Gokusen Vol.15 : Critiques

Alors que maître Shinohara quittera bientôt le clan Kuroda et a enfin ouvert les "hostilités" dans sa rivalité amoureuse avec Shin Sawada, l'année scolaire approche doucement de sa fin, avec tout ce que ça implique d'interrogations sur l'avenir des élèves de Yankumi. Chaque adolescent a en tête des perspectives... sauf Minami, qui, dans le doute, se retrouve alors embarqué dans une douteuse affaire de secte ! Alors que Kumiko tente de remonter la piste de cette arnaque, elle va bien malgré elle voir son secret se fissurer quant à ses origines yakuzas... Comment réagiront ses élèves et ses collègues en découvrant la vérité ? Pourra-t-elle rester enseignante et mener ses élèves jusqu'au bout de leurs années de lycée ? Minami se sortira-t-il de sa galère ? Quel avenir pour le clan Kuroda ? Et quelle sera l'issue du trio sentimental Yankumi/Shinohara/Sawada ?

Qu'on se le dise, Kozueko Morimoto répond à toutes ces questions dans cet épais dernier tome de 240 pages, et elle le fait de très bonne manière ! Après un tome 14 qui redressait déjà assez bien la barre, l'auteure propose ici une dernière ligne droite savamment menée, où ses dernières pistes s'emboîtent dans un fil rouge où elle n'oublie rien des grandes lignes, et où elle parvient à exploiter une dernière fois les grandes figures de sa série. Les élèves dans leur ensemble sont bien représentés, notamment avec une mise en avant de Minami qui jusque là était le plus discret de la bande, les apparitions amusantes de Kudô ou d'Inuzuka, la confiance que Kuma accorde à Yankumi quand tout le monde doute, le petit retour d'Uesugi... Et entre les doutes et le soutien, les réactions des adolescents face à leur enseignante sont assez bonnes, le point culminant étant atteint avec la scène du fundoshi. L'équipe enseignante est bien représentée dans son soutien envers notre héroïne, tout comme la bande du clan Kuroda. Et, bien sûr, le petit suspense autour de la rivalité sentimentale se voit discrètement entretenu pendant une bonne partie du volume.

Pourtant, les rebondissements de ce dernier tome sont assez gros, comme souvent dans la série, surtout ceux autour de la secte du rire. Mais Morimoto y retrouve pleinement son don pour y mêler beaucoup de petits gags sans prétention qui font mouche ! Les nouvelles lubies de l'oncle Tenkai, les crises de colère de Kyô, le retour de la double personnalité d'Inuzuka (qui est ici brièvement exploitée, sans rallonge, donc ça fonctionne à nouveau), la dégaine du "boss final" qu'est Ievgueni, le coup des fundoshi qui est aussi touchant qu'amusant... Et, surtout, l'aspect complètement à côté de la plaque de cette chère Yankumi sur le plan amoureux, où elle ne cesse d'avoir des réactions improbables, des mimiques impayables et des poses sans queue ni tête. Enfin, on aime jusqu'au bout cette capacité de l'auteure à incruster des petits gags au milieu des instants plus sérieux ou mélancoliques.

Tout ceci nous amène jusqu'à une conclusion qui pourra tout de même paraître un peu rapide, mais qui reste ouverte juste comme il faut, en nous laissant deviner sans mal ce qui attend les personnages.

Après avoir connu des coups de mous en milieu de série, Gokusen a donc retrouvé son meilleur niveau dans ce final drôle et prenant, qui offre un ultime focus correct sur son héroïne et sur tout ce qu'elle apporté à son entourage grâce à sa façon d'être tout à fait unique, et qui nous permet efficacement de dire au revoir à toute cette ribambelle de personnages hauts en couleur qui vont clairement nous manquer.

Côté édition, au-delà de cette couverture spoilant allègrement et de l'absence totale de mot de l'auteure qui sont des petites déceptions extérieures à Kazé Manga, on pourra déplorer une encre bavant un peu. Néanmoins, l'édition française sera restée globalement satisfaisante d'un bout à l'autre, et le petit prix de 7,99€ pour un grand format (y compris pour ce dernier tome plus épais) reste une initiative plaisante. Sans oublier la frise sur le dos des tomes, enfin complète !