Election 1 - Actualité anime

Critique du dvd : Election 1

Publiée le Vendredi, 12 Août 2016

Il y a des films qui marquent une carrière, qui laissent des traces, qui délimitent un avant et un après...Election est sans doute de ceux-là !
Réalisé en 2005 par le très prolifique, mais surtout très talentueux Johnny To (qu'on ne devrait plus avoir à présenter), Election est dans une certaine mesure, toute proportion gardée, « Le Parrain » Hong Kongais. On y suit une guerre des gangs meurtrière, une lutte de pouvoirs où les alliances et trahisons sont multiples.
Mais tout ceci est fait à la sauce Hong Kongaises, et particulièrement à la sauce Johnny To ! Pas de séquences trop longues, pas d'intrigues interminables...en seulement 90 minutes, le réalisateur nous dépeint un tableau à la fois sombre et passionnant des triades et de leurs traditions !
Ce film, témoignant de tout le talent de son réalisateur a été présenté à Cannes, marquant ainsi une nouvelle consécration pour ce dernier.


Tous les deux ans, la Wo Shing, la plus ancienne des triades de Hong Kong élit son nouveau « délégué général », en d'autres termes son nouveau grand patron. Et ce sont les anciens des triades, les « oncles », parmi lesquels d'anciens dirigeants, qui doivent nommer le nouveau représentant au cours d'une élection tout ce qu'il y a de plus démocratique.
Les oncles sont divisés entre les deux candidats : Lok et Big D. Alors que les voix se portent vers Lok, Big D qui a tenté d'acheter les oncles, refuse le résultat et s'annonce prêt à déclencher une guerre. Voulant briser la tradition ancestrale, il veut tout faire pour récupérer le sceptre à tête de dragon, symbole du pouvoir !
Lok va envoyer ses hommes pour ramener le sceptre de la Chine à Hong Kong pour s'assurer sa position dominante, mais Big D fera tout pour s'en emparer… Une folle course poursuite dans laquelle le temps est compté commence alors !


Dans un premier temps le film nous explique les traditions ancestrales des triades, ce qui ne manque pas de nous surprendre...une élection pour élire leur représentant pour un court mandat de deux ans ! Cela étonne fortement, mais tout le film est basé là dessus, d'où son titre d'ailleurs !
Ensuite peu à peu les nombreux personnages sont présentés en respectant la hiérarchie des triades dans une construction quasi pyramidale : en premier lieu les oncles discutant des candidats, vient ensuite le tour des fameux candidats, chacun étant en campagne, puis enfin vient le tour des lieutenants, les hommes de main qui vont à leur manière faire pencher la balance, en s'assurant accessoirement une position pour de futures élections…
Car si bien évidemment les deux protagonistes se trouvent être Lok et Big D, les candidats, on suivra surtout durant un long moment les différents lieutenants de ces derniers dans un périple entre la Chine et Hong Kong. Lok et Big D ne bougeront pas, attendant tantôt les résultats de l'élection, tantôt le sceptre qu'on leur amène, ce sont les petites mains qui vont se débattre et risquer leurs vies.


On trouve donc deux niveaux dans ce film : la partie purement « politique » en début et en fin de film, où les deux candidats vont lutter dans un premier temps avant de devoir penser à la suite ensemble, qu'ils le veuillent ou non, et la partie purement action où le sceptre va passer de mains en mains, où différents lieutenants vont devoir lutter pour le conserver ou s'en emparer.
Les deux parties, très différentes et bien distinctes (il y a clairement un « top départ » et un « point d'arrivés » pour la « course au sceptre ») sont aussi prenantes l'une que l'autre, mais pour des raisons différentes.
Pour celle qui nous occupe durant la partie centrale du film, c'est évident, le rythme est soutenu, les différents acteurs avec leurs propres personnalités se succèdent, l'action est présente...un régal.
Pour la partie plus politique, ce sont les enjeux et l'aspect révélation sur les triades qui nous tiennent en haleine. Cette partie est portée à bout de bras par deux acteurs remarquables qui n'ont plus rien à prouver.
Dans l'une comme dans l'autre la tension ne redescend pas durant tout le film, le suspens reste entier jusqu'à une explosion de violence finale qu'on ne voyait pas venir, contrastant avec le moment de calme et d'apaisement qui précédait juste auparavant.


On retrouve Simon Yam dans le rôle de Lok et Tony Leung Ka Fai (à ne pas confondre avec Tony Leung Chui Wai) dans celui de Big D. Deux acteurs vétérans n'ayant plus rien à prouver qui jouent ici dans deux registres complètement différents, mais se complétant parfaitement. Deux registres qui leur correspondent à merveille, dans lesquels on les a déjà vus et qu'ils maîtrisent totalement. On aura peut-être une préférence pour Tony Leung, électron libre ne tenant pas en place, débordant de violence et d'agressivité.
Parmi les lieutenants c'est festival : les charismatiques Louis Koo, Nick Cheung, Gordon Lam et le fidèle Lam Suet qu'on retrouve dans presque tous les films du réalisateur !
Que de beau monde ! Mais on sait depuis longtemps que Johnny To sait s'entourer.



Bien que ce suffisant à lui même, le réalisateur à tourné la suite dans la foulée, faisant directement écho à la séquence de la remise du sceptre avec l'intronisation des « filleuls » du parrain.

La mise en scène est du Johnny To dans les grandes lignes, elle ne surprendra pas les connaisseurs du monsieur, autant dire que cela reste du grand art, tout en finesse.
Le tout est porté par une musique rappelant les westerns, ce qui colle à la dualité du sujet tout en apportant un brin de fantaisie.

Un excellent film, s'intégrant sans problème à la prolifique carrière de Johnny To, porté par des acteurs remarquables, un film dans lequel la tension ne redescend à aucun moment jusqu'à une conclusion surprenante.
Un film à voir absolument !
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael

17 20
Note de la rédaction