Pupa Vol.2 - Actualité manga
Pupa Vol.2 - Manga

Pupa Vol.2 : Critiques

Pupa

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 30 Mars 2017

"Je vais enfanter un monstre"

Les jeunes Yume et Utsutsu ont été exposés au virus Pupa, ce qui a bouleversé leur vie déjà marquée jusque là par le drame : la jeune fille est devenue un monstre avide de viande, tandis que son grand frère, qui a résisté mystérieusement au virus, peut désormais régénérer son corps et a fait le choix de servir de pâture vivante à sa petite soeur adorée, afin qu'elle ne commette pas l'irréparable en s'attaquant à d'autres humains.

Portés par un puissant amour fraternel et par le désir de se protéger l'un l'autre quitte à être obligés de se faire souffrir, les deux adolescents, qui ignorent encore tout des raisons de leur situation, affrontent la douleur en se soutenant, et surmontent comme ils peuvent les événements et épreuves qui se dressent face à eux : la peur de ne pas pouvoir rester "normaux" auprès de leurs camarades et au sein de la société, le retour de leur père autrefois si violent, les desseins opaques de Maria qui voit en nos deux héros des cobayes, l'arrivée d'ennemis voulant faire des expériences horribles sur les deux adolescents... Parvenus à échapper aux scientifiques qui les avaient capturés, tous deux ne sont pas encore au bout de leurs peines, loin de là. Car tandis qu'Utsutsu s'interroge toujours sur l'existence d'une solution, sa petite soeur semble de plus en plus perdre son humanité et finit par s'éloigner de lui...

Utsutsu et Yume pourront-ils jusqu'au bout se protéger l'un l'autre et ne pas se laisser tomber ? Cette interrogation transparaît constamment au fil des pages, tant on continue de ressentir tout ce que le frère et la soeur représentent l'un pour l'autre, ayant jusqu'à, présent tout affronté ensemble. C'est surtout le cas d'Utsutsu, qui jusqu'à aujourd'hui a tenu le coup dans son existence uniquement parce que Yume était là. Mais dans un récit particulièrement cruel, Sayaka Mogi n'épargnera rien à ses deux jeunes héros, en les confrontant à une vérité peut-être plus terrible encore qu'ils ne pouvaient l'envisager.

Ainsi, tandis que Yume s'éloigne et qu'Utsutsu tente de la récupérer, le jeune garçon, allant jusqu'à une île désolée, fait une rencontre primordiale qui va permettre au lecteur d'apprendre beaucoup de choses : ce qu'est cette île, ce qui s'y est déroulé, qui est réellement Maria, comment sa soeur est devenue un monstre, comment tout ceci a commencé... Une vérité, encore floue par endroits, se dessine, et celle-ci est surtout marqué par une très cruelle réalité sur la nature de Yume. Qui est réellement cette jeune fille qui représente tout pour Utsutsu et qui pourtant, selon ses parents, n'aurait jamais dû exister ? Mogi en profite alors pour également nous exposer les raisons ayant poussé la famille de nos héros à se briser, la mère à perdre pied, le père à devenir violent... Et dans ce contexte sombre, malsain et dramatique, on se demande forcément quel avenir attend Utsutsu et Yume. Le lien entre frère et soeur sera-t-il brisé ? Difficile de pleinement répondre à cette question sans trop en révéler concernant Yume, alors signalons simplement que la réponse qui se dessine pour l'instant est belle, en sachant mettre en valeur le lien des deux héros, si fort qu'il semble pouvoir affronter jusqu'à la plus totale anormalité. Une question reste cependant encore entièrement opaque : l'énigme du corps d'Utsutsu, qui reste un vrai mystère.

"Tu sais pourquoi j'aime la douleur ? Parce que quand on a mal, c'est qu'on est dans la réalité..."

Au bout de ce volume riche en informations, il semble difficile de ne pas avoir envie de savoir quel sort attend Utsutsu et Yume. En attendant, Sayaka Mogi soigne toujours autant son atmosphère, qui s'avère toujours aussi malsaine, saignante, sulfureuse. Les scènes de "dîner" entre le frère et sa petite soeur cannibale sont toujours de la partie, arrivent souvent quand il faut et sans se traîner. La mangaka n'épargne aucune image malsaine, par exemple celle d'un bébé dévorant un oiseau vivant. Difficile également de ne pas retenir une méchante qui semble incapable de comprendre la notion de morale et qui va très loin dans ses expériences et sa curiosité...
L'artiste continue aussi de soigner toute la symbolique autour de la chrysalide, qu'elle évoque régulièrement, ne serait-ce que par la perspective qu'Utsutsu accomplisse lui aussi sa "mue". Le volume confirme également ses références à Ranpo Edogawa : on continue de penser par moments à l'oeuvre "La Chenille", et plus encore au "Démon de l'île solitaire" qui cette fois-ci est cité par un personnage.

Bien que riche de 430 pages, l'édition reste ici toujours aussi agréable et aisée à prendre en mains, et les pages en couleurs sont une nouvelle fois de la partie. Les 3 petits chapitres bonus, variés, sont un régal eux aussi, surtout celui sur la cuisine avec son humour mêlant mignon et gore.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs