Little Cloud - Actualité manga

Interview de l'auteur

Publiée le Jeudi, 18 Août 2016

Pour leur première participation à Japan Expo, les éditions Kotoji proposaient le plus grand nombre d'invités asiatiques du salon, parmi lesquels Little Cloud. Très accessible et désireuse de communiquer et de partager son art, cette artiste aux multiples facettes, que nous avons récemment découverte avec Dragon Axiom, fut l'une de nos excellentes rencontres du salon, notamment lors d'une interview que nous avons pu obtenir, et dont voici le compte-rendu.



Merci, Little Cloud, d'avoir accepté cette interview ! Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir autrice de manhua ? Quelle formation avez-vous suivie pour ça ?

Little Cloud : Ce n'était pas vraiment ce que je voulais faire, ça s'est fait naturellement. Quand j'étais jeune j'aimais déjà beaucoup dessiner. J'aimais toutes sortes de dessins : aquarelles, sketchs, dessins de comics...

Au lycée, j'ai soumis mes dessins à un magazine de bande dessinée, ils m'ont acceptée et j'ai commencé ainsi.


Y a-t-il des auteurs en particulier qui vous ont marquée voire influencée ?

Quand j'étais jeune je regardais beaucoup de dessins animés, mais il n'y a pas d'auteurs ni d'oeuvres en particulier qui ont nourri mon envie de me lancer dans ce milieu. C'est plutôt l'ensemble de ce que j'ai vu et lu qui a influencé globalement ce choix.



Quelle est la genèse de Dragon Axiom ? Comment cet univers vous est venu en tête ?

Quand j'étais jeune, une chanson anglaise m'a fortement marquée : « Puff the Magic Dragon », qui raconte l'histoire d'un jeune garçon et d'un dragon qui deviennent très amis. Mais comme les dragons sont immortels mais pas les hommes, en grandissant le garçon a fini par se détacher du dragon, et ce dernier, par tristesse, s'est longuement réfugié et caché dans une grotte. C'est de cette chanson que vient l'origine de l'histoire de Dragon Axiom.

L'histoire de Dragon Axiom se différencier toutefois très vite. « Puff the magic Dragon » m'a simplement apporté l'idée de base. C'est en 2003, en partant au Canada, que j'ai pu m'imprégner de culture occidentale et que j'ai créé l'univers de mon manhua.


Comment avez-vous procédé pour imaginer les lieux les plus originaux, comme Bout-du-monde, cette île céleste d'où s'écoule une rivière, ou le Pays Eternel qui a des aspects un peu gothiques ?

Pour imaginer les lieux, je me suis inspirée de mes lectures. J'adore les romans fantastiques et de science-fiction.

J'ai également été marquée par la ville de Venise, qui vient apporter un mix.



Comment avez-vous imaginé les principaux personnages : Fenetten et Lacus ?

Les personnages sont un peu inspirés de personnes que je connais.

Pour Lacus et Fenetten, j'ai voulu créer deux personnages diamétralement opposés, que ce soit niveau caractère ou niveau personnalité.


La série offre des tenues, des vêtements très travaillés. Quelles ont été vos influences pour les concevoir ?

Mon objectif était de créer des tenues qui pourraient être portées par de vraies personnes dans notre monde réel. Je suis aussi un peu créatrice de mode, j'aime imaginer des vêtements.

Je mélange notamment les styles chinois et inspirés de la littérature fantastique.



La série se présente comme une sorte de quête initiatique, où les différentes rencontres vont permettre l'évolution du héros. Pour vous, est-ce que les rencontres sont primordiales pour pouvoir se forger dans la vie ?

Bien sûr. Dans Dragon Axiom, la rencontre entre Lacus et Fenetten a été très importante, ça l'a aidé à changer. Mais il n'y a pas que leur rencontre : il faut que tout leur voyage commun permette leur évolution.

Plus tard dans la série, Fenetten va découvrir un secret sur les dragons, et c'est surtout ça qui va le faire grandir. C'est quelque chose qui va être approfondi dans les tomes 4 à 6 de Dragon Axiom, donc dans la deuxième trilogie.


Dès le tome 1, que ce soit entre Fenetten et Lacus, ou entre Baxt et son compagnon, on a déjà des exemples très différents de la relation entre dragon et humain. Ce sont des relations qui dépassent le cadre des espèces. Est-ce que c'est un aspect que vous souhaitiez particulièrement faire ressortir ?

Quand j'écris mes livres, il y a pour moi deux choses qui sont très importantes. Premièrement, pouvoir permettre aux lecteurs d'apprécier la lecture en se plongeant dans un autre monde, par exemple pour les délasser d'une dure journée de travail. Et deuxièmement, créer des aventures, des conflits, des relations, des amitiés qui, au-delà de leur aspect fantastique, ressemblent à celles de notre monde, afin de  permettre aux lecteurs de s'identifier voire de réfléchir un peu sur le monde qui nous entoure.



Il vous a fallu dix ans pour concevoir Dragon Axiom. Pourquoi un tel laps de temps ? Y a-t-il eu des moments où vous avez connu des difficultés pour peaufiner votre oeuvre ?

S'il m'a fallu dix ans, ce n'est pas parce que je travaille lentement, mais à cause des marchés chinois et hongkongais.

J'ai commencé à publier la série dans un magazine chinois qui a ensuite cessé d'exister juste avant  la publication du dernier chapitre. J'ai donc choisi ensuite de publier les trois tomes en livres pour apporter une fin aux lecteurs.

Puis plus tard, un autre magazine, cette fois-ci hongkongais, m'a contactée pour savoir si j'avais envie de continuer la série, et c'est là que j'ai conçu le contenu des tomes 4, 5 et 6.


Justement, pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette deuxième trilogie ?

Je n'étais pas totalement satisfaite de la fin de la première série, car la disparition du magazine m'avait obligée à accélérer la conclusion. J'avais dû omettre certains détails, laisser en suspens certaines explications, et c'est pour ça que j'ai décidé de rependre l'histoire.

Mais c'est aussi parce que certains lecteurs voulaient en savoir plus et m'ont demandé de continuer. Merci à eux ! A l'époque je travaillais comme créatrice de mode, et c'est seulement en rentrant chez moi le soir que je pouvais continuer Dragon Axiom.

Ces tomes se consacrent surtout au passé de Fenetten et de Lacus, mais aussi à leur futur après la fin du troisième tome.



Quels outils utilisez-vous pour dessiner ?

Je dessine à la main, il n'y a rien de numérique à la base. J'utilise un stylo avec une pointe très fine. Les couleurs sont faites à l'aquarelle.

Aujourd'hui, de plus en plus de manhuajia utilisent l'outil numérique pour dessiner, mais personnellement je préfère toujours le contact avec le papier. Et puis je trouve que travail sur papier est plus facile, alors que l'ordinateur m'épuise vite.


Un grand merci à Little Cloud, à son interprète, et aux éditions Kotoji qui ont rendu possible cette rencontre !
  
Mise en ligne le 18/08/2016.