Chronique animation - One Piece - L'aventure sans issue- Actus manga
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Dvd Chronique animation - One Piece - L'aventure sans issue

Dimanche, 05 Juin 2016 à 16h00 - Source :Chronique Animation

Au début des années 2000, à l'heure où le manga One Piece connaissait son boom au Japon, l'oeuvre imaginée par Eiichirô Oda connaissait chaque année sa nouvelle adaptation en film : 1er film en mars 2000, 2ème en mars 2001, 3ème en mars 2002... pour des résultats loin d'être déplaisants, mais donnant la sensation d'avoir été faits un peu à la va-vite et sans le budget adéquat, ne serait-ce que par leur brièveté, leur scénario pas exploité à fond, ou leur qualité visuelle assez pauvre.


Arrivé, comme une horloge bien réglée, en mars 2003 soit un an aussi après le précédent film, le quatrième long-métrage, au premier abord, semble destiné au même chemin que ses trois prédécesseurs. Et pourtant, quelques différences viennent se glisser pour "Une aventure sans issue", également connue sous le nom de "Dead End". Entre autres, une longueur amplement revue à la hausse puisque ce film dure plus de 1h30 là où les précédents ne dépassaient pas 1h, et quelques changements importants au sein du staff, où l'on retrouve désormais à la réalisation Kônosuke Uda, également réalisateur durant les 278 premiers épisodes de la série One Piece. Cela suffit-il pour apporter une nette amélioration ? Nous allons voir qu'en prenant en compte d'autres éléments, la réponse est clairement oui !


Ce quatrième film part pourtant sur un scénario qui reste assez simple, se situant après l'arrivée de Nico Robin dans l'équipage. Complètement fauché après avoir échappé une fois de plus à la Marine, l'équipage du Chapeau de Paille accoste sur une île et se regroupe dans un bar pour réfléchir à une solution. Et Nami, grande dénicheuse de berrys devant l'Eternel, flaire une excellente opportunité de se refaire côté finances en découvrant l'existence de la "Dead End", une course pirate clandestine où tous les coups sont permis. Ni une ni deux, Luffy décide d'y participer à bord du vaillant Vogue Merry.

Telle est la stricte base d'une aventure où l'on s'attend essentiellement à suivre cette course qui serait alors ponctuée de diverses embûches et coups bas des adversaires, d'autant que le début du film s'applique à présenter quelques figures imposantes chez les autres concurrents, comme cet ancien disciple d'Arlong ou les deux géants (autant d'occasions de rattacher un peu plus le film à la saga-mère, en évoquant brièvement certaines figures importantes du manga comme Arlong ou certains peuples comme les géants) ...  et c'est essentiellement sur ce point que le film pourrait surprendre un peu voire décevoir quelques spectateurs, car concrètement, il ne faut en réalité pas du tout s'attendre à une course effrénée de ce type : les rebondissements liés au trajet de la course et aux adversaires sont minimes, hormis au tout début de la course où la réalisation se fait plutôt plaisir (la chute des bateaux depuis la cascade est plutôt chouette), et les concurrents susnommés passent vites à la trappe tant la course dévie vers d'autres choses. Ce qui n'est pas un mal, comme nous allons le voir.



En effet, plutôt que de s'enfoncer dans une course linéaire, le récit prend plutôt le parti de développer une histoire faisant se croiser certaines figures amenées à participer à la course : le dénommé Gasparde en grand favori de la course qui semble cacher bien des choses, un chasseur de primes nommé Shuraiya qui semble vouloir se venger de ce dernier pour une raison précise, un gamin du nom d'Anaguma qui se retrouve clandestinement sur le bateau de Luffy dans le but de tuer un pirate pour sauver son "grand-père"... Entre antagoniste inédit et nouveaux alliés d'un instant, la recette ne change pas par rapport aux précédents films... mais c'est là qu'intervient de façon positive la longueur accrue du film par rapport aux trois premiers. Avec plus de 30 minutes supplémentaires, on a enfin un long-métrage One Piece qui parvient à développer honnêtement ses nouveaux personnages. Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à des merveilles d'originalité : le lien du petit Anaguma avec le grand-père est classique, de même que les motivations ayant nourri chez Shuraiya une haine des pirates et de Gasparde, et ce dernier campe un méchant très méchant, qui cache finalement sous ses allures de colosse charismatique et effrayant une certaine fourberie. D'ailleurs, le point le plus décevant du film pourrait venir de ce fameux Gasparade : sacrément réussi au début du film tant il parvient à en imposer, il se dilue un peu au fil des minutes, d'autant que son passé en lien avec la Marine reste finalement très artificiel. Mais pour le reste, c'est réellement efficace. Ce Gasparde campe décidément un méchant comme il faut, d'autant que son Fruit du Démon lui confère un pouvoir très intéressant dès qu'il est en confrontation avec celui de Luffy. Anaguma permet de souligner certaines choses très appréciables, comme l'aspect assez adulte que toute la bande de Luffy montre à son égard, notamment un Sanji étonnamment bienveillant par instants (ce n'est jamais dit, mais on peut évidemment penser que le lien d'Aginuma avec son "grand-père" lui rappelle la relation que lui-même avait avec Zeff). Et aux côtés de ces deux nouvelles figures, on trouve en Shiraiya un troisième larron fichtrement charismatique, assez ambigu et destiné à revoir sa vision des pirates sans pour autant changer du tout au tout. Un brin nonchalant, doté d'une petite aura de mystère et d'une façon de se battre prenante, il donne l'impression d'être à la croisée de Spike Spiegel de Cowboy Bebop et de Trafalgar Law, pour un résultat séduisant. C'est le genre de personnages plus ambivalent qui manquait aux précédents films, et il s'inscrit si bien dans la mythologie One Piece qu'on rêverait de le revoir un jour dans la saga.


Sans en dire plus sur les personnages et le scénario, sachez que sans être d'une originalité folle, il s'avère réellement bien mené, tant les différents parcours s'entrecroisent efficacement. On y appréciera aussi le combat final s'écartant du schéma habituel membre de l'équipage VS sbire, ainsi qu'une exploitation assez honnête de chacun de nos héros au moins à un moment, même si Chopper paraît un peu plus en retrait que les autres, et que l'on aurait pu apprécier une mise en avant un peu plus forte de Robin qui était alors la "petite nouvelle" de l'équipage.

Pour le reste, il faut saluer la nette amélioration de l'aspect visuel par rapport aux précédents films. On sent qu'il y a eu là un budget plus important, ce qui permet un peu plus de fantaisies : quelques éléments 3D et efforts de mise en scène (par exemple durant le passage du tout début où l'on découvre des ruelles de la ville façon vue à la 1ère personne), des décors un peu plus fouillés, des chorégraphies mieux fichues durant les combats les plus importants (la rixe dans la taverne offre quelques excellents moments), quelques petits gags de fond (comme les os que Zoro se prend en pleine tête sans broncher dans la taverne)... Malgré tout, tout est loin d'être excellent : il y a quelques passages plus minimalistes en milieu de film, et un gros relâchement régulier dès que les personnages sont en vue un peu éloignée.
Quoi qu'il en soit, c'est fun, barré, vivant, porté par quelques moments asses intenses : à l'image de nos héros se lançant à coeur joie dans la course, on tient là de l'Aventure comme on en attend de One Piece.


Au final, "Une aventure sans issue" est probablement l'opus qui fait passer un vrai cap aux films One Piece. Plus long, plus travaillé autant visuellement que scénaristiquement, tout simplement plus ambitieux et doté d'un meilleur budget, il est loin d'être parfait, mais constitue un très bon divertissement, qui ressemble enfin à un vrai film.

Pour les amateurs de VF, un doublage français est évidemment présent et reste dans la veine de ceux des précédents films, c'est-à-dire assez vivant même si certaines voix peuvent toujours irriter (celle de Luffy en tête). On regrettera quand même le manque d'implication pour certains personnages secondaires, la voix parfois inégale d'Anaguma, et celle peu adaptée de Gasparde.

Pas de petit bonus côté édition cette fois-ci, mais une image et un son qui restent de bonne facture, même si on reste toujours sur du 2.0 du côté de la piste audio.

L'avis du chroniqueur
Koiwai

Dimanche, 05 Juin 2016
15 20




©Eiichiro Oda/Shueisha, Toei Animation ©Eiichiro Oda/"One Piece" Production Committee

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