Kenshin - le vagabond - Restauration Vol.1 : Critiques

Rurouni Kenshin - Tokuhitsuban

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 30 Octobre 2014

Critique 1


Il est de retour ! Enfin ! Alors que personne n'y croyait, ou même n'osait l'espérer ! Le meilleur manga de samouraï, un des meilleurs shonen qui soit toutes générations confondues, est enfin de retour contre toute attente !


Kenshin est un titre qui a clairement marqué son époque et est sans nul doute une référence du genre qui a séduit toute une génération de lecteurs. Le titre s'étendant sur vingt-huit volumes est quasiment un sans faute, malgré une baisse de régime sur la fin que certains considèrent de trop. Le manga s'est terminé en 1999 au Japon et la sortie française s'est conclue en 2003, soit il y a plus de dix ans sur une fin quasi parfaite, et à ce moment les lecteurs ont cru faire définitivement leurs adieux au samouraï à la cicatrice en croix.


Le manga a connu plusieurs adaptations, pendant ce temps l'auteur a produit d'autres séries (d'excellentes qualités malgré un accueil plus frileux) et ce sera au détour d'une adaptation cinématographique (elle aussi de qualité) que l'auteur, poussé par son éditeur, décide de reprendre, pour seulement deux tomes malheureusement, le récit de Kenshin !


Pour ceux qui l'ignorent, les plus jeunes peut être ou ceux ne lisant pas encore des mangas il y a dix ans, Kenshin nous raconte l'histoire d'un ronin, un samouraï vagabond, ancien tueur, qui décide d'aider les gens et de racheter ses fautes sans ne plus tuer qui que ce soit. Pour cela il lutte avec un sabre à lame inversée pour asséner des coups violents, mais non mortels. Mais son passé va le rattraper et ses anciens ennemis vont ressurgir pour réclamer vengeance. Aidé de ses nouveaux compagnons, dont justement certains anciens ennemis, il ne renoncera pas à son vœu de ne plus tuer.


Il aura donc fallu attendre la sortie du film live, reprenant à peu près les éléments des cinq premiers tomes, pour que l'auteur se replonge dans Kenshin. Mais au lieu de nous proposer une suite (ce qu'il aurait pu faire en reprenant sa belle conclusion), il choisit de nous proposer une relecture des origines du héros et de sa rencontre avec ses compagnons. Ainsi les premiers chapitres, intitulés « édition cinéma » sont donc une nouvelle approche des origines du héros, une version parallèle comme l'auteur le dit lui même. On retrouve bien entendu les personnages clés, et de nombreux événements qu'on a vus dans la première série, mais on découvre surtout de nombreuses nouvelles choses. Ce qui est étrange c'est qu'on s'attendait à retrouver une adaptation du film (qui est lui même une adaptation du manga...c'est le serpent qui se mord la queue), vu que ce dernier reprend également de nombreux événements du manga originel, mais en modifiant de nombreuses choses (c'est le principe d'une adaptation, on ne peut tout faire à l'identique), mais il n'en est rien. Les chapitres que nous proposent l'auteur reprennent effectivement des éléments du film, des éléments du manga originel, mixe le tout en apportant encore de nouvelles choses. Cela peut paraître confus comme explication, mais l'essentiel est de savoir qu'on retrouve bel et bien Sanosuke, Yahiko, Kaoru et Hajime Saito, ce qui suffit largement à faire le bonheur des lecteurs. Une histoire originale donc nous présentant de nouvelles rencontres entre tous ces personnages dans un cadre différent, avec cette fois un auteur d'expérience, maîtrisant son récit.


Le dernier chapitre nous propose une histoire entièrement originale mettant en scène des protagonistes étrangers, alliés comme ennemis. Cette histoire se situe avant la rencontre de Kenshin et de ses compagnons, celle-ci ne s'appuie sur rien de déjà connu et se savoure donc telle quelle ! Elle est intéressante, amusante, mais un peu rapide.


Et c'est là le principal reproche qu'on pourrait faire à ce nouveau Kenshin ! Là où l'auteur a pu développer son histoire dans sa première série, ce projet « Kenshin restauration » était dés le départ prévu pour être court (à savoir deux tomes), autrement dit, on découvre de nouvelles histoires, mais celles-ci s'avèrent un peu rapides et ne développent pas les intrigues et les personnages comme on l'aurait souhaité. Mais ça on le savait dés le départ, cela fait partie du contrat !


Comme pour compenser, on retrouve les désormais célèbres notes de l'auteur en fin de tome, qui vient détailler tout le processus de création et explique ses choix en matière de narration, de construction, de personnages, il évoque ses doutes, ses faiblesses, ce qu'il pense avoir raté...une mine d'informations passionnantes fournies par un auteur incroyable qui est pourtant d'une étonnante modestie.


Le trait est tel qu'on le connaît dans sa série actuellement en cours de développement, à savoir « Embalming ». Un trait épais, carré, nerveux, mais d'une remarquable précision, bien loin des premiers tomes de Kenshin.


Un incontournable pour tout amateur de Kenshin qui sera forcément envahie par une vague de nostalgie, mais qui au-delà de ça profitera d'un volume d'une grande qualité nous plongeant à nouveau dans un univers riche et incroyablement séduisant.


Et pour ceux qui ne connaissent pas Kenshin, c'est l'occasion de s'y mettre et ainsi par la suite de rattraper ce manque !


 


 


Critique 2


Kenshin le vagabond reste dans le coeur de bon nombre de lecteurs. Publiée au Japon pour la première fois entre 1994 et 1999, cette série de Nobuhiro Watsuki a marqué toute une génération, si bien que plus de dix ans après sa conclusion elle fait encore parler d'elle, au point qu'elle occulterait presque les autres oeuvres de l'auteur faites après (le mauvais Busô Renkin, et un Embalming qui a toutes les peines du monde à décoller). Une série animée a vu le jour, puis les années 2000 ont vu arriver les superbes OAV et une réédition deluxe qui a permis de conquérir un nouveau public (et de reconquérir l'ancien), et c'est fort de ce succès que l'oeuvre a eu droit à une version live reprenant assez librement le manga. C'est sur ce film que repose Kenshin Restauration, récit en deux volumes proposé à Nobuhiro Watsuki par son éditeur, histoire de surfer sur la vague Kenshin renaissante.


Kenshin Restauration adaptant librement un film qui adaptait lui-même librement le manga original, inutile de vous dire qu'il ne faudra pas prendre ce nouveau titre comme une reprise fidèle ou une suite, mais bel et bien comme une sorte de récit bonus se déroulant dans une sorte d'univers parallèle. Un concept que l'auteur, fan de comics où ce procédé est très courant, avoue beaucoup aimer.


Kenshin Restauration reprend néanmoins certaines bases de l'histoire, et quelques-unes des figures les plus connues de l'oeuvre. Himura Battosaï, ancien assassin, est devenu le vagabond Kenshin après la fin de l'ère Edo, et ne combat plus que pour protéger les autres et réparer ses erreurs du passé. Un tournoi organisé par Kanryû Takeda marque sa rencontre avec Kaoru, jeune kendoka qui souhaite simplement préserver son dojo. Il s'agit du point de départ d'une lutte qui opposera Kenshin aux combattants engagés par Takeda, ce dernier souhaitant vengeance après avoir été humilié par notre héros...


Après Kaoru dans le premier chapitre, on retrouve Sanosuké Sagara dans le second, puis Hajime Saitô dans le troisième. Le déroulement de certains événements a beau être différent de l'oeuvre originale, il ne faudra pas s'attendre à de réelles surprises, Watsuki se contentant du minimum... et c'est bien là le problème : tout est trop basique. Chaque chapitre étant construit sur le même schéma (une figure emblématique de la série originale débarque, fait un petit combat contre Kenshin, et basta) et étant assez court, l'auteur ne se foule pas beaucoup et offre un résultat répétitif, en plus d'être expédié. La narration passe de temps à autre du coq à l'âne, les choses se déroulent beaucoup trop rapidement pour qu'on en retienne quoi que ce soit, le scénario est en réalité aux abonnés absents, l'humour bas de plafond et mal placé ne fonctionne pas (surtout les "oyo" à tout bout de champ) et, surtout, les personnages sont désespérément vides et beaucoup, beaucoup trop manichéens, caricaturaux. De Kenshin à Sanosuké en passant par Kaoru, ils ne sont que l'ombre d'eux-mêmes.


Le plaisir de lecture n'est guère ravivé par un style graphique mi-figue mi-raisin. Poursuivant sur son influence comics entamée avec Embalming, Watsuki offre un trait régulièrement très épais et anguleux (notamment pendant les combats), qui contraste avec d'autres passages plus calmes, plus doux, et visuellement un peu plus arrondis. Certaines planches sont classiques, mais plutôt jolies, alors que d'autres sont véritablement catastrophiques, et cela concerne malheureusement la plupart des passages d'action : le trait épais ne parvient pas à camoufler pas une grande pauvreté, et occulte encore moins la médiocrité de combats expédiés en quelques cases, confuse et à peine mises en scène, où tout repose uniquement sur quelques coups too much plutôt ridicules.


Il y a à la lecture la cruelle sensation que ce Kenshin version "monde parallèle" ne raconte rien, ne repose sur rien, et il n'y a pas de quoi être rassuré par le fait que la trame principale s'arrête dans ce premier volume avant d'atteindre les 100 pages pour laisser place à un épisode 0. Ce dernier est certes un peu plus intéressant, car il offre des personnages inédits et évoque quelques thématiques intéressantes (la médecine venue de l'étranger, etc.), mais malheureusement l'auteur tombe vite dans les mêmes travers : protagonistes caricaturaux, ultras manichéens et sans fond, combats expéditifs et sans saveur, fond sous-exploité, et ensemble beaucoup trop rapide.


Au total, le truc ne fait même pas 150 pages, et il reste alors la dizaine de pages bonus qui lui font suite, où l'auteur, dans ses écrits qui sont presque devenus une marque de fabrique, revient sur les origines du projet et sur la manière dont il l'a imaginé. C'est assez agréable à lire, mais au bout du compte c'est assez vide, et ça ne fait que confirmer l'opportunisme d'une minisérie qui n'apporte strictement rien, si ce n'est la satisfaction pour les fans les plus vivaces et les moins regardants de retrouver quelques personnages qui, sincèrement, méritaient mieux que ça. Et pour celles et ceux qui n'auraient pas lu la série originale, inutile, de préciser que ce nouveau titre n'a strictement aucun intérêt. En attendant de voir si le deuxième volume redressera la barre...




Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

7 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs