Voyage à Tokyo - Version restaurée - Actualité anime

Voyage à Tokyo - Version restaurée : Critiques

Critique du dvd : Voyage à Tokyo - Version restaurée

Publiée le Mardi, 13 Janvier 2015

Réalisé en 1953 pour la Shochiku et tourné en partie dans la ville d'Onomichi, Le Voyage à Tokyo de Yasujiro Ozu est une brillante réflexion sur la fuite du temps.

Pour décrire l’abandon de deux retraités par leurs proches, Yasujiro Ozu situe son film dans un Japon en pleine mutation. Partout, les usines se construisent et déchargent leurs oxydes sur les dernières surfaces de terre, laissant les valeurs familiales ensevelies sous les décombres de la défaite.



Le voyage du vieux couple Shukishi-Tomi dans la grande capitale inhumaine, où tout va trop vite, est un aller sans retour au coeur d'une nation neuve, mais amnésique, bientôt happée par un marasme technologique et individualiste, synonyme d'un refus net des choses du passé, d'une négation totale de la souffrance des pères.
Porté par une acceptation frontale de la réalité, Ozu absorbe l'essence de ces destinées anonymes.



Entre le cynisme de Shige (Haruko Sugimura), se préoccupant déjà du destin d’un kimono ayant appartenu à sa mère à peine enterrée, la solitude de la jeune veuve Cheiko (Setsuko Hara) similaire à l'abandon de nos deux retraités, Yasujiro Ozu évite le piège du sentimentalisme gluant et larmoyant; les plans sont réalistes et faussement contemplatifs, déviant le spectateur d'un quelconque jugement.




La sobriété des plans, le placement de la caméra à ras du sol, une instrumentalisation unique de l’espace, donne au Voyage à Tokyo une ampleur dépassant la spontanéité de l’existence. Pur et déchirant, le cinéma de Yasujiro Ozu est plus vrai que la vie.


The Duke
Note de la rédaction