Dédale Vol.1 - Actualité manga
Dédale Vol.1 - Manga

Dédale Vol.1 : Critiques

Hyakumanjou Labyrinth

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 07 Juillet 2016

Dans la vie, Reika et Yôko, étudiantes, travaillent également en tant que débuggeuses pour une société de jeux vidéos, et elles logent d'ailleurs en colocation dans un immeuble de la société. Mais un beau jour, elles se réveillent sans la moindre explication dans un tout autre monde, labyrinthique, où les pièces s'enchaînent sans logique, et où l'architecture semble défier le champ des possibles. Perdues dans cet univers dont elles découvrent petit à petit les spécificités, les astuces et les dangers, elles vont devoir redoubler d'efforts et conserver vivacité d'esprit et optimisme si elles veulent retrouver le monde réel... mais toutes les deux en ont-elle totalement envie ?

Courte série de 2 tomes publiée au Japon de 2013 à 2015 sous le nom Hyakumanjou Labyrinth, Dédale n'a pas manqué de faire parler d'elle au Japon : cette oeuvre de Takamichi (un artiste qui a débuté sa carrière de mangaka en 2008) s'est illustrée en finissant 5ème des Manga Taisho Awards 2016, prestigieux prix remis par les libraires japonais.

Le concept est simple : deux filles aussi différentes que complémentaires tentent de survivre et de trouver comment s'échapper d'un monde défiant la logique et répondant à bien des égards à des critères de jeu vidéo, pour un résultat que l'on pourrait rapproche de la lignée si populaire des survivals. Mais Dédale n'est clairement pas un "survival" comme les autres, que ce soit dans son univers d'une intelligence et d'une créativité hors-norme, ou dans son ambiance fraîche et positive qui se voit portée par deux héroïnes délicieuses !

Commençons par l'univers, cet endroit labyrinthique qui semble ne répondre à aucune logique : il semble s'étendre à l'infini, et dévoile des choses étranges à chaque coin, à l'image des portes et autres pièces pouvant se cacher sous les tatamis, des arbres construits sur le même modèle, des tables reproduisant ce qu'on pose sur elles, des lieux où les filles peuvent se voir de dos comme s'il y avait une faille spatiale... et de mystérieux ennemis, que ce soit les "braconniers" traquant les intrus et pouvant les isoler dans une pièce, ou le "room-shark" dévorant des pièces pour ne laisser qu'un trou noir à la place...Cet univers, Reika et Yôko ont vite fait de cerner qu'il s'apparente par bien des aspects à un jeu vidéo... Mais un jeu qui serait buggé de partout ! Pour se sortir de situations parfois délicates, ou atteindre les lieux qu'elles recherchent, elles devront donc ruser et exploiter le territoire, pour un résultat qui ne manque pas d'inventivité et d'intelligence, et qui n'est pas sans rappeler par certains aspects l'excellent jeu vidéo Portal.
C'est ainsi que, seules dans ce monde qui semble infini, les deux demoiselles avancent peu à peu, tentent de comprendre ce qui les entoure pour en tirer le meilleur parti, cherchent à éviter le danger, et à communiquer avec Tagami, la seule autre présence humaine qu'elles parviennent à capter via un faible réseau wifi... et le résultat est captivant tant les petites trouvailles de l'auteur sont nombreuses, et tant les deux héroïnes forment un duo séduisant.

Ce sont, en effet, deux étudiantes assez géniales dans leur genre qui attendent le lecteur, celle des deux se détachant le plus étant clairement Reika, plus mise en valeur. Passionnée par les bugs de jeux vidéo (c'est bien pour ça qu'elle en a fait son job) pour des raisons que l'on finira par découvrir et qui témoignent d'une envie infinie de liberté, cette jeune fille aussi jolie que décalée dévoile vite un enthousiasme assez dingue dans ce monde bourré de bugs. Explorer, expérimenter cet univers illogique et infini apparaît comme le pied total pour cette demoiselle se sentant trop à l'étroit dans le monde réel, et c'est avec un enthousiasme permanent et une curiosité jamais affaiblie qu'on la suit dans ses entreprises parfois dangereuses et périlleuses... où Yôko, demoiselle physiquement plus robuste, un peu plus terre-à-terre et parfois bougonne, a régulièrement du mal à la suivre, mais fait de son mieux, portée par son inquiétude pour sa coloc, et par son sens de la répartie parfois très bien senti. Il en résulte un duo parfait dans ses différences et sa complémentarité : l'une ne serait pas aussi fun sans l'autre, et il se dégage alors de leur étrange aventure un parfum très positif et amusant malgré les dangers.

Osons dire que pour servir ce récit, le coup de crayon de Takamichi est parfait. Dans un récit où le monde, les pièces, les objets ont une telle importance et avec lesquels les héroïnes doivent constamment interagir, il était primordial d'offrir des décors omniprésents et immersifs et des angles de vue saisissants. Et c'est le cas. Takamichi s'en donne à coeur joie en offrant des architectures inventives, des recoins cachant nombre de secrets et d'idées, et des cadrages très souvent ingénieux tant ils parviennent à faire ressortir l'exubérance de ce monde labyrinthique. Il faut aussi souligne l'utilisation exemplaire des trames, ne serait-ce que pour les jeux d'ombre sur les bâtiments, les objets et les personnages. A chaque page sa trouvaille, son angle de vue... A cela, il faut ajouter un design de personnage réussi, que ce soit pour les quelques créatures croisées, ou pour nos deux héroïnes : la bouille mignonne, joyeuse, carrément lumineuse de Reika lui va à merveille, tout comme celle un peu plus renfrognée de Yôko.

Servie dans une édition exemplaire (bonne qualité d'impression, papier souple et sans transparence, traduction enlevée de Sébastien Ludmann, 4 premières pages en couleur...), Dédale impose d'emblée l'inventivité, l'ingéniosité, l'enthousiasme de son univers et de ses personnages foisonnants. Une vraie et belle curiosité, au charme indéniable et qui vaut assurément le coup d'oeil. En espérant que le deuxième et déjà dernier tome, sorti en même temps que le premier, confirme tout cela !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs