Deux ans de vacances - Actualité manga

Deux ans de vacances : Critiques

Jûgo shônen hyôryûki

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 20 Septembre 2017

En cette rentrée 2017, la collection des Classiques en manga des éditions nobi nobi ! accueille un nouveau grand nom de la littérature française, à savoir Jules Verne, avec une adaptation en 150 pages du roman Deux ans de vacances. 


Publié pour la première fois en 1888, le roman d'origine fait partie de la célèbre série des Voyages Extraordinaires de Verne, qui compte environ 80 oeuvres (romans et nouvelles) au total ! 


Sans être aussi connu que Cinq semaines en ballon, Voyage au centre de la Terre, le Tour du monde en 80 jours, 20 000 lieues sous les mers ou De la Terre à la Lune qui ont tous été écrits avant lui, Deux ans de vacances a néanmoins été très bien accueilli à son époque, grâce à sa fraîcheur et à son parfum d'aventure bien présent. Aujourd'hui encore, elle conserve une certaine popularité, au point d'avoir été adaptée, à quelques reprises au cinéma et à la télévision, parfois très librement. On peut par exemple noter l'adaptation animée futuriste Mujin Wakusei Survive, ou un feuilleton éponyme en 1974. Deux ans de vacances fait également partie des romans de Verne ayant inspiré le scénario de la série culte Nadia et le secret de l'eau bleue.


On note que cette oeuvre, contrairement à une très grosse majorité des Voyages extraordinaires, ne comporte aucun élément fantastique, et qu'elle s'inscrit dans un genre littéraire que l'on appelle les robinsonnades (du nom de Robinson Crusoé, premier roman du genre), à savoir ces récits où, suite à un incident, un ou plusieurs personnages se retrouvent isolés de la civilisation (souvent, ils se retrouvent sur une île déserte) et doivent alors trouver les moyens de survivre dans un cadre souvent hostile.


C'est précisément la mésaventure qui arrive aux 14 jeunes garçons du pensionnat Chairman en Nouvelle-Zélande. Tous se réjouissent de partir quelque temps à bord du navire Sloughi pour un tour du pays ! Mais une nuit, alors que les adultes du bateau sont sortis sur la terre ferme, le navire se détache, emportant avec lui au large les 14 enfants de 8 à 14 ans, le jeune mousse Moko, ainsi que Phann, le chien de l'un des jeunes garçons. Perdus au beau milieu de l'océan Pacifique, sans savoir que faire, ils finissent par atterrir sur une île où ils semblent être les seuls habitants. Ils commencent rapidement à organiser leur survie, tout en espérant être vite retrouvés... Ils ne savent encore pas qu'ils resteront sur ce morceau de terre pendant deux ans, et que plusieurs épreuves les attendent !


Pas facile d'adapter un roman complet en seulement 150 pages, et l'on sent bien que Jiro Otani, le mangaka en charge de cette adaptation, doit effectuer quelques raccourcis. Ainsi, certaines épreuves, en tête celles animant la toute fin, restent finalement assez peu développées, et du côté de nos 15 jeunes naufragés certains visages sont largement moins mis en avant que d'autres. Mais dans l'ensemble, l'alchimie prend très facilement, car Otani retient ce qu'il faut pour offrir un récit d'aventure prenant, qui ne s'étire pas et qui n'a donc pas le temps de lasser ses jeunes lecteurs.


On découvre avec un certain intérêt les différents enfants, au total 2 Français (le héros Briant et son petit frère Jacques), un Américain (Gordon, l'aîné du groupe) 11 Anglais, et le mousse. Parmi eux, quelques-uns occupent un rôle plus important. En tant que narrateur et personnage principal, Briant est celui par qui on vit l'aventure, et il se veut droit et fiable. En tant qu'aîné, Gordon occupe rapidement le rôle du "sage" que les autres écoutent, car il est un peu plus mature, tandis que le dénommé Doniphan est celui qui vient poser quelques problèmes à cause de son désir d'être toujours premier. On peut aussi signaler les rôles importants de Moko en tant que Mousse sachant faire pas mal de choses, ou de Jacques qui cache un secret coupable.


Dans l'ensemble, on reconnaît facilement les différents personnages, et c'est alors avec intérêt que l'on suit leur nouvelle vie sur l'île : repérage des lieux (on appréciera qu'Otani reste totalement fidèle au roman concernant la géographie de l'île), mise en place d'un lieu où habiter et subsister pendant l'hiver, chasse, provisions, installation d'un système d'eau potable... L'organisation passe aussi par la nomination d'un leader par vote (une sorte de président élu pour un an et chargé de veiller à la cohésion du groupe) et par une bonne répartition des tâches (par exemple, la chasse, c'est la spécialité du groupe de Doniphan voir ces gamins se débrouiller. Ces gosses savent que s'ils veulent survivre, ils doivent se serrer les coudes et rester soudés... mais parfois, c'est plus facile à dire qu'à faire, car toute communauté, si petite soit-elle, peut connaître ses rivalités et ses rixes ! Ici, c'est essentiellement le cas entre Briant et Doniphan, dont la relation menace plus d'une fois de mal tourner. Qui plus est, certains problèmes peuvent être beaucoup plus dangereux que d'autres, surtout dans la dernière partie. Mais au bout du compte, c'est bien l'organisation, la cohésion, la solidarité, le courage et la volonté des garçons qui leur permet de subsister... sans oublier leur enthousiasme ! C'est sans doute le dernier aspect de l'oeuvre vraiment essentiel : malgré les problèmes, on reste dans une ambiance plutôt positive et entraînante, qui rend l'aventure rafraichissante.


Otani offre des visuels soignés. Son découpage et ses designs sont classiques, mais l'ensemble porte sans problème l'histoire grâce à un style clair et énergique. Les décors, dans un cadre d'île déserte, jouent forcément un rôle important dans ce style de manga, et l'artiste s'en sort aussi plutôt bien sûr ce point, en sachant offrir quand il le faut quelques paysages qui entretiennent bien les choses.


Bien que courte, Deux ans de vacances est une bonne adaptation du roman de Jules Verne, où Jiro Otani a su retenir l'essentiel et dépeindre le tout dans un style efficace.


On a droit, comme toujours avec cette collection, à une jolie édition. Celle-ci suit la charte spécifique des Classiques en manga, avec jolie reliure, signet marque-page, couverture dominée par une couleur (le bleu clair ici)... A l'intérieur, le papier et l'impression sont honnêtes, Fabien Dautriche livre une bonne traduction, et comme toujours on a droit à une postface intéressante présentant l'auteur original puis le roman original avec quelques spécificités.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction