Pokémon X/Y Vol.1 : Critiques

Dans le village de Bourg Croquis appartenant à la région de Kalos, le jeune « X » se promettait à une brillante carrière de dresseur pokémon, mais certains évènements ont faire de lui un sociopathe qui refuse de quitter sa chambre, ni même de dresser le moindre pokémon. Pourtant, un évènement va le faire sortir de chez lui, une attaque de deux créatures et pas des moindres : Xerneas et Yveltas, des pokémon légendaires. Spectateurs de ce tumulte, des individus vêtus de rouge s’apprêtent à passer à l’action et convoitent au passage le secret de la mégaévolution. En fuite pour échapper au chaos, X, Y et leurs amis vont se confronter à ces malfrats peu scrupuleux.

La saga « Pokémon Special » n’avait jamais connu pareil engouement en France puisque l’arc XY est le troisième à être publié chez nous en moins d’un an. Il faut croire qu’après le fiasco de Glénat il y a des années, cette grande saga shônen remporte enfin les lettres de noblesse qu’elle mérite, et c’est tant mieux.

Ce énième arc se concentre, comme son nom l’indique, aux versions X et Y des jeux vidéo ce qui implique qu’une fois encore, il n’est pas nécessaire d’être un fan de la première heure de Pokémon pour se lancer dans ce récit et l’indépendance de XY par rapport aux autres arcs constitue une excellente porte d’entrée pour le novice. Du moins, c’est presque ça, car favorisé sera celui qui a déjà acquis quelques notions de l’univers, la série ne prenant pas la peine de présenter la nature d’un pokémon et considère que le lecteur sait ce qu’est une créature légendaire. En dehors de ça, rien n’empêche le néophyte de se lancer dans la lecture.

Alors que les précédents arcs de la saga « Pokémon Special » cherchaient à retranscrire un périple pour la collecte des badges d’arènes, ce n’est clairement pas le parti-pris de la partie XY, ou du moins de ce premier tome qui préfère insister sur les péripéties d’une bande d’amis, de la destruction de leur village ou encore du combat naissant entre eux et ceux que nous connaîtrons ultérieurement sous le nom de Team Flare. Cela a pour première impression de laisser croire que l’intrigue a du mal à décoller puisqu’il ne se passe ici pas grand-chose à part quelques confrontations entre les héros et leurs ennemis. Plutôt que de définir d’entrée de jeu les ambitions du voyage au sein de Kalos, le scénario insiste grandement sur les différents personnages, notamment X et Y (qui, soulignons-le, ne sont que les surnoms de Xavier et Yvonne, des prénoms sonnants nettement moins bien dans un manga). On est d’ailleurs surpris de voir la psychologie de X, sociopathe à la limite de l’antipathie qui ne donnera qu’une envie au lecteur : le secouer un bon coup. Pourtant, force est de reconnaître qu’un héros aussi osé dans du Pokémon génère des qualités : La marge d’évolution du protagoniste et énorme et va ainsi lui permettre de subir un immense développement au fil de l’œuvre en plus de le faire paraître plus torturé que son entourage décomplexé et nuancer un peu le pokégroupe. Gageons toutefois que tous les membres de la bande ne sont pas inintéressants : si Sannah et Trovato semblent faire de la figuration, Tierno assume complètement le rôle de l’acolyte cherchant à pousser le héros vers l’avant tandis qu’Yvonne constitue une héroïne des plus sympathique, en tout cas bien plus attachante que son alter ego dans la série animée.

Difficile, donc, d’évaluer ce nouvel arc sur ce simple tome qui ne constitue qu’une mise en bouche, mais ne manque pas de nous faire profiter de quelques mégaévolutions. Les auteurs se sont correctement appropriés le concept et savent l’exploiter pour donner du mystère au récit, tout en évitant d’utiliser à outrance cette nouvelle transformation. Le seul regret consiste en la mise en scène de la mégaévolution qui aurait gagné à être plus spectaculaire. Le dessin a d’ailleurs d’autres lacunes, comme de combats à la chorégraphie laborieuse comparé aux arcs précédents… Gageons toutefois qu’avec deux séries sur le dos en simultanée (les arcs Noir et Blanc 2 et XY), le duo de mangaka ne peut plus peaufiner l’œuvre autant qu’avant.

XY est le deuxième arc de la série à paraître sous un format de volumes simples chez Kurokawa, confirmant la politique de l’éditeur qui publiera de manière classique les arcs récents de la saga tandis que les anciennes parties bénéficient du format de tome épais. Le travail de l’éditeur est exemplaire, comme d’habitude, et nous retrouvons avec plaisir une traduction de bonne facture et cohérente par rapport à l’univers Pokémon. En somme, aucun reproche n’est à faire du point de vue éditorial.

Au final, ce début d’arc XY de la saga Pokémon est des plus déroutants par l’absence de rapports avec le schéma classique des jeux vidéo. Néanmoins, on supporte que ce n’est qu’une question de temps avant que la collecte des badges survienne, aussi les premiers évènements développés s’avèrent plaisants en plus de fournir de très bonnes idées. La suite s’annonce des plus intéressantes.