Magical Girl Boy Vol.1 - Actualité manga
Magical Girl Boy Vol.1 - Manga

Magical Girl Boy Vol.1 : Critiques

Mahou Shoujo Ore

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 27 Février 2017

Critique 2


La collection WTF ?! d’Akata s’enrichit au fil des mois avec des titres farfelus, mais variés. Aussi, l’éditeur renouvelle son catalogue déjanté avec Magical Girl Boy, titre qui décortique le thème des magical girls de la manière la moins sérieuse possible. A l’origine de ce projet en deux tomes se trouve un certain Môkon Icchokusen, un auteur que nous découvrons en France par cette œuvre, mais qui a déjà réalisé plusieurs séries au Japon dont une récente adaptation du jeu vidéo Danganronpa 3. Alors, Akata est-il parvenu à dénicher un autre titre barjo pour sa collection décalée ? La réponse est un grand oui, car ce premier tome de Magical Girl Boy est un bon concentré d’absurde.

Saki Uno a formé un duo d’idoles avec sa meilleure-amie, mais le bide est tel que notre héroïne doit elle-même acheter leurs CD qui ne se vendent pas. Un jour, Saki croire au pas de sa porte un individu balafré qui semble être un yakuza… sauf qu’il est en réalité Kokoro, une mascotte de magical girl qui vient demander à la mère de la jeune fille de reprendre du service ! Mais pas de bol, cette dernière s’est fait un lunbago, aussi c’est au rôle de l’héritière de reprendre le flambeau ! Saki se voit projetée dans une mission qui la dépasse, mais quelle surprise, le garçon qu’elle aime est en danger ! En déclarant son amour, Saki devient une vraie magical girl… euh non. Un homme à la carrure colossale qui endosse la tenue d’une magical girl quand le besoin se fait sentir ! Oui, les ennuis commencent, et Saki n’est pas au bout de ses peines…

Dès lecture de son pitch, Magical Girl Boy transpirait l’absurde, et ce premier tome confirme cette impression. La série ne perd en effet pas de temps pour nous plonger dans l’aventure totalement décalée de Saki, graine d’idole en plein fiasco commercial qui se voit devenir une magical girl prenant l’apparence dont la musculature n’a d’égale son accoutrement complètement mignon… Dès lors, ce premier tome donne le départ d’une succession de situations totalement déjantées au cours desquelles l’auteur Môkon Icchokusen s’en donne à cœur joie pour tourner en ridicule les différentes ficelles du genre du magical girl et aboutir à un divertissement souvent hilarant. Que ce soit les ennemis au design improbable, le repoussant Kokoro qui est un concept à lui seul ou la manière dont le récit évolue de situation absurde en situation absurde, cette première moitié de série n’est pas de tout repos et il est difficile de ne pas rire au cours de celle-ci. Certes, quelques phases plus calment, mais conservant quand même un petit intérêt loufoque, permettent de souffler, mais la série ne cherche jamais à se prendre au sérieux…

Car Magical Girl Boy développe quand même un semblant d’intrigue dans ce premier opus : les sentiments de Saki, le rôle que sera amené à jouer sa meilleure amie Sakuyo, l’étrange superhéros incompétent qui jouera le rôle du rival… Le contexte de la série sait évoluer et le titre ne se repose jamais sur ses lauriers en se contentant d’enchaîner les gags. Au contraire, l’humour sait se renouveler et se montre souvent lorsqu’on s’y attend le moins. De ce fait, en tant que divertissement complètement déjanté, on ne peut qu’affirmer que le manga d’Icchokusen accomplit son office.

C’est aussi par le style graphique du mangaka que ce premier tome s’avère désopilant. Combinant son art à son propos, l’auteur développe un style graphique complètement hybride, tantôt tout à fait mignon pour représenter Saki dans sa forme habituelle, puis improbable dans sa manière de déformer tout ce qui se présente aux alentours de l’héroïne. Le mangaka joue particulièrement avec les designs d’une manière générale pour créer des ennemis esthétiquement ridicules au possible, ou des personnages qui entourent Saki aux expressions irréalistes, ce qui passe d’ailleurs par un dessin souvent léger qui rend le tout particulièrement absurde à ces moments-là. La légèreté du dessin du mangaka n’est donc jamais à condamner, bien au contraire, elle participe au ridicule assumé de l’œuvre.

Côté édition, il convient de saluer le bon travail d’Akata qui donne à sa série des allures crédibles de magical girl par des couvertures aux effets brillants, dignes de combattantes de l’amour… ce que ne sont pas toujours les héroïnes de la série. Le travail combiné de Chiharu Chûjo et Nathalie Bougon pour traduire et adapter ce premier opus est totalement convaincant. D’une part, le ton n’était pas forcément simple à traiter, mais aussi, certains choix d’adaptation de gags sont pertinents et prouvent que l’éditeur a totalement cerné sa cible, en atteste le nom de Kokoro qui est resté tel quel et prouve que la manière qu’a la série de jouer avec les codes du genre sera avant tout compréhensible par un lectorat initié à ces mêmes codes.

Verdict très positif et tout bonnement hilarant pour ce premier volet (sur deux) de Magical Girl Boy, donc. Ne se prenant jamais au sérieux, le titre de Môkon Icchokusen joue avec des situations ridicules de manière presque incessante sans jamais oublier de renouveler son humour. La série a bel et bien sa place dans la collection What the Fuck ?! de l’éditeur, aussi on en redemande volontiers via le second tome qui est paru en même temps que le premier. Il subsiste alors une question : comment conclure une série aussi improbable ? Voilà qui nous laisse curieux.


Critique 1


En ce mois de février, la collection WTF?! des éditions Akata accueille sa première nouveauté de 2017 ! De son nom original Mahou Shoujo Ore, Magical Girl Boy est une courte série bouclée en deux volumes que l'on doit à Môkon Icchokusen, dont ce fut la toute première série. Celle-ci fut publiée au Japon de 2012 à début 2014 dans le magazine Comic Be, un magazine qui se veut très hétéroclite, en publiant autant du shôjo que du josei, du boy's love et des récits tout simplement inclassables.  Cette oeuvre a pour particularité d'avoir été publiée par Fusion Product, un éditeur japonais indépendant, et qui n'est donc pas soumis aux habituels préceptes commerciaux des plus grandes maisons d'édition. Et c'est une première mondiale que nous offre Akata : en effet, c'est la première fois que Fusion Product collabore avec un éditeur étranger, la première fois qu'un manga de cette maison d'édition paraît hors du Japon, et les éditions Akata ne cachent d'ailleurs pas que les négociations furent longues (entre un an et demi et deux ans) pour convaincre Fusion Product de leur faire confiance... on sent le gros coup de coeur éditorial derrière la démarche, et à la lecture on comprend pourquoi !

Magical Girl Boy, c'est l'histoire de Saki Uno, adolescente de 15 ans, vivant ses rêves d'être idol avec... euh... désillusion ? En effet, les Magical Twin, le duo de chanteuses pop qu'elle forme avec sa meilleure amie Sayuko Mikage, est loin, très loin d'attirer l'attention... au contraire des Star Prince, duo masculin qui marche et qui est composé du dénommé Hyôei et, surtout, de Mohiro, grand frère de Sayuko et grand amour secret de Saki !
Sa vie, partagée entre quotidien de lycéenne et rêves de devenir idol, suit son cours... jusqu'au soir où, en rentrant chez elle dépitée, elle a la surprise de tomber sur un homme inquiétant tambourinant à sa porte, vêtu de noir et de lunettes de soleil, ayant une grosse cicatrice... Un yakuza furieux ? En fait, pas tout à fait... plutôt un gars qui porte le nom tout mimi de Kororo, et qui a bien connu sa mère, du temps où elle était... euh, magical girl. Le choc passé (enfin, elle n'a pas vraiment le temps de le laisser passer), Saki se voit adresser par Kororo la demande de prendre le relais de sa mère et de devenir à son tour la justicière qui protégera la veuve et l'orphelin dans cette ville face aux monstres qui rôdent. Saki n'en a aucune envie !... Enfin, jusqu'à ce qu'elle découvre que les monstres en ont après son cher Mohiro ! Une signature de contrat en bonne et due forme plus tard, et la voici devenue une magical gir... euh boy ?

Installez-vous confortablement, rangez votre cerveau dans un tiroir, prenez le tome en mains, et profitez : si vous êtes amateur d'humour complètement débile, un brin hystérique et avec plus d'une idée à la seconde (un peu dans l'esprit d'un anime comme Excel Saga), Magical Girl Boy est le manga qu'il vous faut pour faire aller vos zygomatiques non stop, et Môkon Icchikusen donne bien le ton dès ses premières pages en couleurs jouant sur l'univers multicolore des magical girls.

Et par la suite, ça ne s'arrête jamais : dès la courte, mais efficace introduction passée, l'auteur nous plonge dans une déferlante de délires parodiant joyeusement l'univers si standardisé des magical girls (mais pas que... on pense par exemple aux designs parodiant les anciens shôjo). Ici, la traditionnelle mascotte animale censée être mimi est quelque peu malmenée : c'est en quelque sorte notre cher Kokoro, le gars au physique de yakuza, capable d'apparaître de manières bien absurdes (il faut voir sa tête de mafieux sur un corps de mascotte tout choupinet). Les noms d'attaque à rallonge sont rigoureusement neuneus. Les mignonnes barrettes deviennent des magical grenades dévastatrices, tandis que les méthodes pour vaincre les méchants monstres sont généralement plus bourrines que magiques. Et parlons-en, des monstres : entre les petites créatures toutes mignonnes se changeant en gros machins baraqués, les oursons bodybuildés (notons que leur tête ressemble un peu à celle des Puchu dans Excel Saga), ou un gros nounours à tentacules, l'auteur offre de designs délirants, farfelus, qui mélangent le mimi et le moche pour un résultat grotesque !

Mais les créatures bizarroïdes ne sont pas les seules à se transformer de façon inattendue, et Saki va le découvrir à ses dépens en devenant une magical girl un peu beaucoup trop virile et masculine pour une jeune fille en fleurs ! Sur cette base, notre héros-ïne va aller de surprise en surprise dans sa mission, où viennent peu à peu se mêler d'autres personnages sérieusement gratinés. Là où Mohiro Mikage aurait pu être un classique beau gosse populaire, on découvre plutôt un garçon un peu moumou et qui a souvent l'air complètement largué. Le manager Konami Yamo, lui, dévoile vite son fanboy neuneu pour les magical girls, au point de chercher à faire de notre héroïne une star d'un genre nouveau. Dans leur je m'en foutisme, Kokoro et l’ère de Saki sont assez puissants, surtout notre tête de mafieux qui a un don pour débarquer quand on ne l'attend pas et dans des physiques improbables. Quant à Sayuko, elle n'est clairement pas en reste, en dévoilant des traits de sa personnalité inattendus et... encore plus un peu beaucoup trop virils. Enfin, on retiendra aussi l'homme bionique, un héros qui a pour formidable capacité de savoir rouler super vite à vélo. Autour de ces personnages, l'auteur brode également des liens relationnels et sentimentaux parfois bien barrés, qui ont également pour intérêt de jouer sur l'ambiguïté des sexes.

D'apparence classique au premier abord, le style de l'auteur est d'une grande efficacité pour servir son délire. Tous aisément reconnaissables, les personnages ont un don pour dégainer régulièrement des tronches délirantes, sans oublier les créatures qui comme déjà dit son excellentes dans leur design grotesque. Très rythmée et en même temps limpide, la narration s'écoule très bien. Quelques découpages de cases sont vraiment bien trouvés, et nombre de mises en scène s'avèrent hilarantes, surtout celles cherchant à surprendre un peu en balançant quelque chose qu'on n'attendait pas une fois la page tournée.

Môkon Icchokusen ne rate pas une occasion de jouer sur les clichés liés aux magical girls et au-delà, pour offrir une déferlante d'humour où on le sent libre de faire ce qu'il veut. Pour qui aime ce genre de comédie, c'est donc du très bon. Le seul défaut ? C'est court ! Le tome 1 ne fait qu'environ 110 pages. Mais heureusement, pour prolonger un peu le plaisir, l'auteur nous livre deux petits chapitres bonus, dont un revenant sur la première rencontre entre Kokoro et la mère de Saki... sans oublier les "bonus merdiques" de l'auteur sous la jaquette, qu'il faut lire !

Les éditions Akata ont concocté une bien belle édition, qui attire immédiatement l'oeil grâce aux jaquettes holographiques. On appréciera le dos des deux livres reprenant les sigles masculin/féminin et formant une étoile une fois les deux tomes côté à côté, c'est bien dans le ton de l'oeuvre. A l'intérieur, on trouve des premières pages en couleurs, un travail toujours aussi bon de la part de l'éditeur sur les onomatopées, ainsi qu'une traduction bien inspirée et très vivante de Chiharu Chûjo.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs