AKARA - Actualité manga

Interview de l'auteur

Publiée le Vendredi, 11 Août 2023

Chaque année, Japan Expo dédie une belle place à la musique japonaise, de tous horizons. Pour cette édition 2023, le groupe Akara était de retour pour proposer à son public sa musique rock teintée de sonorités nippones.



Fondé en 2014, le groupe compte aujourd'hui trois membres fixes : Mikiko au chant, Tommy au koto, et Taka à la flute. Ce trio exprime un courant qu'il nomme "J-trad rock", une fusion du rock et des instruments traditionnels japonais. Fidèles à eux-mêmes, ils ont signé plusieurs shows endiablés, en plus d'être présents sur l'espace Wabisabi.



Sensibles à sa musique, nous avons pu rencontrer Akara, et plus particulièrement sa chanteuse, Mikiko. Dans cette entrevue, la chanteuse a pu se confier sur les origines du groupe, le travail musical du trio, et les messages exprimés à travers sa musique.


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Bonjour, Mikiko, nous remercions pour cette interview. D'abord, pouvez-vous nous parler de la formation d'Akara, et de la manière dont le concept de J-trad rock est venu ?


Mikiko :
La première motivation était de promouvoir les instruments traditionnels japonais dans le monde entier. J'ai longtemps habité aux États-Unis, une période durant laquelle j'ai pris des cours de tambour japonais. Mon professeur m'a demandé si je connaissais d'autres instruments traditionnels, mais je ne connaissais vraiment rien d'autre. Il m'a suggéré de me renseigner sur d'autres instruments, et c'est là que l'idée de faire une musique mettant ces sonorités à contribution m'est venue.


J'ai commencé à chercher des musiciens, ce qui m'a menée à rencontrer Tommy et Taka. C'est ainsi qu'Akara s'est formé.




Dans votre musique, les instruments traditionnels se mêlent donc au rock. Est-ce que cette fusion rend la composition musicale plus complexe ?



Mikiko :
Chacun des instruments utilisés à son propre type de partition, ce qui fait que nous ne pouvons avoir une partition commune. Par exemple, celles du koto sont notées en kanjis, contrairement à la flute où les notes sont indiquées de manière classique. C'est ce qui fait que je ne comprends rien à ces partitions. (rires)


À partir du chant, chacun des musiciens va composer sa propre partition.




La musique d'Akara oppose le côté agressif du rock et la douceur des instruments traditionnels et de votre voix, Mikiko. Est-ce un rendu que vous avez volontairement souhaité développer ?



Mikiko :
C'est l'intuition musicale qui a créé cette sorte d'opposition. Un peu à la manière du yin et du yang, ce rendu s'est fait naturellement.



Revenons sur votre premier album, "Crush the Rules", sorti en 2018. C'est un album très complet, dans le sens où certaines pistes sont particulièrement endiablées, tandis que d'autres apportent de la douceur. Pouvez-vous nous parler de la réalisation de ce disque, et des éventuelles difficultés rencontrées ?

Mikiko : Dans cet album, la musique "Aphrodite" a été composée par Tommy, et ne comporte que du koto. C'est donc quelque chose de très doux, que je voulais implanter dans le rock. C'est un genre musical entrainant, qui peut fatiguer au bout d'un moment. Il fallait dont alterner entre des pistes puissantes et d'autres, plus calmes. L'humain a aussi besoin de calme, afin de se reposer. Par cette dimension un peu philosophique, on a établi un équilibre sur les 13 pistes du disque.
Dans un certain sens, ce rythme caractérise la vie d'une manière générale. Notre existence est composée de moments plus intenses que d'autres. La cadence de l'album caractérise aussi la vie.



Vous avez étudié aux États-Unis, et parlez donc anglais. Certaines chansons comme "Berserker" sont en anglais, tandis que le groupe joue beaucoup hors du Japon. Est-ce que la musique d'Akara a cette volonté de briser les frontières ?



Mikiko :
Tommy et Taka, les deux musiciens qui m'accompagnent, sont des personnes très calmes sur scène à la base. Il y a deux ans, nous avons joué en Allemagne pour la première fois. Le public est aussi énergique que les français, ils bougent et crient beaucoup. En jouant face aux publics allemands et américains, Tommy et Taka sont devenus beaucoup plus expressifs. (rires)


Ensemble, par ce contact avec le monde entier, nous avons brisé cette carapace de timidité.



Sur les réseaux sociaux, nous avons diffusé des images de nos concerts à Japan Expo. En résultat, nous avons reçu des messages privés de fans japonais, plus motivés que jamais pour nos prochains shows. Ils ont été marqués par l'énergie des Français sur le salon, et en sont jaloux. (rires)


https://www.manga-news.com/public/2023/news_08/AKARA-Crush-the-Rules.jpg https://www.manga-news.com/public/2023/news_08/AKARA-Berserker.jpg

Votre nouveau mini-album, "World of Revenge", est sorti le 4 juin. Pouvez-vous nous parler de sa conception ?


Mikiko :
Ces derniers mois, le monde a été impacté par le covid, et Japan Expo n'a pas eu lieu pendant deux années consécutives. Durant cette période, nous avons reçu beaucoup de messages sur Instagram. Les gens regrettaient cette coupure, et la possibilité de nous voir sur scène. Maintenant que nous pouvons revenir, notre revanche commence.



Le premier titre de l'album s'intitule "Shut xxxx up!!" et a été composé avec l'idée de crier notre colère contre le covid.



Dans "Akatsuki", la deuxième chanson, l'idée est le chemin vers les lendemains. C'est une piste plus positive et lumineuse.



Le troisième titre, "Natsu Hayate - 2023 ver.-" est entièrement instrumental, et joué à la flute par Taka. La musique symbolise le vent de l'été, et a pour idée notre rapprochement avec le monde et la planète.



Enfin, la chanson, "Hello, THE WORLD ENDS" est un appel à profiter de la vie, jusqu'à sa fin, et tous ensemble. C'est pourquoi, lors des représentations live, je fais chanter les choeurs par le public.




Justement, par rapport à ce morceau, il a un titre pessimiste, alors que son message est finalement positif.



Mikiko :
C'est une intention volontaire. Si vous percevez ainsi cette chanson, c'est que nous avons réussi à vous transmettre notre message. (rires)
Chacun est confronté, un peu, à la fin de la vie, et la fin du monde arrivera peut-être un jour. Le mieux est donc de chanter ensemble, jusqu'à la fin.




World of Revenge semble pousser encore plus loin le rock agressif. Est-ce une volonté de faire évoluer la musique d'Akara ?



Mikiko :
L'évolution d'Akara se fait par rapport à l'évolution du monde. La covid a fait que nous avons composé des morceaux plus agressifs. Aussi, si un nouvel événement aussi grave que la pandémie devait avoir lieu, on pourrait créer de nouvelles chansons aussi fortes. En revanche, si le monde devait se retrouver en paix, ça pourrait amener à des créations plus douces. Mais vu que le public semble aimer les morceaux dynamiques, qui sait... ? (rires)


https://www.manga-news.com/public/2023/news_08/AKARA-World-of-Revenge.jpg

Akara étant de la musique rock, avez-vous des influences particulières dans ce registre ?


Mikiko :
En réalité, Akara n'est pas vraiment issu d'influences rock. Jusqu'à présent, aucun des membres du groupe n'avait joué ce genre musical. En ce qui me concerne, j'écoute plutôt de la pop, et j'adore particulièrement Lady Gaga, car c'est une artiste qui assume sa personnalité. Par contre, j'adore X Japan et Yoshiki ! (rires)



Des projets futurs sont-ils déjà définis pour Akara ?



Mikiko :
Nous avons le désir de jouer à l'international, afin de montrer que les instruments traditionnels japonais peuvent aussi être puissants. D'habitude, le rock ne comporte que des guitares, des basses et une batterie. Quant aux autres groupes qui incluent des instruments comme le shamisen ou le koto, ils ne sont peut-être pas aussi agressifs que notre musique.




Il arrive que vous reprenions des musiques d'anime ou de jeux vidéos. Avez-vous un rapport fort à toute cette pop culture ?



Mikiko :
Effectivement, il ne se passe pas une journée sans que je regarde un anime. Je suis une otaku. (rires) Je suis fan de Sword Art Online et de Chainsaw Man.


Interview menée par Takato. Remerciements à Mikiko, Tommy et Taka du groupe AKARA, à leurs interprètes, et à Japan Expo pour l'organisation de la rencontre.


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