Hidamari ga kikoeru Vol.2 : Critiques A la poursuite du bonheur

Critique 2

Atteint de surdité depuis plusieurs années, Kôhei préférait se tenir à l’écart des autres et restait ainsi dans son monde. Mais grâce à sa rencontre avec Taichi, un autre étudiant, il s’ouvre depuis peu aux autres et surtout il se remet à sourire et vivre comme tout étudiant. Kôhei se rend compte au fil du temps passé auprès de Taichi qu’il en est amoureux. Mais, il préfère garder ses sentiments pour lui jusqu’au jour où il embrasse Taichi. De peur de perdre son amitié, Kôhei décide de ne pas évoquer son baiser et de faire comme si rien ne c’était passé. Le malaise s’installe et grandit quand une amie de Kôhei vient jouer les troubles faits.

L’auteur nous avait laissés dans l’expectative avec la fin du volume précédent suite au baiser volé de Kôhei à Taichi. Nous attendions donc avec impatiente la suite et surtout le comportement de Taichi vis-à-vis de cet événement. Nous découvrons donc un Taichi complètement paumé, tourmenté et qui ne s’est pas remis de ce fameux baiser. D’ailleurs, il a préféré prendre la fuite et ne pas en parler à Kôhei. Mais les vacances sont finies et Taichi devra affronter un moment donné ou un autre Kôhei. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’auteur ne tourne pas son œuvre qu’autour de Taichi et Kôhei. En effet, tout en faisant évoluer l’intrigue sentimentale, elle fait vivre et avancer ses personnages dans la vie active rendant le récit très réaliste. Ainsi, Fumino Yuki fait d’abord intervenir un nouveau personnage, une jeune fille malentendante comme Kôhei, nommée Maya Ôkami. Elle sera un vrai frein au rapprochement entre les deux jeunes hommes, mais d’un autre côté servira d’un catalyseur sur les sentiments de Taichi. En effet, Taichi prendra conscience de ce qu’il ressent pour Kôhei quand il sera mis volontairement à l’écart par Maya. Ne plus pouvoir partager des moments proches avec lui sera pour Taichi difficile à vivre. L’auteur aborde également l’envie de tout étudiant de trouver sa place dans la société et notamment de trouver sa voie. A travers Taichi, nous voyons un jeune homme rempli de conviction, d’idéaux. Et qui pour aider la personne qu’elle aime au risque de s’en éloigner, ira suivre la voie qui se dresse devant lui. Son objectif est noble et rend encore plus touchant ce personnage.

Finalement que dire de plus que cette œuvre est tout simplement émouvante par des sentiments et des émotions qui nous saisissent complètement. La poésie et la beauté qui se dégagent de la relation entre Taichi et Kôhei nous émeut. Une magnifique suite et une auteure très talentueuse.

Critique 1

Grâce à sa façon de parler et à sa voix qui porte beaucoup, Taichi, en quelques mois, a bouleversé la vie de son camarade Kôhei, un jeune étudiant malentendant qui, à cause de son handicap, s'était replié sur lui-même face à en entourage peinant à le comprendre, le blessant involontairement, voire ne cherchant même pas à cerner réellement ce qu'il pouvait ressentir. Désormais, le jeune homme a aussi compris qu'il doit faire également des efforts de son côté, et il a commencé à s'ouvrir, à se montrer plus bavard, à être plus optimiste... et à ressentir pour Taichi des sentiments dépassant l'amitié. C'est dans cette volonté de s'ouvrir, mais aussi parce qu'il ne peut plus garder ça pour lui, que Kôhei a alors avoué son amour à Taichi... mais cela aura-t-il les conséquences espérées ? Taichi, qui ne sait pas comment réagir, semble inconsciemment installer une sorte de distance en ne répondant rien au baiser de Kôhei, et bientôt les deux étudiants paraissent en froid. Une situation délicate, qui pourrait se débloquer avec l'arrivée d'une nouvelle année étudiante, où Kôhei va non seulement devoir réfléchir à son avenir, mais aussi se confronter à l'arrivée d'une jeune étudiante elle aussi malentendante et ayant un sacré caractère...

Après un premier volume réussi, Hidamari ga kikoeru revient avec un second tome bien épais puisqu'il compte 300 pages, et qui est sous-titré "A la poursuite du bonheur", un sous-titre qui symbolise ce que tout le monde recherche dans la vie. Mais pour les héros de cette oeuvre, cette recherche de bonheur pourrait encore connaître bien des obstacles... 

Dans le tome 1, nous laissions nos deux héros juste après le baiser soudain de Kôhei, qui forcément n'est pas sans conséquence et installe un malaise entre eux. Mais alors que Kôhei et Taichi sont perdus, deux nouvelles donnes pourraient bien amener une nouvelle direction, afin de faire comprendre à Taichi ce qu'il veut et ce qu'il lui faut.

Tout d'abord, sa découverte d'une petite entreprise liée au handicap auditif, qui finit rapidement par lui faire une proposition d'embauche, car son patron se reconnaît un peu dans le jeune homme. Taichi acceptera-t-il ? D'un côté, il pourrait enfin se trouver un but pour l'avenir, mais de l'autre cela signifierait arrêter les études, ne plus prendre de notes en cours pour Kôhei, voire s'éloigner de lui... Sur ce point, Fumino Yuki installe une excellente ambiance, partagée entre la crainte de voir les deux garçons s'éloigner encore plus, et l'optimisme que Taichi trouve dans la voie sur laquelle il s'engage, où il apparaît impliqué au point de se mettre à apprendre le langage des signes.

Ensuite, il y a surtout l'apparition de Maya Ôkami, nouvelle étudiante, elle aussi malentendante, connaissant déjà Kôhei... et qui a un caractère bien différent de lui ! Affichant d'emblée une certaine défiance envers Taichi qu'elle n'hésite pas à malmener dans ses propos, cette jeune fille aurait pu apparaître comme un classique obstacle dans le lien entre les deux garçons, mais en réalité elle est bien plus que ça. Ne se contentant pas de dynamiser plusieurs passages grâce à sa personnalité, la demoiselle va surtout témoigner d'une manière encore différente de vivre le problème auditif : elle a tendance à n'accorder sa confiance qu'à peu de monde, tant elle a connu des douleurs par le passé. Mais là où Kôhei a simplement préféré se couper des autres, elle a adopté une attitude un peu plus virulente, pour se protéger de ceux qui la blessent parfois involontairement. Sa façon de se comporter avec Taichi, même si celui-ci n'en a pas forcément conscience (il l'appelle "la sorcière", préfère l'éviter...), et même si elle est au départ vraiment désagréable, trouve alors beaucoup de sens pour servir de catalyseur au jeune homme et pour lui faire mieux comprendre certaines choses.

D'un bout à l'autre, le sujet de la place de ce handicap dans la société humaine reste omniprésent, tout tourne autour de ça, et la mangaka l'aborde encore avec beaucoup de justesse. C'est notamment le cas lorsque nous avons des exemples du quotidien que Maya a vécu ou vit encore, entourée de personnes qui, souvent involontairement, par le biais de paroles non réfléchies, l'ont profondément blessée, en ne cherchant jamais à la comprendre en profondeur, à au moins essayer de cerner ce qu'elle peut ressentir. Son cas rappelle forcément celui de Kôhei, et à l'instar de ce dernier, peut-être que Maya devra elle aussi faire quelques efforts pour installer une réelle communication avec les autres.

Concernant la relation entre Kôhei et Taichi, elle évolue vraiment avec naturel, doucement, mais sûrement, laissant le temps à Taichi de comprendre ce qu'il ressent, et à Kôhei de lui affirmer pourquoi il a changé sa vie, ce qui passe notamment par le don permanent de Taichi pour faire attention aux petites choses qui font la différence.

On appréciera aussi, enfin, la présence un peu plus marquée de certains personnages secondaires comme Yokoyama, qui apportent à l'oeuvre un dynamisme supplémentaire.

Cet épais deuxième volume confirme les qualités d'une oeuvre juste, sensible et accessible, où Fumino Yuki séduit d'un bout à l'autre dans sa peinture de personnages attachants et dans son abord d'un sujet délicat. Et alors que ce tome aurait pu constituer une excellente fin, on a la bonne surprise de voir la mangaka confirmer dès sa postface qu'une suite va voir le jour, celle-ci étant actuellement en cours de parution au Japon sous le titre Hidamari ga Kikoeru - Limit.