Ugly Princess - Collector Vol.1 - Actualité manga

Ugly Princess - Collector Vol.1 : Critiques

Kengai Princess

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 22 Avril 2016

Avec Switch Girl, l'un des derniers best-sellers shôjo en date, elle avait su conquérir voire changer la vie de nombre de lectrices grâce à ses thématiques fortes, et malgré les coups de moins bien qu'une série de 25 tomes peut avoir. Un an et demi après la conclusion de son oeuvre la plus emblématique, Natsumi Aida est de retour en ce mois d'avril 2016 en tant que nouveau fer de lance du catalogue shôjo d'Akata, qui avait fait découvrir la mangaka chez Delcourt. La série a récemment vu sa fin annoncée au Japon, et devrait donc visiblement compter un total de 7 volumes, ce qui devrait permettre d'éviter les errances que Switch Girl a parfois pu avoir à force de s'étirer. Et avec ce premier volume, on peut affirmer sans problème que cette nouvelle oeuvre part déjà sur des bases conquérantes !

Ugly Princess, c'est l'histoire de Meguro Mito, adolescente en dernière année de collège, et qui souffre depuis toujours d'un physique que beaucoup qualifieront d'ingrat. Ses cheveux passent leur temps à faire n'importe quoi. Son large bassin n'a rien de sexy. Elle a des problèmes de peau en haut des bras, des pieds trop gros, une ossature épaisse... et même si elle n'est pas spécialement grosse, ses joues bouffies et ses doubles paupière donnent souvent l'impression inverse. Si bien que dès son plus jeune âge, elle a bien compris qu'elle ne fera jamais partie des canons de beauté, de celles qui attirent les regards grâce à leur physique. Forcément embêtée par ses camarades de classe lors de sa scolarité à cause de ce physique, elle subit encore aujourd'hui quelques moqueries de certains élèves, mais a surtout appris à rester effacée, et préfère s'enfuir avec ses deux meilleures amies Haru et Maru dans des divertissements comme son jeu de drague préféré, où elle peut fantasmer autant qu'elle veut sur le beau gosse virtuel Seiya.

Bref, rien d'idéal dans ce quotidien. Jusqu'au jour où Kunimatsu, un beau et droit camarade de classe, adresse la parole à la jeune fille, qui tombe rapidement sous son charme. Dès lors, la jeune fille prend une importante décision : surpasser ses nombreux complexes pour tenter d'approcher celui qu'elle aime ! Mais entre son manque de confiance en elle, quelques rivalités ou tout simplement la poisse, les choses ne s'annoncent pas faciles...

Une fille physiquement désavantagée qui s'éprend d'un beau gosse : le concept de base d'Ugly Princess n'est pas forcément très original, et on peut même dire qu'on l'a souvent vu, et pas seulement dans le domaine du manga. Mais on le sent dès le synopsis, on en a la certitude dès la lecture commencée : cette héroïne-là sera différente de beaucoup d'autres du genre.

Il faut d'abord souligner une qualité que Natsumi Aida savait déjà insuffler à Switch Girl : son héroïne apparaît extrêmement juste dans toutes ses facettes, des plus attachantes aux moins reluisantes.
Il peut être intéressant de comparer Ugly Princess à un autre shôjo démarré chez Kana en début d'année : le très plaisant Telle que tu es !, dont le pitch est un peu ressemblant, avec une héroïne éloignée des critères de beauté. Dans le cas de Telle que tu es !, l'héroïne Tsumugi a déjà surpassé en grande partie ses complexes, si bien qu'elle est parvenue à bien s'entendre avec beaucoup de camarades, et que son caractère doux et sa force intérieure acquis ont attiré l'attention d'un garçon qui s'éprend d'elle. Ugly Princess semble presque répondre à Telle que tu es !, les deux séries semblent quasi complémentaires en abordant une même chose... mais en empruntant des chemins très différents. Car pour l'heure, Meguro est un peu l'inverse de Tsumugi sur pas mal de points ! A commencer par ses défauts qui ne s'arrêtent pas à son physique (si tant est qu'il s'agit d'un défaut).
A force de vivre en s'effaçant et en se sous-estimant, notre "ugly princess" en arrive à faire passer ses colères et fantasmes sur d'autre choses, s'enfuyant auprès du beau gosse virtuel Seiya, partant dans ses trips où elle s'imagine régulièrement en belle princesse aux côtés du prince charmant, maudissant les filles naturellement jolies qui n'ont pas le moindre effort à faire pour attirer l'attention... Est-ce que ces petits défauts accumulés la rendent antipathique ? Non, c'est tout l'inverse ! Car qui peut se vanter de ne jamais avoir ce genre de comportement et de pensées pas très reluisants ? Personne, bien sûr. Meguro apparaît dès lors comme une adolescente crédible, sans fard, mais aussi rigolote à suivre et dont on se sent vite proche, et qui a donc tout pour parler à nombre de lectrices... voire de lecteurs, car la situation peut aussi concerner l'autre sexe.
Et dès lors, suivre la jeune fille prenant son courage à deux mains pour aller de l'avant et se rapprocher de Kunimatsu devient un véritable bonheur, apte à faire passer par toutes les émotions tant la demoiselle va se démener. Oh, bien sûr, comme dans la réalité, rien ne sera facile, il ne suffira pas à Meguro de claquer des doigts pour trouver la confiance en soi et le bonheur, et Natsumi Aida s'applique beaucoup à retranscrire toutes les difficultés de la démarche de son anti-héroïne, détaillant par exemple à quel point il peut être difficile de dire bonjour normalement à celui qu'on aime, à l'aborder au bon moment dans la rue, à se confronter aux autres qui ne sont pas toujours bienveillants envers elle... Nombre de petite preuves vont se dresse sur la route de Meguro, mais la miss possède une qualité indéniable : elle ne va rien lâcher. Car après tout, elle n'a rien à perdre ! Au gré d'événements scolaire classiques comme la fête du collège, Aida parvient vraiment bien à dépeindre toutes les facettes de cette fille dont l'authenticité et le courage ont quelque chose de salvateur pour les lectrices. Si bien qu'à force de se montrer vaillante, Meguro montrera qu'elle possède elle aussi des qualités qui lui sont propres (elle est très habile de ses doigts, par exemple). Nul doute que la prise de confiance en soi commence par ce genre de choses, par la mise en avant de qualités qu'on a tous, au détriment d'une mésestime de soi à faire disparaître peu à peu.

Autour de cette héroïne gravitent des personnages qui sont eux aussi fichtrement bien campés. On regrette pour l'instant que les deux amies Haru et Maru soient autant en retrait. par contre, c'est du tout bon pour Kunimatsu, personnage masculin assez idéal certes, mais qui séduit moins pour sa beauté que pour sa grande objectivité et sa reconnaissance naturelle des efforts des autres. Il est beau, il plait, mais il n'en profite pas. Tout le contraire de Masuki, prototype même de la fille que l'on va adorer détester : d'une beauté qui lui vaut bien des regards, elle n'a jamais eu à faire d'efforts, et cela se ressent dans son comportement de midinette égoïste délicieusement énervante... et l'issue du passage sur la fabrication des grues n'en est alors que plus jouissif !

A cela, il faut ajouter des dessins qui ont pour vocation première de servir l'intrigue, et qui s'en sortent très bien de ce côté-là. Les bouilles de Meguro, franche sou amusantes mais toujours très expressives, sont un régal.

Et côté édition, Akata délivre un très jolie copie, totalement portée par la traduction de Bruno Pham. Celui qui a déniché la mangaka est en effet le traducteur, et sa passion pour la série est communicative, avec des dialogues ultra vivants, des textes qui traduisent à merveille tout ce que peut ressentir Meguro... A cela s'ajoutent des choix de polices travaillés et immersif, un papier agréable à prendre en main et une qualité d'impression très honnête.
Notons que pour marquer comme il se doit l'arrivée de la série, l'éditeur a pris soin d'offrir une édition collector sur le premier tirage du tome 1. Vendue en parallèle de l'édition standard, cette version collector bénéficie d'une couverture inédite avec vernis sélectif, de six pages couleurs, et d'une interview qui, si elle ne nous apprend pas grand chose, s'avère amusante et témoigne de toute la sincérité de Natsumi Aida. Pour 1€ de plus, c'est plutôt honnête.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs