HONG Ki-woo - Actualité manga

Interview de l'auteur

Hong Ki-woo est le dessinateur de The Swordsman, une bande dessinée coréenne publiée aux éditions Booken. Pour l’éditeur, ce fut la première fois qu’un de ses auteurs vient à Paris Manga & Sci-Fi. Assez stressé au départ, Hon Ki-woo s’est détendu au fil de l’interview et était très heureux de communiquer son expérience au public français. Nous avons le plaisir de vous faire partager ce court moment, qui s’est terminé par une dédicace.

   


Quel a été votre parcours pour devenir dessinateur ?
Quand j’étais au lycée, un ami à moi est devenu apprenti de Park Jin-Hwan, l’auteur de The Breaker. Quand il est parti pour l’armée, je l’ai remplacé pendant cinq ans. Ensuite, j’ai rencontré le scénariste de The Swordsman: Lee Jae-Hun. C’est comme ça que tout a commencé pour moi. Avant The Swordsman, Inzac était juste un essai.




Inzac est votre première série, pouvez-vous nous en parler ?
Inzac est basé sur une philosophie orientale selon laquelle la meilleure place est celle située derrière un fleuve et devant une chaîne de montagnes. Deux camps s’affrontent, contre ou pour cette philosophie. Inzac me fait rire, car cette série a fait un flop !


Comment se passe votre collaboration avec LEE Jae-hun ? Proposez-vous des idées pour le scénario ?
Lee prépare un script détaillé des mouvements, comme un théâtre. Il le passe à l’éditorial qui le valide, et ensuite, c’est moi qui fais tout le dessin. Notre principe est de ne pas s’immiscer dans les affaires de l’autre. On a d’ailleurs chacun notre atelier. Mais ça m’arrive tout de même de me battre avec Lee, car il y a des points sur lesquels nous ne sommes pas du tout d’accord !


The Swordsman est basé sur des faits historiques. En Corée, que représente le héros de votre histoire ?
On avait pour ambition de mettre en avant un personnage réel qui a existé, car en Corée, on n’a pas encore de personnage mis en avant comme Miyamoto Musashi de Vagabond. On n’a jamais mis en avant de personnages d’arts martiaux. Ici, notre héros faisait partie d’une équipe royale d’art martial. Je voulais aussi parler des hiérarchies de l’arme, avec l’arche et le sabre par exemple. Je trouve qu’on n’en parle pas assez dans les livres d’arts martiaux. Pour les détails de costumes, je les cherche sur internet et dans les musées. Pour les monuments et bâtiments, j’ai visité les palais.


The Swordsman est adapté en drama et diffusé en 2011. Avez-vous participé à cette adaptation ? Qu’en pensez-vous ?
Au départ, The Swordsman a été réalisé dans le but d’être adapté en série télévisée ! Ça s’est passé plus rapidement qu’on le prévoyait. Le problème, c’est que je n’ai pas eu le droit de participer à cette série. L’histoire de base ne change pas, mais je n’ai aucun droit d’intervenir. Comme tout le monde, je découvre l’adaptation sur ma télévision ! J’ai eu un peu peur que l’histoire change, ce qui est arrivé. Mais globalement, je suis satisfait du travail effectué.




L’éditeur Deawon est très reconnu dans votre pays. Comment se passe le travail ?
Au niveau de la date limite, j’ai quinze jours pour dessiner. Pendant trois jours, je mets en place des croquis, puis pendant cinq jours je dessine avec du crayon, les trois jours suivants je dessine avec des feutres, et les derniers jours je termine avec les détails, je finalise le décor.
Avec Deawon ça se passe très bien, même si notre relation se limite uniquement au professionnel.
Il faut savoir que le magazine qui publie The Swordsman est plutôt destiné aux lecteurs collégiens et lycéens. Je m’autocensure alors pour les scènes de violence et de sexe ; je n’ose pas les dessiner.


The Swordsman est publié dans le même magazine que Naruto et One Piece, en Corée. Que ressentez-vous vis-à-vis de cela ?
Je suis très content, car je suis fan de ces mangas. Et puis ça aide pour vendre ! Donc forcément, je suis ravi d’être dans le même magazine qu’eux !
Je suis un grand fan d’Adachi Mitsuru, je suis fan des dessins de Takeshi Obata ! Et je n’oublie pas non plus M. Park, l’auteur de The Breaker, un très grand scénariste !


A votre avis, quelle est la différence entre le manga et le manhwa ?
Je ne vois pas vraiment de différence. La seule grande différence serait les bases culturelles qu’auraient les deux pays. Malgré tout, il y a le système de prépublication qui n’est pas le même. Au Japon, c’est très serré : les auteurs japonais sont surveillés par les agents éditoriaux. En Corée, il y a un respect mutuel. Les agents n’osent pas réellement bouleverser notre travail.




Qu’avez-vous ressenti lorsque vous aviez appris que votre manhwa allait être publié en France ?
J’étais très content, mais en même temps très surpris et très étonné. Car la France nous paraît tellement lointaine pour nous Coréens ! Je suis très angoissé et stressé à l’idée de rencontrer mes fans. Mais je suis très content, car les Français respectent les auteurs de manga, contrairement en Corée et au Japon (rires).


Remerciements à Hong Ki-Woo et aux éditions Booken.