Isan Manga - Actualité manga

Isan Manga

Interview

Interview n°2

Nouvel éditeur français dans le monde du manga, isan manga s'est rapidement démarqué par la qualité de ses publications.

Dans le cadre de la sortie des deux premiers titres de la maison d'édition : Roméo & Juliette et Madame Bovary, nous avons eu le plaisir d'interviewer Karim Talbi, cofondateur d'isan manga.

L'occasion d'en apprendre plus sur le personnage, sur la création, les orientations et le futur d'isan manga !


• Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Bonjour, je suis Karim Talbi, directeur de collection, président et cofondateur des éditions isan manga.



• Comment vous êtes-vous intéressé au manga ?

Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours lu beaucoup de bandes dessinées. C’est tout naturellement que j’ai commencé à lire du manga quand les premiers tomes sont arrivés en France.

• Quel type de manga lisez-vous ?

Je ne m’arrête pas à un genre particulier, j’arrive à apprécier les œuvres de science-fiction comme les titres romantiques. Tant que l’histoire est bonne, ça me va !

• Quel a été votre parcours professionnel ?


J’ai commencé à travailler à l’âge de 17 ans après avoir arrêté ma formation d’électricien, qui n’était à vrai dire pas vraiment ma voie… Après deux ans de petits boulots, une amie m’a envoyé l’annonce d’un éditeur, qui cherchait un maquettiste/lettreur free-lance (message de Karim : Aimée, si tu me lis, je t’embrasse !) et je me suis dit pourquoi pas essayer…

Après trois mois en free-lance, l’éditeur a proposé de m’embaucher. C’était une toute petite structure, où tout le monde mettait la main à la pâte. C’était une expérience formidable pour quelqu’un comme moi qui découvrait le monde de l’édition. Un peu moins de deux ans après, suite à un changement de direction et de politique éditoriale, nous avons décidé d’un commun accord de nous séparer.

J’ai donc repris mes activités en free-lance en travaillant sur plus de 200 titres en bandes dessinées, comics et mangas. En parallèle, j’ai aussi travaillé sur d’autres supports comme des magazines, flyers et catalogues pour plusieurs sociétés…

Après cinq ans à travailler à mon compte, je me sentais prêt à créer ma propre société !


• Comment s’est faite la rencontre avec votre associé Étienne Barral ?

Nous nous sommes rencontrés chez un client commun, il avait la possibilité d’obtenir les licences de certains titres, et je souhaitais créer ma propre société. En lui présentant mon projet, on s’est rendu compte qu’on avait les mêmes objectifs, et nous avons donc décidé de le faire ensemble !

• Pourquoi avoir créé isan manga ?


Nous avons créé isan manga parce que nous avions l’opportunité d’apporter quelque chose de nouveau sur le marché. C’est un pari risqué, mais nous ne voulions pas être simplement un éditeur de plus, en faisant comme les autres. Nous nous sommes donc démarqués de deux façons : la qualité de nos livres et la politique éditoriale.

C’est un pari que très peu d’éditeurs auraient voulu faire, et comme c’est ce que nous souhaitions trouver sur le marché, je suis moi-même amateur de beaux livres… On s’est dit qu’on allait le faire nous-mêmes !

• Quel rôle chacun de vous joue dans l’entreprise ?

Étienne joue pour sa part le rôle d’agent au Japon, il possède énormément de contacts et vit sur place. Il s’occupe évidemment avec moi du choix des titres. De mon côté, je m’occupe de tout le reste, du choix des titres à la fabrication, en passant par la création artistique des produits. Encore une fois, c’est une formidable expérience !


• Pour quel public vous destinez-vous ?

Nous touchons un public de collectionneurs, qui aiment les classiques du manga, sans pour autant ignorer le lectorat habituel du manga.

• Comment avez-vous choisi vos premiers titres (Roméo & Juliette, Madame Bovary) et le type d’édition que vous alliez en faire ?

Nous avons eu l’opportunité de travailler avec Yumiko Igarashi, qui est une très grande dame du manga, c’est quand même la dessinatrice de Candy Candy ! Nous souhaitions avoir une collection d’œuvres adaptées de classiques de la littérature et ça collait parfaitement à ce que nous voulions, à savoir une adaptation d’œuvre littéraire mondialement connue par un très grand auteur !

• Quel retour d’expérience faites-vous de ces deux premières sorties après quelques semaines de vente ? Êtes-vous satisfait de la réception du public ?

Il est encore trop tôt pour avoir des chiffres, mais la réception du public et de la presse a été bonne, tout le monde a été agréablement surpris de la qualité des livres, ce qui était un de nos objectifs !

Nous savons qu’il nous reste encore beaucoup de travail à faire pour faire connaitre « la marque » isan manga auprès du grand public, mais avec le temps et la présence sur les salons, qui est un magnifique support de communication, nous espérons y arriver.

• Prochain titre dans votre arsenal : Kamen Rider ? Que ressent-on quand on arrive à distribuer en France un titre aussi mythique et qui a inspiré de nombreux autres mangakas ?


Nous sommes bien sûr très fiers de publier ce titre en France. C’est une œuvre qui a marqué à jamais le patrimoine de la bande dessinée japonaise ! Avoir l’honneur de travailler sur un titre de Shotaro Ishinomori après avoir travaillé avec Yumiko Igarashi, c’est quelque chose d’énorme !


• Bien que vous ne soyez pas sur le même type de titre de manière générale, comment les autres éditeurs vous ont-ils accueilli dans un marché de plus en plus concurrentiel ?

C’est à eux qu’il faut poser la question. Je pense qu’il y a eu de la curiosité parce qu’on est un peu un ovni… Je n’ai pas encore eu l’occasion de discuter avec mes confrères pour savoir ce qu’ils en pensent.

• Concrètement, comment ça se passe pour négocier la sortie d’une nouvelle licence ?

C’est tout d’abord une histoire de réseau, il faut savoir qui contacter pour quel titre. Après ça seulement on rentre dans la phase de négociation et là, je ne rentrerai pas dans les détails, chaque cas est particulier.

• Quel type de relation entretenez-vous avec les mangakas et éditeurs japonais ?

Pour le moment, les relations avec nos contacts au Japon sont très bonnes. Nous sommes dans une relation de confiance, à nous de tout faire pour ne pas les décevoir !

• Enfin, avez-vous un peu de liberté lorsque vous adaptez un titre en France ?

Ça dépend ce que vous appelez liberté. Les ayants droit gardent un droit de regard sur leurs œuvres, ce qui est bien normal. Mais ils sont en général ouverts aux propositions, il suffit de prendre le temps d’en discuter. Comme par exemple réunir deux volumes en un comme sur Kamen Rider.

• Bien que vous souhaitiez vous développer lentement mais sûrement, avez-vous quelques titres en vue actuellement ?

Oui, évidemment. Nous pensons sortir encore deux nouvelles séries d’ici la fin de l’année, elles vous seront dévoilées très bientôt.

isan manga est spécialisée dans les produits haut de gamme, avez-vous envisagé des éditions encore plus collector comme des coffrets accompagnés de goodies ou autres ?

Pour le moment, nous nous concentrons sur ce que nous savons faire, à savoir des livres de grande qualité. Nous essayerons de proposer des petits bonus sur nos stands sur les salons comme des posters. Mais pour l’instant, rien n’est acté.


• Un petit mot pour la fin ?  

isan manga sera présent à Japan Expo dans deux mois, alors n’hésitez pas à venir nous voir ! Je serai personnellement sur le stand, donc n’hésitez pas à venir me poser vos questions.

• Nous vous remercions chaleureusement pour votre temps et vous souhaitons une bonne continuation pour isan manga !


Merci également à Émile Buret de Goma communication pour la mise en place de cette interview !

Interview n°1

Nous avons récemment rencontré l'un des co-fondateurs de cette nouvelle maison d'édition, Karim Talbi. Ce fut l'occasion d'en savoir d'avantage sur la genèse de ce nouvel acteur du marché, de découvrir ses premiers titres et de connaitre ses ambitions pour l'avenir...

    
    
   
    
Manga-News : Bonjour ! Pour commencer, pouvez-vous nous décrire votre parcours personnel et professionnel ?
Karim Talbi :  Bonjour, je m'appelle Karim Talbi, et j'ai bientôt vingt-sept ans. Je travaille dans le milieu du manga depuis six ans, presque sept, en tant que maquettiste pour un éditeur de manga, puis au bout de d'un an et demi, je suis passé éditeur junior, en étant principalement en relation avec les imprimeurs, les graphistes et traducteurs externes. A partir de 2007, je suis devenu graphiste/maquettiste indépendant, en travaillant pour différents éditeurs, pour au final plus de deux cents titres, en manga comme en comics ou en magazines d'ailleurs.
      
    
Pouvez-vous nous parler de votre associé, Etienne Barral ?
J'ai rencontré Etienne il y a trois ans dans le cadre professionnel. Il travaille au Japon en tant qu'agent et consultant, et a fini par rentrer en contact avec Yumiko Igarashi. Ainsi, il récupéra une option sur les droits d'acquisitions de Roméo et Juliette et Madame Bovary, et commença à démarcher les éditeurs français pour les vendre. Mais Etienne souhaitait voir ces titres bien mis en valeur, avec une édition soignée. Nous nous sommes alors dit tous les deux : "Et si nous le faisions nous-mêmes ?" Cette idée a fini par grandir, par devenir concrète, et nous sommes vite tombés d'accord sur le projet. De par mon expérience, je me sentais capable de l'amener à terme. C'est ainsi qu'est né Isan Manga.
  
   
Sur quelle base financière partez-vous ? 
Nous sommes partis sur nos fonds personnels. Un tel projet coûte évidemment beaucoup d'argent, vu qu'il faut avancer l'imprimerie, le papier, les droits... Mais cela ne nous pas effrayé. A force de toucher à tout dans le milieu, l'envie de se lancer par soi-même était trop forte. Nous travaillons cependant sur le projet depuis déjà trois ans, pour arriver enfin sur le marché en 2013.
        
    
N'avez-vous pas été inquiets quant au fait de vous lancer dans une période où le marché du manga est en recul ? 
Effectivement, ayant été imprégné par le milieu, j'en connais les réalités : avant, quand on vendait un titre à trois mille exemplaires c'était considéré comme un échec. Aujourd'hui on en rêve ! Nous avons bien sur un peu peur, mais le projet nous tient à cœur et nous voulons vraiment essayer à notre tour. Si personne ne bouge, on ne peut pas avancer ! 
   
    
Est-ce que vous y avez consacré tout votre temps depuis la genèse du projet ?
Non, je continue à travailler en parallèle en tant que graphiste free-lance. Mais depuis que j'ai commencé à parler du projet à mes clients, depuis un an et demi, quelques portes se sont fermées, chose que je peux comprendre, tandis que d'autres continuent de travailler avec moi. Les deux activités sont dissociées, sous deux boîtes différentes. Mais je me suis tout de même plus éloigné du manga ces dernières années. 
     
    
Comment s'est déroulée la rencontre avec Yumiko Igarashi ?
Depuis quelques années, Yumiko Igarashi a récupéré les droits de ses œuvres, et cherchait depuis longtemps à les exporter sur le marché français. Nous avons saisi cette opportunité et sommes rentrés en contact avec elle à l'occasion de sa venue à Japan Expo, en 2011. 
    
   
Yumiko Igarashi à Japan Expo 2011 (cf notre interview)
     
    
D'autres auteurs sont ils déjà prévus au sein de votre collection ?
Bien sur, nous ne sommes pas "Yumiko Igarashi manga" ! (rires)
Nous nous lançons avec elle par la force des choses, et aussi car ce sont des titres qui nous plaisent beaucoup. Nous avons déjà d'autres contacts avec des auteurs et éditeurs japonais, quelques projets sont déjà en discussion, mais nos interlocuteurs attendent déjà de voir le produit final de nos premiers titres pour donner leur aval. Ils évalueront ainsi la pertinence de notre démarche éditoriale.
    
    
Comment vous est venu l'idée de réunir manga et œuvre originale sous un même ouvrage ? Est-ce que ce format sera suivi sur vos prochains titres ? 
A la base, ce n'est pas ce que nous voulions faire, mais comme nous étions dans l'optique de réaliser des beaux livres en grand format, nous avons réfléchi à ce que nous pourrions rapporter en plus. Après avoir étudié quelques pistes, nous avons opté pour du contenu supplémentaire, et comme nos titres sont des adaptations de romans ou de pièces, le choix de mettre les originaux est finalement venu naturellement. C'est une idée qui aux yeux des distributeurs semble intéressante bien que difficile, et certains libraires hésitent déjà quant au placement du produit dans leurs rayons. S'ils le mettent à la fois côté manga et côté livre, c'est bien aussi ! (rires) En tous cas, c'est aussi quelque chose que nous voulions essayer.
  
Après, non, tous les titres ne seront pas sous ce format, qui reste réservé à ce segment particulier lié à la littérature. Certes, nous n'allons pas publier beaucoup de titres dans l'année, mais nous avons déjà d'autres collections en tête, d'autres lecteurs à atteindre. Cela viendra au fil du temps, sans forcément créer des labels particuliers. L'avantage d'être indépendant, c'est l'absence de pression pour sortir des titres tous les mois. Nous irons à notre rythme, en fonction des opportunités, des nouveaux centres d'intérêt qui s'offriront à nous.
    
    
A quoi ressemblera le produit fini ?
Nos titres auront un format assez proche d'un NonNonBâ chez Cornelius, par exemple, avec dos rond cousu, dorure et vernis sélectif sur la couverture, marque page en tissu,... Ce genre de produits me plait beaucoup, et nous voulions vraiment soigner nos ouvrages pour nos titres estampillés "vintage". Sur le domaine, on a vu que Glénat connaissait quelques difficultés en optant pour le format poche, mais qu'il a aussi fait un très joli coup en fin d'année avec 2001 Night Stories. Nous chercherons à notre tour à cibler un public plus mature, amateur de "beau livre", différent du lecteur de manga moyen, et qui peut se permettre d'investir dans nos titres. 
    
    
Pourquoi avoir opté pour des sorties aussi rapprochées sur vos deux premiers titres ?
Plutôt que de sortir Roméo et Juliette en le laissant ensuite esseulé en librairie et passé en rayon avant la sortie du suivant, nous voulions être présent en librairie de manière plus conséquente. Cela permettra de faire connaitre notre label, de rester exposés quelques temps,... Sans parler du bac de français qui arrivera peu après ! 
     
   
    
    
Comment le reste de l'année se profite-t-elle pour vous ?
Nous pensons sortir quatre, voire cinq titres sur 2013, en fonction des premiers résultats. Nous espérons publier notre prochain titre en juin-juillet, avec idéalement une mise en avant à Japan Expo. Il sera dans la même gamme, en restant dans une optique "vintage", mais il s'agira plutôt d'un shônen ou d'un seinen. Nous arrivons avec deux titres d'Igarashi, mais une fois encore, nous n'allons pas faire que du shôjo littéraire. Nous avons envie d'aller vers tous les genres, sans aller dans la précipitation non plus.
    
    
      
Remerciements à Karim Talbi pour cet entretien.