School Judgment Vol.1 - Actualité manga
School Judgment Vol.1 - Manga

School Judgment Vol.1 : Critiques

Gakkyû Hôtei

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 30 Novembre 2016

Critique 2
Takeshi Obata est un auteur dont le succès ne faiblit pas, aussi bien en France qu’au Japon. Tandis que Kazé édite actuellement Platinum End, dernière série en date du mangaka qui dessine un scénario de son compère qu’on ne présente plus, Tsugumi Ohba, les éditions Kana profitent de la période de fin d’année pour nous proposer un court titre du dessinateur, School Judgement. Initialement, la trilogie était une one-shot scénarisé et illustrée par Nobuaki Enoki, un scénariste qui n’a pas encore signé d’autre œuvre à l’heure actuelle, sur l’application Jump Live. En 2014, le titre devient une série dans le Shônen Jump, mais Enoki ne reste que le scénario, faute d’un trait trop raide selon l’auteur lui-même, le coup de crayon étant alors confié à Takeshi Obata. L’aventure fut toutefois de courte durée puisque l’œuvre s’est terminée en 2015, après seulement trois tomes…

Afin de limiter la persécution scolaire, le gouvernement japonais a mis en place les « tribunaux scolaires », des jugements permettant de résoudre toute affaire concernant un élève. Afin que chaque tribunal se déroule correctement et permette de faire la vérité sur chaque affaire, un avocat et un procureur sont nommés, des élèves accomplis faisant le tour des établissements pour accomplir leur rôle. Abaku Inugami, avocat, arrive dans l’école Tembin où son fort caractère lui vaut rapidement d’être remarqué. Têtu comme une mule, il lui revient la tâche de défendre les différents accusés au sein de l’école primaire de l’école. Pourtant, Abaku semble cacher un passé qui le pousse à accomplir sa tâche avec brio…

Véritable thriller pour enfant, School Judgement fait partie de ces titres scolaires qui ont une formule typiquement établie afin de durer sur la longueur. Si la série ne fait que trois tomes, elle aurait très bien pu se poursuivre sur la durée tant son concept est assez original et le concept des tribunaux pouvait permettre de traiter des dizaines d’affaires différentes… à condition que les auteurs sachent se renouveler. Sur ce titre, il n’est d’ailleurs pas étonnant de retrouver Takeshi Obata tant School Judgement présente certaines similitudes avec l’une des séries présentées dans Bakuman : Perfect Crime Party.

Dans sa forme, ce premier tome de School Judgement s’avère des plus intéressants, à condition de ne pas le prendre au premier degré. En effet, tous les choix, aussi bien graphiques que scénaristiques, sont faits pour rendre le titre invraisemblable, ne serait-ce parce qu’on retrouve cette fameuse ficelle qui consiste à présenter des écoliers à l’esprit de déduction aussi affiné que celui d’un adulte. Pas besoin de chercher une quelconque crédibilité à ce sujet donc, d’autant plus que c’est l’ambiance écolière qui crée un climat si particulier autour de ce premier opus.

Pour le reste, la formule reste simpliste puisque le tome se façonne sur des histoires de deux chapitres, chacune présentant un contexte, une affaire et sa résolution. Le récit, ciblant les plus jeunes lecteurs, cherche à mettre toutes les cartes dans les mains du public pour qu’il fasse sa propre résolution et de ce fait, les dénouements de chaque tribunal s’avèrent assez prévisibles, School Judgement ne cherchant pas forcément à se montrer surprenant à ce niveau-là. Mais le titre sort du lot par son ambiance assez décalée, le concept même de procès au sein d’une école primaire étant assez loufoque, ce qui ne manque pas de séduire. Ce décalage se ressent aussi sur le plan graphique puisque Takeshi Obata, auteur qui sait parfaitement adapter le ton de son style à l’œuvre qu’il représente, s’adonne à bien des délires. Son style se rapproche clairement plus de celui qu’il avait sur Bakuman, avec un côté léger et cartoonesque, bien qu’il se prenne même de quelques délires visuels plus glauques par moment. Il ressort alors un côté vivant, mais aussi pétillant, l’auteur insistant par exemple sur les petites filles comme de véritables magical girl dans leur esthétique, de quoi donner un autre type de charme à l’œuvre tout en renforçant son côté improbable.

Mais là où School Judgement aurait pu se contenter d’enchaîner les affaires et développer sa dimension scolaire sans rien tenter à côté, on découvre progressivement avec un certain plaisir une trame de fond beaucoup plus sombre en ce qui concerne le héros, Abaku Inugami. Quelques pistes sont alors lancées au fil des pages et si cette dimension scénaristique relance sans cesse notre intérêt pour la série, il subsiste chez le lecteur la petite crainte de ne pas voir l’intrigue bouclée au bout des trois tomes… on espère alors simplement se tromper.

Le concept de School Judgement étant propice à de nombreux échanges entre personnages, ne serait-ce pour planter le décor de chaque affaire ou décortiquer sa résolution, le titre se montre très bavard et se lit donc assez lentement, une marque de fabrique dans les œuvres auxquelles participe Takeshi Obata, et ce bien que le scénario soit pensé et écrit par Nobuaki Enoki. Pour cette raison, School Judgement n’est pas un titre qu’on lira d’une traite, mais qu’on savourera plutôt affaire par affaire. Et à ce titre, la politique de publication de Kana est juste excellente puisque l’édition nous propose les trois tomes de cette trilogie d’un seul coup, à l’unité tout d’abord, mais aussi réunie dans un coffret rigide et à belle allure pour les plus collectionneurs.

Pas de soucis d’édition donc, la traduction de Cyril Coppini est totalement raccord avec le ton de l’œuvre, tout en sachant qu’un titre si bavard n’a pas dû être évident à traduire…

Alors, ce premier tome de School Judgement constitue une amorce tout à fait convaincante, ce grâce à son délire novateur et rafraîchissant, le tout porté par le style d’Obata qui se laisse facilement aller sur un titre où il ne semble pas bridé par son associé scénariste. On reste alors très curieux découvrir les deux derniers tomes, avec pour seul espoir que le scénario saura aller jusqu’au bout de ses idées en si peu de temps…


Critique 1

Problèmes de persécution, de châtiments corporels... Face au déclin du système scolaire japonais, le gouvernement a décidé d'instaurer dans les écoles primaires et les collèges du pays une heure de cours organisée par les enfants et pour les enfants, et visant à leur apprendre l'intégrité. Cela a fini par aboutir sur une nouvelle forme de justice : les tribunaux scolaires, où les enfants rendent justice eux-mêmes face aux différents délits qui leur sont présentés. Dans chaque affaire, un enfant tient le rôle d'avocat de la défense, un autre de procureur assimilant les preuves contre l'accusé, puis un autre encore tient le rôle de juge.
Abaku Inugami et Pyne Hanzuki ont tous deux 12 ans, et débarquent à l'école primaire Tembin dans la ville de Himawari avec un objectif, clair : lui est un avocat professionnel qui aime par dessus tout avoir le dernier mot, et elle est un procureur de grande renommée aux allures de mignonne petite princesse. Ils ne cesseront de s'opposer l'un à l'autre au fil de différentes affaires : mort du poisson de la classe retrouvé découpé en morceaux, prise de photos de la petite idole de l'école à son insu, affaire accusant le premier de la classe d'avoir triché avec des antisèches...

Entre les sombres All you need is kill et Platinum End, le populaire Takeshi Obata a signé une autre série globalement moins mâture. Publiée en 2014-2015 dans le célèbre Shônen Jump, School Judgment est une courte série en 3 volumes qui tire ses origines encore un peu avant : à la base, il s'agit d'une petite série publiée en ligne à partir de l'été 2013 sur l'application "Jump Live" de Shûeisha par Nobuaki Enoki, jeune auteur qui offrait là sa toute première série et y assurait à la fois le scénario et le dessin. C'est l'année suivante qu'il a été décidé d'offrir sa chance à la série dans le magazine papier Shônen Jump, en laissant la partie visuelle à Obata.

Le concept des jugements scolaires proposé par la série a de quoi intriguer, et de base s'avère plutôt originale, mais il faut bien avoir conscience que l'oeuvre ne va pas chercher très loin dans ses différentes affaires, car elle se destine avant tout à un public assez jeune. Pour s'en convaincre, il suffit de voir que cela se déroule en école primaire, que les personnages sont réellement très jeunes (11-12 ans en moyenne)...
De ce fait, les différents procès, où Inugami défend les accusés face à Hanzuki, resteront plutôt cousus de fil blanc et prévisibles pour quiconque a un oeil déjà averti dans le domaine. A contrario, il auront de quoi séduire facilement le jeune public pour plusieurs raisons, à commencer par le fait que Nobuaki Enoki cherche vraiment à titiller l'esprit du lecteur, l'invite à chercher lui-même le vrai coupable, n'hésitant pas pour cela à faire en sorte qu'Inugami s'adresse directement à lui. Ou le sens de la rhétorique d'Inugami qui s'avère plutôt bien dosé pour des jeunes lecteurs.
Mais il faut aussi signaler l'aspect assez enfantin du trait d'Obata, qui offre peut-être ici son travail le plus léger et le moins dense, beaucoup plus proche d'un Bakuman que d'un Platinum End. Et cela colle bien au style de la série, d'autant que ça n'empêche jamais le dessinateur d'offrir des designs variés et des planches très vivantes et expressives. A ce titre, certains design se veulent assurément mignons, en tête celui de l'amusante petite pimbêche Hanzuki avec son look de petite princesse.
Enfin, l'ambiance reste volontairement légère grâce à une assez belle place laissée à l'humour : Enoki et Obata veulent distraire et amuser, et emploient pour ça de réguliers éléments comiques qui partent souvent un peu en vrille et dans une légère hystérie, à l'image des objections d'Inugami parfois très virulentes, ou du désir de Hanzuki de vaincre notre héros et de toujours paraître mimi. Certains personnages semblent même là exclusivement pour faire sourire, comme le juge de 5 ans tellement soucieux de bien faire son travail qu'il a un visage très vieilli, ou de Lolimatsu (rien que son nom veut tout dire), l'assistant fidèle de Hanzuki qui traite sa jeune maîtresse avec beaucoup d'admiration et d'amour... au point que ça peut par instants être vaguement malsain. Une éventuelle petite faute de goût, que l'on retrouve aussi dans certains autres brefs passages (à tout hasard, le fait que le directeur soit tout émoustillé par les photos volées de la jeune idole de 12 ans...), mais qui heureusement s'oublient vite. Il y a également quelques détournements rigolos, à l'image du dernier chapitre entament une petite parodie de deal de drogue où la "blanche" est une poudre parfumant des biscuits, ou tout simplement les différentes sentences de fin de procès qui restent très légères.

L'efficacité et le dynamisme viennent également d'une palette de personnages qui, au fil des différentes affaires, s'agrandit de façon fluide, les différentes têtes étant globalement amenées à revenir de façon plus ou moins récurrente et s'avérant bien différentes les unes des autres. Le peu sûr de lui Tento Nanahoshi, la jeune idole Airin et son amie Kuniko Hatakeyama, le turbulent Eisuke Uozumi, Shûichi Higashide le 1er de la classe et délégué, Mariko Nakayama la 2ème de la classe et son amie Aoko Asa, Reiko Shiratori la plus belle fille de l'école... sont autant de figures qui, aux côté d'Inugami et Hanzuki, parviennent à trouver leur petite place, à montrer leur propre personnalité... et à dévoiler leurs petits secrets au fil de leur implication dans les procès.

Mais certains secrets s'avéreront un peu plus sérieux et nébuleux, à commencer par ceux tournant autour d'Inugami lui-même. Car au fil des pages, Nobuaki Enoki distille quelques élément laissant deviner un véritable fil rouge au gré des petites affaires. Pourquoi reste-t-il dans cette école ? Que cherche-t-il à accomplir quand il déclare qu'il doit éliminer quelqu'un dans l'établissement ? Quel est exactement son sombre passé, visiblement en lien direct avec ce qui est appelé le "procès du sang" ayant eu lieu 5 ans auparavant et ayant abouti sur le massacre de toute une classe d'élèves ? Autant de pistes qui sont régulièrement évoquées afin de bel et bien titiller la curiosité.

Bien que plutôt divertissant dès lors que l'on a accepté le concept de base et que l'on est parvenu à se plonger dans l'ambiance, School Judgment souffre tout de même de certains problèmes sur ce premier tome. En tête, le manque trop flagrant d'un véritable background concernant l'instauration du système de tribunaux scolaires. Les explications des toutes premières pages sont balancées à la va-vite, et la suite peine beaucoup à expliciter clairement la chose.
Pourquoi le drame sanglant d'il y a 5 ans a-t-il conduit à des tribunaux scolaires ? Où se situe exactement l'instauration de ces tribunaux par rapport à ce qui est expliqué dans les toutes premières pages ? C'est très confus.
De plus, certains lecteur pourraient être fortement décontenancés par certains écarts de ton. Les tribunaux scolaires sont visiblement censés se vouloir sérieux en inculquant des valeurs aux enfants, or ce qui y est jugé est léger voire futile, et les sentences sont débiles. C'est d'autant plus étrange que tout semble partir d'un événement autrement plus grave, à savoir ce "procès sanglant" ayant vu toute une classe de gosse se faire massacrer... Il y a un certains écarts de ton vraiment bizarres.
Certains détails dans le déroulement des procès viennent aussi décontenancer un peu. Ici, on pense notamment à un élément de l'affaire des antisèches : toute la vérité est censée reposer sur la proximité entre deux noms de famille... qui ne se ressemblent pas du tout ! On peut supposer que la ressemblance se fait dans l'écriture des noms en kanji, or sur les étiquette sils sont été traduit dans notre alphabet, ce qui rend le truc incohérent. Laisser les kanji tels quels tout en expliquant la chose avec une note aurait sans doute été plus crédible.

Pour le reste, néanmoins, l'édition française s'avère plaisante à prendre en main, notamment parce que le traducteur Cyril Coppini est parvenu à rendre les dialogues bien vivants bien que parfois un peu confus. On est sur du petit format habituel de l'éditeur, avec un papier souple, léger et sans transparence et une impression honnête.
Notons bien que les trois tomes de la série sont sortis simultanément en ce début de mois de novembre 2016, et que Kana en a profité pour proposer directement une intégrale limitée en coffret. Cela peut évidemment faire un joli petit cadeau de fin d'année, d'autant que l'écrin est d'excellente qualité avec son carton rigide et son petit carnet de notes en bonus.
Egalement, on appréciera beaucoup le fait que Nobuaki Enoki n'a pas sa langue dans la poche : l'auteur ponctue son livre de pas mal d'anecdotes sur les origines de sa série et de ses personnages, ce qui est vraiment sympa à lire.

Offrant un concept un peu bancal mais plutôt efficace, School Judgment est, sur ce premier tome, un divertissement tout à fait honnête, plutôt amusant mais pouvant devenir un peu plus sérieux par la suite si son fil rouge et plus exploité. Dans tous les cas, l'oeuvre semble surtout partie pour plaire avant tout à un public assez jeune.

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

15.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs