Albator - Corsaire de l'Espace Edition Prestige - Actualité anime
Albator - Corsaire de l'Espace - Anime

Albator - Corsaire de l'Espace Edition Prestige : Critiques

Critique du dvd : Albator - Corsaire de l'Espace Edition Prestige

Publiée le Jeudi, 23 Janvier 2014



Dans un futur lointain, l'homme a quitté la Terre pour coloniser l'espace. Mais lorsque les ressources de l'univers s'épuisèrent, les colons tentèrent de revenir sur leur planète natale. Cela déclencha la guerre du retour. Pour mettre fin à cette guerre, la coalition Gaia déclara la Terre un "sanctuaire interdit" que nul être humain n'aurait désormais plus le droit de fouler, afin de préserver la beauté et l'inviolabilité de la planète bleue. Un homme toutefois refusa de se soumettre et se dressa contre la coalition: son nom est le capitaine Albator et il devint aussitôt un hors-la-loi dont la tête fut mise à prix. A bord de son vaisseau L'Arcadia, il réunit un équipage d'hommes et de femmes courageux aspirant eux aussi à fouler le sol de leur terre natale avant que l'humanité n'arrive à son extinction.



Yama, un jeune homme courageux, est envoyé en mission par son frère, l'amiral Esra, afin d'intégrer l'équipage d'Albator et d'assassiner le pirate de l'espace. Mais, alors qu'il découvre les intentions de son capitaine, Esra commence à douter qu'Albator soit réellement la menace que la coalition Gaia prétend. Seulement Albator est un homme bien mystérieux et qui sait quel sombre passé se cache derrière ses cicatrices ?



Héros de toute une génération, Albator marque son grand retour dans les salles de cinéma avec un film d'animation en images de synthèse pour le plaisir des quarantenaires qui ont su préserver leur âme d'enfant et aussi pour tous les autres qui ont découvert ses aventures via ses multiples incarnations. Une fois n'est pas coutume, cette nouvelle adaptation est totalement indépendante et réinvente en grande partie l'univers du charismatique personnage, ainsi que sa personnalité même. Le résultat est un univers visuellement grandiose à grand renfort de batailles spatiales et d'une histoire dramatique tournant autour de la relation compliquée entre deux frères, le premier militaire de carrière aspirant à l'élimination d'Albator, le second un jeune homme qui devient l'un des membres d'équipage de ce dernier avec l'intention de le tuer mais qui va commencer à avoir des doutes sur sa mission.



Car le coeur du film ne tourne finalement pas tant autour d'Albator qui est une sorte de présence charismatique, personnification des espoirs et des rêves portés par l'Arcadia, que sur le personnage de Yama, le jeune garçon par lequel nous découvrons le célèbre pirate et son univers. Loin d'être un simple personnage référent du spectateur, Yama est bien le personnage principal du film, celui autour duquel tourne l'essentiel des enjeux de l'histoire et qui va peu à peu évoluer d'un jeune homme pommé et limite suicidaire en un idéaliste prêt à se battre pour défendre ses convictions. Albator tient plus un rôle de mentor, de modèle, un personnage qui exerce une véritable fascination sur son équipage mais qui leur cache ses failles, de peur de décevoir leurs attentes. C'est un personnage sombre et désillusionné autour duquel tournent de nombreux mystères. A côté d'eux, on trouve l'amiral Esra, le frère de Yama et l'ennemi juré d'Albator, militaire redoutable dont un terrible accident a ruiné les espoirs de carrière mais cela n'a pas suffi à faire faillir sa détermination à remplir son devoir. Froid, calculateur et quasiment inhumain, il n'hésite pas à se servir de son propre frère, pour lequel il n'éprouve aucun amour, afin de remplir ses objectifs. Quelques flashs-back tentent de nous expliquer la relation entre ces deux frères afin d'humaniser le personnage d'Esra mais, peu convaincants et mal employés, ils peinent à donner une autre dimension à ce personnage qui s'impose en revanche sans peine comme le méchant du film.



Tous les enjeux dramatiques du film tournent essentiellement autour de ces trois personnages, le reste des membres de l'équipage étant de l'ordre de la figuration comme Mimé, la dernière survivante des Nibelungen, qui sert de prétexte à amener certains concepts de science-fiction, Yattaran qui s'illustre principalement lors des batailles avec une hache à la main, et Kei Yuki qui n'en est pas moins une excellente combattante mais qui elle est surtout là pour s'illustrer toute nue dans une scène de douche en apesanteur totalement inutile (du bon gros fan-service gratuit). De ce côté-là, on espérait certainement mieux du film qu'un traitement superficiel de ces personnages qui ont marqué nos mémoires.



Si l'histoire du film reste finalement assez classique, en accord avec sa durée, c'est finalement l'univers qui fascine le plus le spectateur. Visuellement, ce film est une superbe réussite qui donne brillamment forme à l'univers du célèbre pirate, ainsi qu'aux multiples batailles spatiales épiques dignes d'un film de Star Wars. Fidèle à l'esprit des oeuvres de Leiji Matsumoto, l'univers repose en bonne partie sur des éléments de science-fiction qui s'appuient eux-mêmes des théories scientifiques permettant d'amener une certaine dimension philosophique à l'oeuvre. Cela lui apporte indéniablement une identité mais aussi une certaine complexité qui demande un réel investissement du spectateur, devant faire attention aux dialogues et réfléchir pour arriver à bien comprendre tous les enjeux du scénario, à la manière d'une série comme Evangelion. Cette dimension peut dérouter de prime abord les spectateurs venus chercher un simple divertissement et qui se retrouvent ainsi avec un film ayant une dimension intelligible qui pourrait poser quelques soucis de compréhension à ceux qui ne sont pas familiarisés avec ce genre de concepts issus de la littérature de science-fiction.



La réalisation du film est d'excellente facture, donnant toute sa dimension contemplative, sombre et lyrique à l'univers, mais aussi tout leur dynamisme et leur dimension spectaculaire aux nombreuses séquences de bataille, bien que la violence reste relativement limitée (ça fait plus violence de jeu vidéo qu'autre chose, sans le gore). Les musiques ne se démarquent pas particulièrement, s'intégrant si bien au film qu'on les oublie presque, ce qui est un point positif ou non selon les attentes des spectateurs. Enfin, le doublage français est de facture assez correcte dans l'ensemble, bien que les nombreux fans des séries animées ne manqueront pas de regretter l'absence de monsieur Thierry Bourdon (la voix française de Tadashi Daiba dans toutes les séries où le personnage est apparu) ou le fait que le légendaire Richard Darbois soit cantonné au rôle du narrateur lors d'un prologue de deux minutes alors que tout le monde espérait le voir reprendre le rôle d'Albator qu'il avait interprété à la perfection pendant de nombreuses incarnations, sa voix devenant quasiment indissociable du personnage. Le doublage ayant été effectué en Belgique, c'est donc le comédien Mathieu Moreau qui reprend le rôle d'Albator ici avec plus ou moins de succès, sa voix peinant à imposer la même présence que celle de Richard Darbois, plus effacée qu'imposante.



Cette version cinéma d'Albator est au final une assez belle surprise, pas parfaite et susceptible de diviser les fans de la série originale qui attendaient peut-être autre chose de ce film, mais possédant toutefois un univers fascinant, des personnages que l'on prend du plaisir à retrouver et une dimension technique irréprochable avec une 3D bien employée. Si on lui préférera certainement la plupart des séries d'animation, ce film a toutefois le mérite notable de nous proposer une expérience différente en matière de long-métrage d'animation en image de synthèse, se destinant à un public relativement âgé (adolescents et adultes) avec une ambiance sombre et mature qui se démarque sur un marché essentiellement tourné vers le "tout public" avec les films de Disney, de Pixar et de Dreamworks qui se destinent principalement aux enfants. Cet Albator constitue donc une bonne petite surprise qui ravira autant les fans du personnage qu'elle proposera une expérience différente du film d'animation en images de synthèse aux cinéphiles, un de ces plaisirs rares que l'on aimerait retrouver dans les salles plus souvent.
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
GlassHeart

15 20
Note de la rédaction