Hanada le garnement Vol.1 - Actualité manga
Hanada le garnement Vol.1 - Manga

Hanada le garnement Vol.1 : Critiques

Hanada Shonen-shi

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 24 Août 2017

Après Reine d'Egypte, et en attendant Isabella Bird en octobre, la collection Kizuna de Ki-oon accueille en ce mois d'août une série que l'on n'espérait plus forcément en France, et que l'on découvre donc avec autant de surprise que de curiosité. Originellement publiée par Kôdansha entre 1993 et 1995 sous le titre Hanada Shounen-shi, Hanada le garnement est une tranche de vie qui a été imaginée par Makoto Isshiki, une mangaka qui était jusqu'à présent inédite en France, mais qui est également bien connu pour une autre série : Piano Forest, qui a eu droit à un film d'animation. 


Auréolé d'un certain succès dans son pays d'origine durant les années 1990, Hanada a été lauréat du Grand Prix Kodansha en 1995. La série a ensuite conservé sa popularité puisqu’elle a connu une adaptation animée en 2002 ainsi qu'un film live en 2006, et qu'elle a été rééditée plusieurs fois au Japon. Pour la sortie française, Ki-oon se base sur l'édition japonaise la plus récente, qui date de 2006.


Cette série nous immisce dans un Japon plutôt éloigné des très grandes villes, un peu rural, aux côtés d'Ichiro Hanada, un petit garçon de 9 ans bien connu aux alentours pour ses nombreuses frasques qui agacent voire désespèrent autant les voisins que sa famille ! L'enfant, pas forcément méchant, mais parfois vraiment très turbulent et toujours énergique, enchaine les mauvais tours et s'est taillé une solide réputation de chenapan. Récupérer un cadavre de grenouille, faire pipi dans la véranda, taguer un chien au feutre, lancer des pétards au visage de sa mère, casser accidentellement la télé familiale en jouant avec une batte dans la maison... telles sont les bêtises que le garnement est capable de faire ! Et c'est en commettant une énième frasque qu'il lui arrive le pire : renversé par une voiture alors qu'il s'échappait avec un vélo "emprunté", il se retrouve à l'hôpital, entre la vie et la mort... Et quand il se réveille, en plus de se retrouver avec le crâne rasé et 9 points de suture, i a acquis l'incroyable capacité de voir les fantômes !  Mais cette situation ne lui plaît pas du tout. Cela dit, quand les esprits des défunts viendront tour à tour lui demander service pour pouvoir reposer en paix, il n'aura pas trop le choix s'il veut retrouver la tranquillité... Et qui sait, peut-être que lui-même s'en retrouvera changé aussi ?


Makoto Isshiki nous offre une introduction aussi rapide qu'efficace, où tout se met en place assez vite, mais en nous laissant tout de même le temps de bien cerner le contexte et les personnages. Dès le début, Hanada parle lui-même au lecteur, se présente, présente son entourage, ce qui crée d'emblée une certaine proximité avec lui. Le tout, tandis que l'on découvre donc une galerie de caractères prometteurs : son meilleur copain Sota qui est un trouillard, sa mère Hisae qui ne manque jamais de le punir, car il est sûrement celle qu'il rend le plus folle, son père Daijiro qui est un pochtron à côté de la plaque et laxiste, sa grande soeur Tokuko qui surnomme "la groche" parce qu'elle est grosse et moche, le grand-père Tokujiro qui domine la famille du haut de ses 78 ans... On trouve un cadre familial plutôt pauvre, qui se contente de peu, et qui est dynamisé par une sympathique galerie de personnages hauts en couleur, parfaits pour appuyer les aventures de Hanada.


Au fil des chapitres, on cerne donc en Hanada un gamin qui ne s'arrête jamais, et dont certaines bêtises pourraient donner des idées aux plus jeunes lecteurs. On le suit alors avec intérêt dans sa nouvelle "aventure", plus grande et plus surnaturelle, où il se retrouve à devoir exaucer les derniers souhaits des fantômes qui viennent le voir. Aller à la rencontre d'un jeune homme pour lui demander un objet, sauver un chiot, secourir une mère qui a perdu l'envie de vivre depuis la mort de son jeune fils, épauler le fantôme d'un vieux lubrique en allant chaparder les lettres d'amour qu'il a laissé chez lui à la portée de son épouse aigrie... 


Qu'ils soient canins ou humains, les fantômes de ce premier tome ne sont pas décidés à laisser Hanada en paix tant qu'il ne leur sera pas venu en aide, et pour ce faire chacun d'eux peut employer des méthodes différentes, pouvant être doux comme la dénommée Yuki, suppliants comme le jeune enfant, ou beaucoup plus insistants comme la mamie ou "pervers pépère" qui n'hésitent pas à venir hanter les nuits de notre jeune héros ou à l'effrayer ! La variété est de mise, y compris dans les "missions" et les ambiances. 


En effet, si généralement les missions que doit accomplir Hanada ont une finalité positive, il doit parfois employer des méthodes dignes d'un chenapan comme lui, les tournesols arrachés en sont témoins. Mais il y a aussi le cas de "pervers pépère", fantôme moins glorieux que les autres, et qui pousse tout simplement l'enfant à pénétrer illégalement dans une maison ! Il y a aussi les cas où le petit garçon subit sans avoir le choix, comme quand il se retrouve directement transporté au chenil. Et forcément, avec tout ça, plus d'une fois Hanada se fait alors enguirlander, parfois un peu injustement, mais il faut dire qu'il paie aussi la mauvaise réputation qu'il s'est faite à force d'enchaîner les mauvais tours ! 


Et pourtant, petit à petit, on sent qu'il y a quelque chose qui évolue en lui, au fil de ses rencontres avec les fantômes. Bien sûr, en bon enfant turbulent et pas facile, il n'accepte jamais de bon coeur d'aider les défunts, mais à quelques reprises on voit bien que son petit finit par être touché. Ici, on pense surtout au cas de cette mère qui vit comme un automate, sans le moindre sentiment, depuis que son enfant est mort. Une femme qui parvient à toucher un peu notre héros quand il l'observe, même s'il essaie de se convaincre du contraire.


Et au fil des chapitres, des ambiances bien différentes se mêlent forcément, du fait du sujet où il est quand même question de mort. Il y a de vrais moments d'émotion, le plus fort venant évidemment, là aussi, du passage concernant la mère qui a perdu son enfant. Mais le récit n'est jamais pesant et reste très accessible, car il y a quasiment toujours des notes d'humour qui parsèment les choses : les têtes parfois délicieusement caricaturales des personnages, les mauvais coups de Hanada ou des fantômes, l'entourage du jeune garçon qui appuie bien les choses grâce aux diverses réactions, des instants d'humour noir plutôt fins, quelques gags bon enfant à base de nudité ou de caca jamais trop vulgaires... Sans oublier le décalage d'un héros enfantin qui ne comprend pas toujours les mots d'adultes comme "euthanasie", "amour", ou le double-sens de "chérubin".


On appréciera également les quelques petits détails qui viennent parsemer la lecture concernant les personnages secondaires : le béguin de Tokuko pour son professeur, l'absence du père de Sota qui est au ciel... On se demande si la suite exploitera ces éléments.


Hanada le garnement est donc une lecture qui, malgré les moments d'émotion et le thème de la mort et des fantômes, reste avant tout amusante, chaleureuse et conviviale. Et pour cela, Makoto Isshiki tire aussi très bien parti de son style visuel un brin "old school" (bien ancré dans son époque, en tout cas), avec des physiques très expressifs et bien marqués (y compris pour les animaux) qui s'agitent dans des décors campagnards souvent bien soignés.


Sur ce premier volume, la lecture devient facilement emballante, trouve bien ses marques et nous immerge dans un petit monde qui a beaucoup de charme. Les bêtises et l'évolution du petit Hanada ne font que commencer et ont tout pour continuer de nous plaire.


Avec une jaquette colorée et un logo-titre plutôt efficace, le volume attire facilement l'oeil. Et à l'intérieur, l'édition est bien servie par une traduction bien inspirée de Sébastien Ludmann, qui sait offrir des dialogues bien vivants et naturels ainsi que des expressions un peu rurales sans en faire trop. Le papier allie épaisseur et souplesse, l'impression en Italie chez Lego est bonne, le travail de lettrage et d'adaptation graphique est convaincant... On regrettera simplement l'absence de quelques clés de compréhension (par exemple sur le rituel funéraire japonais des 49 jours) qui auraient pu être utiles dans le cadre d'une série publiée dans la collection Kizuna, qui se veut "plus universelle".


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs