Chronique série manga - Nasu ou histoires autour de l'aubergine- Actus manga
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Manga Chronique série manga - Nasu ou histoires autour de l'aubergine

Dimanche, 24 Août 2014 à 15h00

La série « Nasu » (Aubergines en japonais) de Io Kuroda est l’histoire d’un coup manqué, d’un auteur qui avait vraiment une propension à proposer quelque chose d’intimiste et sensible, mais qui n’a pas assez souvent su donner un coup d’éclat à son récit.

Pour une raison que nous ignorons encore, Kuroda a choisi de construire sa série autour d’un thème commun : les aubergines. Partout où l'auteur nous emmène, au Japon, en Espagne, à l’époque des samouraïs, dans le futur, on est sûr de les trouver quelque part, avec plus ou moins d’importance. Parler des aubergines, c’est aussi parler d’un produit du terroir, de la terre, de la campagne, et donc, d’évoquer le retour à la nature. On ne peut pas reprocher à Kuroda de ne pas l’avoir fait. Son personnage le plus récurrent, « le prof », en est l’incarnation : un homme d’âge mûr qui se contente de cultiver son champ et ses aubergines, et qui tombe parfois sur des gens un peu bizarres, dans sa maison reculée.

   


Mais alors, qu’est-ce qui ne marche pas ? Probablement tout ce qui a trait au développement des personnages. A titre d’exemple, les deux premiers « visiteurs » du prof sont des ados en fuite. Inio Asano a déjà brillamment évoqué le thème de la jeunesse en dérive, à peu près à la même époque que Kuroda d’ailleurs. Quand les personnages d'Asano sont apathiques, ils le sont vraiment. Quand ils sont en colère, désespérés, névrosés ou psychotiques, de même. Les personnages de Kuroda par contre, ne semblent pas avoir d’odeur, ils sont transparents. Parce qu’il manque à quelques moments ces réactions qui stimulent leur psychologie. Ou du moins, trop souvent.




On peut également voir ce problème dans le style graphique de Kuroda. Son trait est très simple, un genre de dessin typé manga dans son style plus épuré, mal proportionné, et pas toujours d’une très grande netteté. Il arrive cependant qu’il adopte sur quelques chapitres ou quelques pages un trait plus épais, et là, le manga gagne en esthétisme. Mais globalement, il rajoute de la fadeur à la transparence dans l’écriture personnages. On peut globalement répartir les histoires en trois catégories : la majeure partie d’entre elles est anecdotique, certaines sont plutôt réussies, et d’autres carrément ratées. Les histoires anecdotiques le sont principalement à cause des raisons évoquées ci-dessus : c’est par exemple le cas des intrigues autour du prof. L’histoire de la contrebande d’aubergines à l’ère des samouraïs est un exemple d’histoire de bonne qualité. Le dessin est plus travaillé (avec ces fameux traits épais), et le scénario en lui-même est à la fois original et captivant. Ici, l’alchimie opère.




En revanche, le chapitre d’ouverture du tome 3, dans le futur, est un exemple de raté. Scénario catastrophe vu et revu, mal exploité, et presque illisible en terme de netteté graphique. Un autre problème se pose : la diversité des histoires. Quand on cumule autant d’éléments d’écriture moyens, la multiplicité des époques, des lieux et des thématiques à tendance à nous faire apparaître cette série comme un fourre-tout pas très cohérent, si ce n’est dans la présence de ces fameuses aubergines dont on commence à comprendre qu’elles n’ont pas beaucoup de symbolique. Reste le lien entre certaines intrigues, comme celles du prof, où l’on peut accepter sans problème la chronologie.




Nasu est au final une série qu’on aurait vraiment voulu apprécier, avec une ambiance pleine de promesses sur le papier. Mais au final, c’est un patchwork d’histoires sans saveur, à la qualité variable qui tend vers le moyen et qu’on aura tendance à oublier une fois les trois tomes refermés. Les éditions Casterman avaient placé quelques espoirs dans cet auteur. Malgré tout, on peut penser qu’il est capable de faire quelque chose de mieux, notamment grâce à une forme de sensibilité qu’on a pu ressentir. On peut au moins remercier l’éditeur de nous l’avoir fait découvrir et on espère le voir dans d’autres séries, mieux construites.


Chroniqueur : Raimaru

commentaires

Bobmorlet

De Bobmorlet [5515 Pts], le 24 Août 2014 à 19h44

Pas mon style mais intéressant.

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