Otakuland - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 16 Février 2012

Refusant en bloc la compétitivité et la méchanceté souvent gratuite du monde qui l'entoure, Yuta n'est jamais parvenu à s'intégrer dans l'ennuyant monde du travail, préférant s'adonner à sa passion pour les mangas et les figurines. De son côté, Koi, qui travaille en tant que livreur dans une boîte de location de films porno, regrette la perte de sens des mots amour et sexe, balancés à tout va jusque dans les publicités, et s'enferme dans sa solitude. Quant à Jibun, les nouvelles technologies ont pris le dessus sur sa vie sociale.
Dans une ville de Tokyo ne laissant aucune place à l'individu, et où les moutons obligés de rentrer dans le moule sont légions, trois jeunes adultes préfèrent, au fil de leurs réflexions sur ce qui les dérange, se réfugier dans le monde rêvé d'Otakuland, où ils peuvent exprimer pleinement leur "moi".

Ainsi se présente Otakuland, bande dessinée de 140 pages imaginée par Johan Walder, remarqué avec Maximum & Minimum. Au coeur de la densité urbaine grouillante de fourmis, l'auteur dresse le portrait de trois personnalités proposant chacune d'explorer des problèmes qui peuvent venir à l'esprit de tous : la place du travail dans notre société, mais aussi celle de la concurrence, de l'amour, du sexe, de la technologie... Les réflexions amenées par Walder se veulent abouties, approfondissant les différents sujets sur la base de phrases marquantes et bourrées de vérités, le tout ayant pour vocation d'aboutir sur un tout autre message : l'acceptation de soi et de ce que l'on veut être dans une société qui n'en a que faire.

On se laisse facilement happer par les textes habilement écrits de Walder, d'autant que ses dessins sont particulièrement immersifs. Jouissant d'une grande profondeur, de nombreux détails et de couleurs variées et nuancées, les décors dépeints par l'auteur nous offrent une jungle urbaine assez suffocante, au sein de laquelle évoluent des personnages dessinés dans un style proche du "super deformed" japonais (petit corps, grosse tête), à ceci près que les visages sont généralement très marqués, créant un impact assez unique.

Toutefois le bât blesse sur quelques points. Pour que le coup de maître soit là, il aurait fallu une plus forte connexion entre les trois histoires, notamment autour de ce lieu presque fantasmé d'Otakuland, bourré d'imagination mais finalement peu mis en avant. De même, on peut regretter l'aspect plus effacé, moins marquant, de l'histoire de Jibun par rapport aux deux autres. Enfin, dès que le récit s'anime, les cases ont tendance à devenir plus confuses.

Si Otakuland possède ses défauts, les réflexions de Walder sur notre société sont intéressantes et portées par un joli cri pour l'acceptation de soi, et la profondeur de son travail graphique confirme qu'on tient là un auteur à suivre de près.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs