rease a du mal à aller vers les autres, mais il est doté d'une empathie forte pour un garçon de son âge. C'est ce qui permet au binôme principal de bien fonctionner. C'est ce que je trouve intéressant  : Même si je développe des personnages qui ont des failles dans leur relationnel ou leur gestion des émotions, il peuvent développer des liens humains. C'est à la fois sombre et un optimiste. Cette nuance peut être explorée de manière tellement variée qu'elle risque de revenir dans d'autres de mes œuvres. Avec chaque personnage, j'ai l'impression d'explorer quelque chose de nouveau.


La série est prévue sur quatre volumes. Est-ce que tu avais de base la structure de l'histoire en tête, ou t'es-tu laissé une marge d'improvisation  ?


Caly  : J'avais vraiment le squelette de l'histoire en tête dès le départ, j'ai juste été surprise par le volume que ça prenait pour tout développer, ce qui explique les tomes assez fournis. Avec le recul, Nova m'a appris a mieux gérer la quantité d'intrigues racontées dans un seul opus, ce qui me permettra d'être plus vigilante sur ma prochaine série. La seule chose qui changera par rapport à mon idée initiale, si je peux me le permettre, c'est un chapitre du quatrième volume qui n'était pas prévu à la base. Ça dépendra de l'espace que prendra chaque chapitre dans le dernier opus, mais j'aimerais vraiment l'intégrer tant je pense qu'il est important pour bien conclure l'histoire.


Au moment où nous nous rencontrons, tu as professionnellement publié quatre volumes, sans compter ta série Maho-Megumi en auto-édition. Si tu devais tirer un premier bilan de ta carrière d'autrice, quel serait-il  ?


Caly  : Je n'ai pas du tout l'impression d'avoir une carrière. J'ai certes dix tomes à mon actif, mais j'ai toujours l'impression de débuter. (rires)

Question difficile... La première impression est l'envie de continuer, et d'avoir la possibilité de surprendre les lecteurs en développant des sujets différents tout en entretenant ce dénominateur commun des personnages et de l'aspect relationnel. Je laisserai toujours une place aux émotions, même dans des récits mettant davantage en avant le scénario ou l'action. Ces éléments resteront importants pour moi. Mais globalement, je pense qu'il est encore un peu tôt pour faire un point sur mon travail. Peut-être que j'aurai une meilleure visibilité sur tout ça après avoir conclu Nova.



Le Festival international de la Bande-Dessinée d'Angoulême a fait partir des grands événements parmi les retours de salons. Pour un artiste, les retrouvailles avec le public sont-elles importantes  ?


Caly  : Pour ma part, j'ai repris sur de tout petits événements. Angoulême, c'est le premier gros festival que je fais. Et vu que c'est surtout un salon dédié à la bande dessinée, Angoulême n'accueille pas forcément mon cœur de cible. Mais faire face à un public nouveau est aussi un moyen de se reconnecter à son œuvre, car je ne raconte plus le synopsis de Nova à un visiteur comme je le faisais avant. Je parle mieux de mon œuvre aujourd'hui, car je l'ai plus en main après trois tomes, et heureusement. Avoir ce contact avec le public permet de faire un point sur son propre travail, ça me permet à la fois de me reconnecter à mes lecteurs, mais aussi à mon histoire.



Interview menée par Takato. Remerciements à Caly et à Ludivine Gouhier des éditions H2T pour l'organisation de la rencontre.