Winged Mermaids Vol.1 - Actualité manga
Winged Mermaids Vol.1 - Manga

Winged Mermaids Vol.1 : Critiques

Winged Mermaids

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 25 Septembre 2017

Après la dark fantasy avec Übel Blatt et le space opera  avec Zelphy, le mangaka Etorôji Shiono s'essaie encore à un autre domaine : au moins, même si ses oeuvres peuvent paraître inégales, on ne peut pas reprocher à l'artiste de se limiter à un genre ! Et dans un registre situé quelque part entre le récit de guerre et les avions de combat, Winged Mermaids pourrait se présenter comme une bonne petite surprise.


Publiée de 2015 jusqu'à la première moitié de l'année 2017 chez l'éditeur japonais Shonen Gahosha dans le magazine Young King Ours GH (le magazine de Zelphy et d'Anus Beauté), cette série en 3 tomes nous plonge dans un monde fictif en grande partie recouvert par les eaux, et où s'affrontent deux grandes puissances dans une guerre : d'un côté la Ligue des Royaumes de Remzea, une alliance entre les 12 royaumes du continent éponyme, et de l'autre côté l'envahisseur, l'Etat militaire d'Yggländ. 


Originaires d'Aizen, le pays le plus à l'ouest de la Ligue des Royaumes, le duo de pilotes Suzuki s'est brillamment illustré pendant la Grande Guerre contre Yggländ : à bord de leurs hydravions sous le nom de code "lapin bleu", grâce à un style de vol inimitable et très acrobatique, Ishito Suzuki et sa soeur Misuzu ont su infliger d'importants dommages à l'ennemi. Depuis la fin de la Grande Guerre, une sorte de "guerre froide" s'est installée entre la Ligue des Royaumes et Yggländ, et Ishito en a profité pour se reconvertir dans la livraison de courrier entre les îles, pour le compte d'une compagnie aéropostale. 


Mais dans un contexte qui reste très tendu, et sur une idée de sa propre soeur, le jeune homme, à cause de sa ressemblance avec le prince héritier d'Aizen Asagito, est amené à devoir devenir la doublure de ce dernier lors d'un événement. Hélas, il ne sait pas encore ce que cette décision va impliquer... Quand un avion bombardier ennemi vient s'écraser là où se trouve le prince, c'est en réalité Ishito qui est touché. Quand il se réveille, le jeune homme se trouve en soins sur un navire d'entraînement, où il rencontre 5 jeunes filles en formation d'aviation. Tandis qu'il devient leur instructeur, la paix s'effrite toujours plus sous le joug de Nadarika, princesse d'Aizen désireuse de se venger de la Ligue des Royaumes qu'elle tient responsable de la mort de son frère adoré Amajito pendant la guerre. C'est elle qui, dans sa soif de vengeance, ne reculera devant rien, pas même si cela implique de nouer une alliance avec Yggland et d'attenter à la vie du prince héritier Asagito...


La plupart de ces éléments, on les découvre petit à petit au fil de la lecture, et il faut avouer que globalement Etorôji Shiono semble avoir bien imaginé son monde. Même s'il y a nombre de choses qui ne seront sans doute pas très développées en seulement 3 tomes (on pense aux différents royaumes de la Ligue, ou à certains éléments passés de la Grande Guerre), l'auteur sait globalement aller à l'essentiel pour offrir un background suffisant, qui se présente par petites touches et sait rester clair. Comme en témoigne par exemple la carte de la Ligue des Royaumes présente sous la jaquette, il a imaginé suffisamment bien la géographie de son continent, mais aussi le contexte de la guerre et le passé de ses principaux personnages, et on suit alors avec une certaine immersion leurs aventures. Pourtant, dans l'ensemble les personnages restent pour l'instant assez artificiels et n'ont pas de grands traits de caractère, mais on a facilement envie de les voir évoluer dans ce monde en conflit. Ishito et Misuzu sont deux pilotes prodiges qui ont pris des voies un peu différentes après la Grande Guerre, e ton attend de voir ce qu'ils donneront. Nadarika est le genre d'antagoniste intéressante, car elle n'est pas manichéenne : on comprend facilement ses motivations, sa soif de vengeance, elle qui n'est finalement, elle aussi, qu'une victime collatérale de la Grande Guerre. Quant aux cinq jeunes filles de l'école d'aviation, pour l'instant elles sont juste présentées. Arika Minamisawa, la plus en vue des 5, est une demoiselle aussi mignonne que positive dans son désir de devenir pilote. Yûmi Iota, fille du président d'une petite compagnie aérienne, rêve de découvrir les routes aériennes qui pourraient les mener au nouveau continent. Rio Komidô, dont la mère était pilote dans l'armée de l'air et a sauvé de nombreuses vies, aimerait devenir une aussi bonne pilote qu'elle. Riku Kibashi, elle, est plutôt spécialisée en mécanique du vol et en aérodynamique, et souhaite pouvoir un jour faire voler un avion de sa conception. Enfin, Yachiyo Hashimoto, dont le père est géologue, rêve d'explorer les îles et continents inconnus pour en concevoir les cartes. Chacune de ces demoiselles a sa propre spécificité et rêve, mais pour l'instant elles sont simplement présentées, et devraient gagner un rôle plus important par la suite, car elles pourraient être forcées à participer à l'effort de guerre si elles deviennent pilotes...


Entre un contexte qui se dévoile bien, un univers plutôt facilement immersif, et des personnages dont on attend un peu plus, mais qui sont bien mis en place, Shiono propose des débuts qui sont convaincants dans l'ensemble, et il sait porter le tout avec des visuels soignés. Bien sûr, on retrouve toujours les mêmes petits défauts chez l'auteur concernant ses personnages, qui à plusieurs reprises sont tristement inexpressifs au niveau des yeux. Par contre, il y a beaucoup de bonnes choses dans la gestion des décors, des appareils et des costumes. Entre les vêtements (tenues d'entraînement forcément mignonnes des apprenties, costumes de pilote, tenues royales), les hydravions de guerre, les navires et les autres engins volants, le dessinateur a imaginé des designs soignés et crédibles qui participent beaucoup à l'immersion. Et par-dessus tout, il aime diversifier ses angles de vue dans le ciel (par-dessus, en contreplongée, sur le côté...) pour mettre en avant ses avions sous différentes coutures, y compris lors des brèves scènes d'action qui sont claires. A cela, il ajoute très souvent des fonds (le ciel, le continent vu du dessus avec les engins volants en premier plan...) qui contribuent encore plus à la bonne immersion dans son univers.


On attend surtout un peu plus de la plupart des personnages qui pour l'instant se contentent de jouer leur rôle sans plus, mais dans l'ensemble Winged Mermaids s'offre des débuts prometteurs, essentiellement grâce à un contexte bien posé et suffisant ainsi qu'à des visuels qui servent très bien ce monde, notamment grâce aux différents designs. Une lecture plaisante dans l'ensemble, et qu'on espère voir se bonifier encore.


Doki-Doki livre ici une très bonne édition, comme très souvent. On a droit à quatre premières pages en couleur, à un papier bien épais et restant souple, à une très bonne impression faite en Italie chez Lego, à de bons choix de lettrage qui collent toujours à l'ambiance, et à une traduction de Jean-Benoît Silvestre fluide d'un bout à l'autre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction